Par Nathalie HAMON
Condamnés aux assises de Loire-Atlantique en 2022 pour des violences aggravées, la nuit de l’élection d’Emmanuel Macron, à Nantes, quatre hommes, proches en 2017 de mouvements nationalistes, seront jugés, en appel, à Vannes (Morbihan), entre lundi 18 et vendredi 22 septembre 2023.
En mars 2022, devant les assises de Loire-Atlantique, une femme espérait que le procès permettrait à son petit-fils et son copain de « se reconstruire ». Près d’un an et demi s’est écoulé. Steven Dardenne et Erwan David, reconnu handicapé depuis les faits, se retrouveront à nouveau assis sur les bancs de la partie civile, durant cinq jours, dès lundi 18 septembre 2023, à quelques mètres de quatre accusés. Un cinquième homme, absent, est mort accidentellement, le 31 juillet 2020. « On voudrait que ça se termine, c’est une longue épreuve pour nous », exprime aujourd’hui Steven Dardenne, 22 ans.
« Un coup de pied fort comme un penalty »
Le 8 mai 2017, alors qu’ils rentraient à vélo, les deux amis, alors âgés de 16 et 18 ans, sont tombés dans un guet-apens à hauteur de l’arrêt de tramway Du Chaffault. Ils ont manifesté en ville, au cours de la soirée du second tour de l’élection présidentielle, victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen.
Dans une Peugeot 106 vert foncé, cinq hommes sont énervés. L’un d’eux s’est fait courser, dans la soirée, dans les rues de l’hypercentre, par des antifas, militants se réclamant de l’antifascisme et s’opposant à l’extrême droite. Les cinq occupants de la voiture sont, à l’époque, engagés dans des groupes ou des mouvements nationalistes et royalistes, tels que l’Action française, le Renouveau français ou le Groupe union défense (GUD), cette organisation étudiante d’extrême droite au nom de laquelle ils ont pu manifester et user de violences.
L’un d’eux croit soudain reconnaître les deux cyclistes. Steven Dardenne et Erwan David sont interceptés, aux environs de minuit et demi. La suite est un déferlement de violences. Les coups pleuvent, « un coup de pied fort comme un penalty » est envoyé dans la tête d’Erwan David. Passé très près de la mort, il conserve d’importantes séquelles neurologiques.
Ancien responsable du GUD Bretagne
Les quatre accusés, âgés aujourd’hui de 25 ans, pour trois d’entre eux, et de 34 ans, pour le quatrième, avaient comparu libres, en mars 2022. Tous avaient été condamnés pour des violences aggravées.
À l’issue du verdict, le trentenaire, qui conduisait la Peugeot 106, et un autre accusé de 25 ans avaient été considérés responsables de l’infirmité permanente d’Erwan David. Avec des peines de huit et six ans de prison ferme, ils avaient été conduits en prison. Resté en détention provisoire, le plus jeune des deux sera le seul à être jugé détenu, à Vannes. Les deux autres accusés, qui avaient 18 et 19 ans à l’époque des faits, avaient été condamnés à trois ans de prison avec sursis probatoire.
Ancien co-fondateur et responsable du GUD Bretagne, l’aîné du groupe, considéré comme le leader de l’expédition punitive à connotation politique, a depuis été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Il est le seul accusé à avoir fait appel. Le parquet de Nantes a fait de même. Un « appel incident » qui a des conséquences : les trois autres hommes condamnés sont eux aussi rejugés et tous sont susceptibles de voir leur peine aggravée.
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