Que retenir des élections générales à Taïwan (PersCom-16/01/24)

La victoire de Lai Ching-te pour les élections présidentielles taïwanaises est à relativiser par sa défaite parlementaire pour renouveler le Yuan. Il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus pour les libéraux et les pro-indépendances de Taïwan. (Article et traduction Nico Maury)

Les résultats définitifs des élections générales taïwanaises, organisées samedi 13 janvier, ont donné la victoire à Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), il devrait devenir le prochain Président de la « République de Chine » (Taïwan). La victoire électorale est relative, car il n’a pas obtenu la majorité des votes populaires.
Les élections présidentielles donnent une large avance à Lai Ching-te avec 40,05% des voix. Un recul de 17.08 points par rapport à 2020 où Tsai Ing-wen du Parti démocrate progressiste (pro-indépendance de Taïwan) s’était largement imposée avec 57,13% des voix. Son parti est battu lors des élections législatives et termine à la seconde place derrière le Kuomintang. Le DPP remporte 51 sièges (-10) et perd la majorité.
Hou Yu-ih, du Kuomintang (Nationalisme chinois), prend la seconde place avec 33,49 % des voix contre 38,61 % pour le KMT en 2020 (-5.12). Cependant, le KMT s’impose comme première force au parlement avec 52 sièges (+14). Malheureusement pour lui, il ne décroche pas de majorité (57 sièges nécessaires).
Enfin, Ko Wen-je du Parti populaire taïwanais (TPP, parti qui se positionne pour développer de bonnes relations avec Beijing), remporte la dernière place avec 26,46 % des voix et son parti remporte 8 siège au parlement (+3). Le bipartisme à Taïwan est ainsi chamboulé par l’irruption du Parti populaire taïwanais.
Toutes les autres formations politiques sont balayées. La perte de la majorité législative pour les pro-indépendances va peser dans les choix politiques et stratégiques de Lai Ching-te. Même si Lai peut agir indépendamment du corps législatif pour nommer un Premier ministre et un cabinet, il devra dépendre des législateurs pour adopter des projets de loi et pour résoudre les questions liées au détroit de Taïwan.
Le KMT et le TPP ont mené des campagnes visant à maintenir des relations pacifiques avec la République Populaire de Chine. Le DPP se retrouvera seul dans la poursuite de sa politique conflictuelle contre la Chine
La colistière et vice-présidente élue de Lai, Hsiao Bi-khim, est une ancienne diplomate qui a développé une longue histoire avec des groupes séparatistes locaux et étrangers. Elle incarne une faction du DPP favorable à l’indépendance de Taïwan, en faveur d’un changement constitutionnel afin de se débarrasser de son identité de « République de Chine ».
Elle est l’une des responsables ayant orchestré les visites de principaux responsables américains, notamment l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi en 2022, et était l’un des sept responsables à être inscrits sur la liste noire et sanctionnés en tant que sécessionniste par la République Populaire de Chine. Son mandat en tant que représentante de Taïwan aux États-Unis (2020-2023) est marqué par d’importantes ventes d’armes étasuniennes à Taïwan, pour un montant de 10,2 milliards de dollars.
D’un autre côté, Taïwan continue de perdre ses dernières reconnaissances diplomatiques. Lundi 15 janvier, Nauru, nation du Pacifique, a annoncé qu’elle romprait ses liens avec Taïwan et rétablirait ses liens avec la République Populaire de Chine. Ce revers ramène à 12 le nombre de gouvernements reconnaissant encore Taïwan comme représentante officielle de la Chine.

Source: https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Que-retenir-des-elections-generales-a-Taiwan_a16414.html

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