Les automobilistes qui passent, le samedi, par le giratoire de Pen ar C’hleuz, à Brest, ont vu fleurir des pancartes, depuis quelques semaines, posées par des gilets jaunes, mais pas seulement.
« Nous sommes revenus début février 2022 sur le rond-point de Pen ar C’hleuz, à Brest. Au départ, nous n’étions que deux », raconte Jean-Michel qui a rallié le mouvement des gilets jaunes dès le début, en novembre 2018. « J’ai même manifesté sur les Champs-Élysées. J’ai été blessé, j’ai dû recevoir des points de suture ». Une dizaine de personnes l’entoure, tous ne se revendiquent pas des gilets jaunes.
« On veut moins de précarité »
« Certains samedis, nous sommes 20 à 30 réunis ici. Il y a de tout parmi nous, des gilets jaunes, des résistants, des vaccinés et des non-vaccinés. C’est le peuple brestois. Notre point commun, c’est la colère face à la perte de pouvoir d’achat. On veut la démocratie, pas la dictature ; nous sommes contre le gouvernement. Les étiquettes politiques ne comptent pas. On demande moins de précarité pour les Français et moins de salaires pour les ministères », détaillent les manifestants.
« Macron a vendu aux Américains Alstom, que l’on rachète par petits bouts aujourd’hui, et maintenant, il recommence avec EDF, dont le nouveau P-DG a participé à la vente d’Alstom. C’est grave, c’est une trahison », veut dénoncer Rozenn.
« Certains nous traitent de cas sociaux »
Pour les quatre ans des gilets jaunes, Jean-Michel a envoyé à la sous-préfecture une déclaration pour qu’ils puissent être présents du samedi 10 h au dimanche 18 h, le week-end des 19 et 20 novembre. « Nous voulons passer la nuit ici pour cet anniversaire des gilets jaunes ».
La présence de ces manifestants est diversement perçue par les automobilistes. Un bon nombre klaxonne pour marquer son soutien, quand d’autres sont insultants en parole ou en geste. « Certains baissent leur vitre pour nous traiter de cas sociaux et nous dire d’aller travailler. Dans le groupe, il y a une majorité de retraités, hélas des chômeurs mais aussi des gens qui travaillent et des étudiants », réagit Michaela. « Moi, j’ai travaillé ce matin avant de venir ici ! », confirme une manifestante.
« On ne veut pas de débordement »
Une tente est installée pour se protéger de la pluie et de nombreux panneaux sont plantés en bordure de route. Parfois des distributions de tracts ont lieu, comme lors de la dernière élection présidentielle. « On ne veut pas de débordement, on ne bloque pas la circulation, on ne se met pas en danger et on ne met pas en danger les gens », assure Michaela.
« Nous avons même acheté une sono pour faire des discours. Une fois par mois, on veut aller à Morlaix, mettre en place des échanges entre Brest et Morlaix. Sous notre tente, nous acceptons tout le monde à partir du moment où il y a du respect. On offre le café. Dès le début, en février, nous avons mis en place des règles : pas d’alcool, pas d’insultes, pas de racisme, pas question de taper sur les voitures comme au début du mouvement », ajoute Jean-Michel qui est aussi administrateur du groupe Facebook Citoyens résistants gilets jaunes Brest 29.
Auteur : Catherine Le Guen