Les deux dernières frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabalia ont tué 195 personnes et horrifié le monde entier.
Les frappes aériennes israéliennes ont visé le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, pendant deux jours consécutifs, mardi et mercredi. Selon le ministère de la santé de Gaza, 195 Palestiniens ont été tués et 777 autres blessés lors de ces deux frappes.
L’attaque du camp s’inscrit dans le cadre de l’invasion terrestre de la bande de Gaza par Israël et d’une série de frappes aériennes aveugles qui ont tué 9 061 Palestiniens, dont 3 760 enfants.
Le camp de réfugiés de Jabalia est le plus grand des huit camps de réfugiés de la bande de Gaza, avec une population de 116 011 personnes vivant dans une zone de 1,4 kilomètre carré, ce qui en fait l’une des zones les plus densément peuplées de la bande de Gaza.
Selon l’ONU, il abrite actuellement de nombreuses installations de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), dont 26 écoles, un centre de distribution alimentaire, deux centres de santé, deux bureaux de secours et de services sociaux, une bibliothèque, sept puits d’eau et un bureau d’entretien et d’assainissement.
Malgré l’aide de l’UNRWA, avant la guerre, le camp a souffert de coupures d’électricité, d’un approvisionnement en eau contaminée qui rendait 90 % de l’eau du camp impropre à la consommation et du manque de matériaux de construction.
Il a été créé à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948 et de la Nakba qui en a résulté. Les réfugiés ont fui toute la Palestine vers la bande de Gaza et se sont installés à Jabalia et dans les sept autres camps de réfugiés : al-Shati, Bureij, Deri el-Balah, Khan Younis, Maghazi, Nuseirat et Rafah.
Le camp a également été le lieu du déclenchement de la première Intifada en 1987 par les Palestiniens contre l’occupation israélienne. Il a ensuite été déclaré « zone militaire fermée » par Israël.
Sa proximité avec le poste-frontière d’Erez et la frontière israélienne fait que le camp de Jabalia a toujours été attaqué par Israël, une frappe aérienne sur une école de l’ONU à l’intérieur du camp ayant tué 20 personnes pendant la guerre de Gaza de 2014.
Depuis le début de la guerre actuelle, le camp de Jabalia a été touché par des frappes aériennes israéliennes à six reprises, notamment les 9, 12, 19 et 22 octobre, en plus des deux frappes meurtrières de mardi et mercredi.
Les frappes aveugles, ainsi que l’ordre israélien d’évacuer le nord de la bande de Gaza, ont poussé des centaines de milliers de personnes à fuir vers le sud.
Cependant, de nombreux habitants du nord ont également fui les environs de la ville de Gaza pour se réfugier dans le camp de réfugiés de Jabalia, y compris ceux de Beit Hanoun et Beit Lahia, près de la frontière israélienne, qui ont trouvé refuge dans les écoles de l’UNRWA.
D’autres personnes ont dû se réfugier chez des membres de leur famille dans le camp.
Mohammed Abu Oda, un résident déplacé de Beit Hanoun, a déclaré à The New Arab qu’il avait perdu six membres de sa famille lors des frappes israéliennes sur le camp.
Il a déclaré que « le camp est la capitale du nord de Gaza », pleine de vie malgré les bombardements dans toute l’enclave, avec des enfants jouant dans les rues « pour se défaire de leurs angoisses ».
Mais il a ajouté que Jabalia était devenue une ville fantôme, les rues étant désertées ; [ses habitants craignant] de nouvelles frappes israéliennes.
Avec l’avancée d’Israël dans la bande de Gaza, les habitants peuvent désormais entendre les violents affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas qui se déroulent autour d’eux.
Une source de sécurité proche du Hamas a déclaré à The New Arab qu’« Israël a délibérément attaqué le camp de réfugiés car il abrite la plupart des dirigeants, non seulement du Hamas mais aussi d’autres factions armées ».
Toutefois, il a ajouté qu’au lieu de tuer des combattants du Hamas lors de la frappe, ce sont les militants qui ont tué des « dizaines » de soldats israéliens lors des récents combats.
« Les soldats savent très bien que Jabalia est leur cimetière et qu’ils ne pourront pas s’en emparer facilement, c’est pourquoi ils le bombardent en permanence avec des avions, pensant qu’ils pourront le prendre d’assaut par voie terrestre. »
Les Nations unies ont averti mercredi que « compte tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions à la suite des frappes aériennes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabalia, nous craignons sérieusement qu’il s’agisse d’attaques disproportionnées qui pourraient constituer des crimes de guerre ».
Selon une enquête photographique du Guardian, des experts en armement ont déclaré que les cinq cratères laissés dans le camp par les frappes de mardi ont été causés soit par des munitions d’attaque interarmées multiples (JDAM), soit par des unités de bombes guidées (GBU), deux kits de bombes guidées utilisés pour les frappes ciblées.
Les experts qui ont parlé aux journalistes de The Guardian ont déclaré que l’ampleur des destructions signifie qu’il sera difficile pour Israël de justifier ces frappes.
Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, s’est déclaré « consterné par le nombre élevé de victimes à la suite du bombardement par Israël du camp de réfugiés de Jabalia ».
Source originale: https://www.newarab.com/news/gaza-why-was-jabalia-refugee-camp-hit-twice-israel -traduction AFPS,
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/que-sait-on-du-camp-de-refugies-de-jabalia-bombarde-a-deux-reprises-par-israel-francepalestine-org-3-11-23/