Projet de rachat de Tipiak : en Loire-Atlantique, des salariés sur leurs gardes (OF.fr-27/11/23)

Pauline Madiot et Melinda Neveu, respectivement déléguée syndicale CGT à l’usine Tipiak de Saint-Herblain et déléguée syndicale CGT sur le site de Saint-Aignan-de-Grandlieu. Elles attendent de rencontrer la direction de Terrena pour connaître les projets du groupe pour Tipiak.

Le 27 octobre, Terrena, le groupe coopératif agricole d’Ancenis, a annoncé son projet de rachat de Tipiak, le spécialiste du surgelé et des plats traiteur. À Saint-Herblain et Saint-Aignan-de-Grandlieu, le syndicat CGT se dit inquiet et attend une rencontre avec la direction de Terrena

Par Agnès MÉTAYER.

Qu’il y ait du nouveau chez Tipiak, ces deux salariés s’y attendaient. En revanche, « une coopérative agricole et les deux familles qui partent, ça nous a surprises », racontent Melinda Neveu, déléguée syndicale CGT à l’usine de Saint-Aignan-de-Grandlieu, et Pauline Madiot, déléguée syndicale CGT à l’usine de Saint-Herblain.

Retour sur le 27 octobre : le groupe coopératif d’agriculteurs, Terrena, basé à Ancenis, annonce des « négociations exclusives » en vue de racheter 100 % des parts de Tipiak, fabricant de plats cuisinés surgelés et de produits traiteur-pâtissier. D’ici le premier semestre 2024.

Pour les 1 247 salariés répartis dans sept sites (1), c’est un coup de tonnerre. « On était un groupe familial depuis plusieurs générations, estime Pauline Madiot. C’est encore artisanal chez nous : dans certaines usines, on travaille à la poche à douille ! »

À l’origine de Tipiak, deux familles : les Groult, qui créent la Maison Groult, spécialisée dans les féculents, en 1830, à Paris ; les Billard, qui fondent, à Nantes, en 1879, leur entreprise, axée sur le tapioca, le riz. En 1967, les deux fusionnent en une même entité, Tipiak, chaque famille possédant 35 % des parts du groupe. En dehors de l’entrée en bourse en 1988, rien n’avait changé.

Cette annonce secoue d’autant plus les salariés que le PDG, Hubert Grouès, qui possède 8 % des parts, sera remplacé, en 2024, par le directeur général, Jean-Joseph Schiehlé. Le grand patron, qui est, pour l’anecdote, le neveu de l’abbé Pierre, est aux commandes du navire Tipiak depuis 1992. « Ça fait quand même beaucoup de changements », considère Melinda Neveu.

L’usine de Saint-Herblain au ralenti

Ces bouleversements interviennent également au moment où l’activité de Tipiak tourne au ralenti. « Cela fait six mois qu’on produit moins, note Pauline Madiot. Pourtant, à Saint-Herblain, où l’on fabrique des pains surprise, cela devrait être le coup de feu. »

Baisse de production également à l’usine de Pontchâteau. Pourtant, Tipiak a investi, il y a trois ans, dans une nouvelle ligne de production pour les macarons, mais « le groupe a perdu l’un de ses plus gros marchés avec le distributeur américain Costco », explique Pauline Madiot. Des salariés de Pontchâteau vont d’ailleurs être affectés temporairement à l’usine de Malville.

Ce ralentissement de l’activité, dont témoignent ces salariées, est évoqué dans le dernier rapport financier publié par Tipiak, le 29 septembre 2023. Dans ce document, le résultat opérationnel, au premier semestre 2023, ressortait négatif, avec une perte de 3,6 millions contre 790 000 € à la même période en 2022. Soit quatre fois plus. Un chiffre que relativisait la direction de Tipiak, estimant qu’il était « peu significatif en raison de la forte saisonnalité de l’activité ». Même topo du côté des ventes semestrielles, en retrait de 2,4 %, ou du chiffre d’affaires, qui diminue de 0,3 % par rapport à 2022.

Ce premier semestre très contrasté n’est pas sans inquiéter le syndicat CGT, majoritaire dans le groupe. « Il y a 782 salariés à Pontchâteau, Malville, Saint-Herblain et Saint-Aignan. Qu’est-ce qu’on va devenir dans une coopérative de 12 366 salariés ? », s’interrogent les deux syndicalistes. Ce qu’elles craignent le plus ? « Des plans sociaux. »

Mais d’autres questions affluent. : « Les sites seront-ils maintenus ? La production va-t-elle changer ? Des investissements sont-ils prévus ?, égraine Melinda Neveu. On est dans le flou. »

Du côté de Terrena ou de Tipiak, les directions se refusent à tout commentaire.

Avant la fin de l’année, les délégués syndicaux de Tipiak doivent rencontrer la direction de Terrena. Avec circonspection : « On a l’impression qu’on nous laisse tomber. On ne va pas se réjouir d’être repris. On reste sur nos gardes. »

(1) Tipiak possède sept sites à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, Malville, Pontchâteau, Saint-Herblain, Pont-l’Évêque (Calvados), Fouesnant (Finistère) et Marans (Charente-Maritime).

Source; https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/projet-de-rachat-de-tipiak-en-loire-atlantique-des-salaries-sur-leurs-gardes-1756c764-8aaf-11ee-8574-017bb85f3fb1

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/projet-de-rachat-de-tipiak-en-loire-atlantique-des-salaries-sur-leurs-gardes-of-fr-27-11-23/

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