Lors du conseil municipal de Brest (Finistère) du 15 octobre 2024, la Ville a annoncé qu’une rue du quartier de Lambézellec portera bientôt le nom de Jeanne Bohec. Mais qui était-elle et quels liens entretenait-elle avec Brest ? Portrait de cette Française libre, partie du port de commerce, un certain 18 juin 1940.
Jeanne Bohec, née dans la Manche, a vécu dans le quartier Recouvrance de Brest (Finistère) une partie de son enfance. Avant la Seconde Guerre mondiale, cette fille de marin étudie les mathématiques. En 1940, elle plaque tout pour contribuer à l’effort de guerre, en prenant un poste à la poudrerie du Moulin-Blanc.
Le 18 juin 1940, devant l’arrivée imminente des Allemands à Brest, elle prend la décision de partir. Elle se rend au port de commerce pour embarquer sur un navire direction l’Angleterre.
Fabrication d’explosifs
Mais sur place, la France Libre du Général de Gaulle, fraîchement créée, n’accepte pas encore les femmes. Jeanne Bohec s’engage alors parmi les premières au sein du Corps des volontaires françaises (CVF).
Elle est ensuite affectée aux services secrets du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), pour former les agents en partance en France, au maniement et à la fabrication d’explosifs pour le sabotage. Motivée, c’est encore elle qui se porte volontaire pour être parachutée en France, afin de servir d’instructrice au sabotage en territoire occupé. Elle suit une formation et fin février 1944, elle effectue son baptême de l’air, au-dessus de la France occupée.
Parmi les rares femmes parachutées en France occupée
Elle rejoint la Bretagne et se met au service du Délégué militaire régional (DMR), qui organise la résistance armée dans la région. C’est à bicyclette, que Jeanne Bohec va parcourir le Morbihan et les Côtes-d’Armor pour instruire les maquisards et résistants.
Très peu de femmes se sont vues confier cette mission, et Jeanne Bohec l’a accomplie, avec ferveur et réussite.
Dans le Morbihan, elle rencontre Mathieu Donnart et Paul Fonferrier, chefs des Forces françaises de l’intérieur (FFI) du Finistère. Elle les suit pour dispenser à Quimper, des cours de sabotage. Elle devait également se rendre à Brest pour en faire de même, lorsqu’une vague d’arrestations touche la Cité du Ponant, l’empêchant de revenir à son point de départ de France, quatre ans auparavant. Lors de la bataille de Saint-Marcel (Morbihan), elle veut se battre arme à la main, mais on le lui refuse, car elle était une femme.
Plusieurs distinctions pour honorer son courage
À son retour dans la vie civile, Jeanne Bohec enseigne les mathématiques et rédige ses mémoires dans les années 1970, dans un livre au nom évocateur : La plastiqueuse à bicyclette. Ce parcours remarquable fut honoré par les plus hautes distinctions : Officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre national du Mérite, Croix de guerre 1939-1945 et médaille de la Résistance française. « J’ai eu la chance de pouvoir prendre part à la lutte et de passer à travers tous les dangers », avait-elle déclaré.
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