
Club de quartier évoluant en Régional 2, Quimper Ergué-Armel est le seul de la troisième ville bretonne encore en lice au sixième tour de la Coupe de France, en ce week-end du 26 et 27 octobre. Une situation qui en dit long sur les maux du football quimpérois et son passé glorieux.
Par Jérémy PROUX et Dylan Le MEE.
Parmi les bonnets d’ânes français
Les mots viennent à manquer pour décrire l’état du football quimpérois. Troisième ville de Bretagne (63 000 habitants) derrière Rennes et Brest, la préfecture du Finistère ne compte pas un seul club au-dessus de la septième division du football français (Quimper KFC et Quimper Ergué-Armel évoluent en R2).
À titre de comparaison, Saint-Brieuc (44 000 habitants), qui a aussi connu un club en D2 (1993-1997) comme Quimper, compte aujourd’hui le Stade Briochin en National 2 et deux clubs de quartier en Régional 1 (Ginglin Cesson et le CO Briochin). La 86e ville française en nombre d’habitants se joint donc aux dix-sept autres villes du Top 100, en compagnie d’Aix-en-Provence, Tours, Limoges ou encore Perpignan et Mulhouse, ne possédant pas un club de foot au niveau national.
Les fantômes du passé
Pour le comprendre, il faut faire un bond dans l’histoire. Le football a connu ses heures de gloire à Quimper. Le feu Stade quimpérois (aujourd’hui Quimper Kerfeunten) c’est seize saisons de D2 (entre 1974 et 1990) dont une qui a failli se ponctuer par une montée en D1 (1989, année de la montée de Brest Armorique).
Depuis c’est deux dépôts de bilan (1990 et 1997), une succession de présidents qui n’avaient pas le réseau financier à la hauteur de leurs ambitions et donc la descente aux enfers. Le club est même tombé jusqu’en R3 (2016/2017) malgré quelques sursauts en CFA et CFA 2 et la présence de Riyad Mahrez (2009-2010). Et oui les jeunes, vous ne rêvez pas !
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Une guerre de clocher empêche également la naissance d’un club phare et empoissonne toujours la vie footballistique quimpéroise en 2024. Elle prend racine dans l’histoire de la ville. Étymologiquement, en Breton Kemper signifie confluent. Elle a été bâtie à la confluence de l’Odet du Steir et doit l’extension de son territoire à l’annexion de Kerfeunteun, Ergué-Armel et Penhars le 1er janvier 1960, dont les clubs existent toujours à ce jour.
« Pour moi, cette dimension de quartiers est très présente, raconte Alain Bossard, co-président de Quimper Ergué-Armel. Souvent, j’entends dire au stade de la part des supporters : “ici, on est sur la butte d’Ergué-Armel”. »
Une fusion ? « Pas demain la veille ! »
Autant que le maintien du patchwork footballistique quimpérois, ce sont les projets de fusion tantôt fantasmés, tantôt esquissés, qui continuent d’animer les discussions de comptoirs. « Trois clubs au niveau Ligue, c’est trop », plaident de concert deux membres du bureau issus de deux clubs, qui qualifient de « périphérique » la fusion opérée par l’US Quimper et Quimper Italia en 2022. « C’était une absorption d’un club par un autre, pour empêcher l’US Quimper de disparaître. Il n’est pas question de projet sportif d’envergure. »
« Une fusion, peu importe les partis concernés, ne serait pas la bonne solution, et ce n’est pas demain la veille, poursuit un dirigeant. On l’a vu lors de la fusion entre Kerfeunteun et le Stade Quimpérois : les dirigeants se tiraient dans les pattes. Les querelles de clochers sont indélébiles. » « J’ai l’expérience du cas de Lannion, décrit Alain Bossard (voir ci-contre), qui évoque la fusion entre l’Union Sportive Lannionnaise et le Stade lannionnais en 2000. Sur les six équipes seniors, seules trois ont tenu le coup. Qui dit fusion dit souvent casse. »
Face à Concarneau, quel créneau occuper ?
Même l’ancien maire de Quimper, Ludovic Jolivet, avait fini par l’intégrer. « On ne doit pas raisonner uniquement en matière de ville, mais de territoires, et de ce point de vue-là, on a un club : c’est Concarneau », dérivait l’édile lors d’une interview à So Foot en 2018. Face à la montée en puissance des Thoniers, la capitale de Cornouaille ne sait plus sur quel créneau miser. Le haut niveau ? On l’a saisi, c’est caduc. Même le niveau intermédiaire est aujourd’hui dévolu à un club de la périphérie.
À touche-touche avec Quimper, les Paotred Dispount (N3) captent cette année encore le flux d’anciens Concarnois (Le Reste, Buon, Laurent, Da Cruz, Guéguen-Grall, Gomes, Lagadec, Boin…), plus que les clubs de la ville-centre de l’agglomération. Un paradoxe ? Et si la vocation contemporaine de Quimper n’était finalement pas de couver des jeunes talents, orientés ensuite vers les places fortes voisines ? À l’image des Maxime Etuin (formé à Penhars et au Stade quimpérois) ou Vincent Le Goff (formé à l’ES Kerfeunteun). Le paysage actuel, avec un panel d’équipes de jeunes au niveau régional (à Ergué-Armel et Quimper KFC), tend à la confirmer. Une bien maigre consolation…
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