Qui est le Jarl, l’influenceur d’extrême droite dont les vigiles ont frappé des participants d’une free party à Rennes ? (H.fr-10/03/25)

De son vrai nom Yovan Delourme, le Jarl est le chef de l’équipe des agents de sécurité privés de la boîte de nuit 1988. Il est connu pour ses vidéos dans lesquelles il prône la violence comme résolution des conflits.
© photoPQR/Le Télégramme/Claire Staes

Des participants d’une free party organisée dans un cinéma désaffecté, dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 mars, ont été délogés, gazés et frappés par le service de sécurité d’une boîte de nuit. À sa tête, « le Jarl », un influenceur d’ultradroite.

Par Florent Le DU.

Les vidéos rappellent les pires scènes de violences policières. Des personnes marchant sans menace gazées à bout portant, des visages écrasés au sol, des poursuites aux cris de « cours, fillette »… Or ces méfaits, filmés dans le quartier Colombier à Rennes (Ille-et-Vilaine), dans la nuit de samedi à dimanche, n’ont pas été commis par les forces de police se livrant à des bavures, mais par des agents de sécurité privés de la boîte de nuit 1988.

Le chef de cette milice est surnommé « le Jarl » (traduction de chef de guerre en scandinave), connu pour ses vidéos dans lesquelles il prône la violence comme résolution des conflits. De son vrai nom Yovan Delourme, il a également été suppléant d’un candidat Reconquête aux législatives de 2022.

« Les agents du Jarl bloquaient une entrée, empêchant d’évacuer des camarades qui s’étaient évanouis »

À l’origine de ces violences, une free party, également surnommée « fête antifasciste », organisée (sans autorisation) dans l’ancien cinéma Cinéville, aujourd’hui désaffecté. Vers 1h30 du matin, une centaine de personnes sont dans l’enceinte quand les vigiles du club 1988, situé à proximité, entrent dans la salle.

Une vidéo de neuf minutes, publiée par le Jarl lui-même, montre que ses agents ordonnent, bombe lacrymogène au poing, aux fêtards de quitter les lieux. Ce n’est que dans un second temps, selon plusieurs témoins, que la police serait intervenue.

« À un moment, les agents du Jarl bloquaient une entrée, empêchant d’évacuer des camarades qui s’étaient évanouis », affirme un membre du syndicat étudiant antifasciste Union pirate, qui a diffusé de nombreuses vidéos. L’influenceur – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – assure que ce sont les policiers qui sont responsables du gazage. Ce que les concernés démentent, affirmant n’avoir fait l’usage de lacrymogènes qu’à l’extérieur, comme l’exige la loi.

Les vidéos, y compris celle publiée par le Jarl, montrent que des participants à la free party ont ensuite été poursuivis, gazés et frappés sur la place où se trouve le club 1988. Dimanche 9 mars, face à une polémique montant sur les réseaux sociaux, Europe 1, radio du groupe Bolloré, a offert à cet influenceur d’extrême droite trente minutes d’antenne pour donner sa version des faits sans contradiction : « Les jeunes ont commencé à lancer des canettes (…). On s’est fait attaquer littéralement. » L’Union pirate réfute cette version, qu’aucune vidéo ne corrobore. Quoi qu’il en soit, la prétendue riposte des agents de sécurité apparaît disproportionnée.

Un feu vert aux milices privées ?

D’autres infractions semblent également manifestes : l’usage irrégulier du gaz lacrymogène ; l’absence de tenues réglementaires et de numéro d’identification individuel sur certains vigiles ; la confiscation temporaire de téléphones… Surtout, ces violences sont intervenues en dehors du périmètre dans lequel les agents sont autorisés à intervenir. C’est en milice privée qu’ils ont agi, sur la voie publique.

C’est sur ces fondements que la députée FI Marie Mesmeur a déposé des signalements auprès du procureur de la République, du Défenseur des droits et du Conseil national des activités privées de sécurité. « Si l’État ne répond pas de manière adéquate à cette violence, cela enverrait comme message que des milices peuvent se constituer et agir comme elles le veulent dans les rues », s’inquiète l’élue.

Alors que les groupuscules fascistes violents grossissent en France ces dernières années, que certains cherchent à se substituer à la police, cet épisode devrait constituer une grave alerte pour les pouvoirs publics. Prompt à commenter l’actualité, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’avait pas réagi à l’heure où nous écrivions ces lignes.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/extreme-droite/qui-est-le-jarl-linfluenceur-dextreme-droite-dont-les-vigiles-ont-frappe-des-participants-dune-free-party-a-rennes

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/qui-est-le-jarl-linfluenceur-dextreme-droite-dont-les-vigiles-ont-frappe-des-participants-dune-free-party-a-rennes-h-fr-10-03-25/

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