Réarmement de l’Allemagne. (NBH – 22/03/25)

                            Emblème de la Bundeswehr

Un front s’est constitué composé de collabos, d’ignorants et d’imbéciles.

Ils saluent avec joie, exaltation même, le réarmement de l’Allemagne.

Oublieux, volontairement ou non, de l’histoire.  « L’Allemagne va-t-elle sauver l’Europe » s’interroge un chroniqueur de France Culture. Faut oser. 

On s’extasie sur les ondes d’Etat ou privées sur le plan « Bazooka » (sic) que lance le nouveau Chancelier de droite (CDU) Fredrich Merz. Celui-ci déclare apparemment sans gêne « Le monde entier regarde (…) vers l’Allemagne, nous avons dans l’Union européenne et dans le monde une tâche qui va bien au-delà des frontières de notre propre pays« . Des propos qui devraient inquiéter ceux qui ont de la mémoire historique.

Car, jusqu’à nouvel ordre, l’impérialisme allemand est bien vivant, déjà puissance économique dominante en Europe. Or l’impérialisme porte la guerre « comme la nuée porte l’orage » disait Jaurès. Cette phrase cent fois répétée par nous est-elle à ce point oubliée ou ignorée par nos brillants commentateurs? L’impérialisme allemand est donc une menace. Ont-ils oublié le prix qui fut payé par les peuples y compris le peuple allemand ?

L’impérialisme allemand a une histoire. Surtout dans les années 1930 et à partir de 1933 quand le capital allemand a donné le pouvoir aux nazis pour étendre sa domination. Une Allemagne impérialiste surarmée n’est pas un bon signe pour la paix en Europe. On imagine comment est reçu par le peuple de Russie ce plan « Bazooka ».

Que la droite allemande soit à la manœuvre n’étonnera personne. Et que le SPD futur membre d’une « grosse » coalition avec la CDU en rajoute une couche non plus: « L’Allemagne doit jouer un rôle de leader », a plaidé le chef des élus sociaux-démocrates Lars Klingbeil…comment dit-on leader en allemand ?

Que la bourgeoisie française, qui a toujours aimé avoir un maître, trouve ce virage allemand à son goût est possible. Après la « protection » des Etasuniens on passerait sous celle de l’Allemagne. La bourgeoisie française cherche un souteneur …La France et son soubassement pétainiste, « ce grand soldat » comme dit Macron, nous permet d’imagine que sa résistance serait aussi vive et efficace qu’elle ne le fut en 1940.  Quant aux autres…on voit mal se dessiner un « axe de la résistance ».

Quant à l’UE, et les gouvernements qui la composent, la tutelle allemande, qui est déjà un fait économique, prendrait avec le réarmement massif prévu un caractère politico-militaire dont on voit peu qui aurait la volonté de résister. L’histoire nous rappelle que la Pologne, la Bulgarie, les Pays Baltes, la Hongrie, la Finlande et l’Italie furent les alliés du IIIe Reich hitlérien. 

La Grande Bretagne est officieusement le 51e État des États-Unis et ne fera rien qui froisse Washington. On l’a vu clairement lors de la visite du Premier ministre britannique à la Maison Blanche. Donald Trump n’a pas hésité à tourner en dérision les velléités bellicistes britanniques en lançant : “Vous pourriez affronter la Russie par vous-mêmes ?”, avant d’éclater de rire, laissant Starmer KO debout.

Bien entendu le pire n’est jamais certain. L’Allemagne en récession, du fait paradoxalement des sanctions contre la Russie (énergie), serait amenée à imposer une austérité musclée aux Allemands qui peut-être n’apprécieront pas. La gauche (Die Linke) a obtenu un succès relatif aux dernières élections et l’extrême-droite allemande (AfD) peut tenter de jouer le compromis avec le capitalisme russe pour assoir sa base de masse. La base des Grünen apprécie de moins en moins le virage belliciste de la direction du parti.

Bref la situation politique reste mouvante et donc ouverte. Surtout le SPD ne pourra pas se présenter comme une alternative ce qui peut renforcer la gauche de gauche qui pourrait rassembler celles et ceux qui rejettent l’AfD néo-fasciste.

Le plan « Bazooka » c’est 500 milliards, c’est deux fois le PIB du Portugal, les deux tiers du PIB de la Belgique. Votée par les élus de droite, les sociaux-démocrates et les verts. Au-delà du « Germany is back » chanté en coeur par les habituels serviteurs zélés du capitalisme, il faut se demander à qui va profiter le réarmement: les avions de la Luftwaffe sont étasuniens et le dernière commande de F35 est maintenue.

Quand à l’orthodoxie budgétaire (ordolibéralisme), qui a inspiré à Wolfgang Schäuble sa volonté de torturer la Grèce, elle est rangée dans le placard: pour l’armement c’est le fameux « quoi qu’il en coûte » qui devient la règle.

Ce qui est amusant c’est que les mêmes qui s’extasiaient devant la rigueur allemande, s’extasient devant leur auto-dispense des règles qu’ils ont imposé aux autres quand c’était l’intérêt de capital allemand.

Concluons en rappelant que l’impérialisme allemand a une histoire et que nous ne pouvons pas faire semblant de l’oublier. Sans oublier non plus que peuple allemand en novembre 1932, lors des dernières élections libres, donna 37% pour la gauche (SPD+KPD) contre 33% aux nazis (NSDAP), 12% au centre démo-chrétien (Zentrum) et 8% au DNVP (droite extrême). Si le grand capital et la droite n’avaient pas offert le pouvoir à Hitler le destin de l’Europe aurait pu être différent et d’incommensurables souffrances épargnées aux peuples.

Jean-Luc Mélenchon a raison, une fois de plus, de dire « L’Ukraine ne doit pas être un prétexte à une nouvelle course aux armements. Et surtout pas en Allemagne. »

Antoine Manessis

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/03/rearmement-de-l-allemagne.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/rearmement-de-lallemagne-nbh-22-03-25/

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