Réforme des retraites et prix de l’énergie : pour lutter contre «un ennemi commun», la CGT Marseille passe des boulangers en tarif réduit. ( Libération – 23/01/23 )

Marseille, le 19 janvier2023. Première journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La police a dénombré 26 000 manifestants, l’intersyndicale plus de 140 000. (Patrick Gherdoussi/Libération)

Après plusieurs coupures de courant dans plusieurs endroits en France, les travailleurs de l’énergie de la cité phocéenne ont décidé de soutenir les artisans boulangers, qui fustigent les prix de l’électricité et du gaz. Les membres de la FNME-CGT ne s’interdisent aucune autre action.

C’est une action originale, qui mêle lutte contre la réforme des retraites et impact de l’explosion des prix de l’énergie. Ce lundi, la CGT Energie Marseille revendique le passage en tarif réduit de boulangers de la ville, «car ils seront mobilisés ce jour-là pour défendre leur survie», précise le syndicat dans un communiqué qui inscrit l’action dans le mouvement contre la réforme des retraites. Et la CGT Energie Marseille de préciser : «Ils subissent le même mécanisme que nous, à savoir : une minorité se gave et toute la population trime. L’heure est arrivée de montrer que le temps de l’abondance capitaliste est terminé.»

«On se bat depuis quinze ans pour maintenir un service public de l’énergie et que les tarifs n’explosent pas, explique à Libération Renaud Henry, secrétaire général de la CGT Energie Marseille. Or on voit le résultat de ce qu’on dénonce depuis longtemps : les boulangeries autour de nous souffrent à cause des prix de l’énergie.» Il n’en dira pas plus sur la méthode de mise en tarif réduit ni sur les boulangeries concernées car l’action est illégale et l’élu veut donc tout faire pour éviter des représailles contre les agents qui la mettront en œuvre. Mais il précise que la remise serait de 50 % à 60 % et promet de communiquer un chiffre sur le nombre de boulangers aidés.

Il prévient en revanche : «On n’exclut aucune sollicitation d’autres artisans ni aucun mouvement pour faire en sorte que tous les secteurs convergent. Les travailleurs, les artisans, tout le monde, on a un ennemi commun : le gouvernement, qui nous met tous dans l’impasse. Et on veut montrer avec cette action qu’on peut s’organiser les uns les autres.»

Cette mise en tarif réduit s’inscrit dans une panoplie d’actions diverses entreprises depuis jeudi par la FNME-CGT, premier syndicat dans la branche des industries électriques et gazières (IEG), qui fédère quelque 160 entreprises et 139 800 salariés. Plusieurs heures avant que les premiers manifestants ne s’ébrouent dans les cortèges matinaux à travers l’Hexagone, des membres de la CGT Enedis avaient coupé le courant d’une zone industrielle à Massy (Essonne) pendant un peu plus d’une heure. Même chose à Chaumont, avec notamment la mairie, les conseils régional et départemental de Haute-Marne et la préfecture touchés. Dans le Lot, la permanence de la députée Renaissance Huguette Tiegna ainsi que la sous-préfecture de Figeac ont elles aussi perdu le courant. «Tout n’est pas acceptable, des actions qui sont annoncées ne relèvent pas de la mobilisation syndicale, certaines peuvent relever d’un délit», a mis en revanche en garde Olivier Dussopt, affirmant que ce rappel a été fait par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti en Conseil des ministres.

«La grève, c’est bien, mais cela ne suffit plus»

Dans un communiqué publié vendredi, la FNME-CGT dresse la liste des actions envisagées : passages en gratuité (notamment des écoles, des crèches ou des hôpitaux), rétablissements de courant chez les usagers en précarité énergétique, coupures ciblées, actions contre les stockages de gaz ou les terminaux méthaniers… «La grève, c’est bien, mais cela ne suffit plus, soulignait ce lundi matin sur BFM TV Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT. Il faut agir, mener des actions qui se voient et qui ont un impact sur ceux qui soutiennent le gouvernement et les lois de régression sociale. […] Si les agents en assemblée générale décident notamment de mener des coupures ciblées, cela pourrait être organisé. J’exprime la colère du terrain, qui est importante, et il faut l’entendre.» Avant de préciser, sur une question portant sur les coupures de milliardaires : «On va faire de la sobriété énergétique. On va certainement cibler des personnes qui ont une activité que l’on considère comme pas essentielle.» Si le secteur de l’énergie multiplie les actions, c’est notamment parce que ses travailleurs sont particulièrement et doublement visés par la réforme des retraites : par le recul de l’âge de départ comme par la volonté de supprimer le régime spécial des IEG.

La FNME comme plusieurs fédérations affiliées à la CGT ont par ailleurs décidé de ne pas attendre la prochaine journée intersyndicale et nationale fixée au 31 janvier, au grand dam de certains qui souhaitaient l’avancer à la semaine qui vient de s’ouvrir. Jeudi, les CGT des raffineries, de la pétrochimie et des Ports et Docks appellent à la grève, avec l’idée, notamment à Marseille, de construire une convergence parmi les secteurs. Une stratégie offensive quand d’autres syndicats ont préféré miser sur le non-essoufflement des forces. Reste qu’au-delà des désaccords sur le calendrier et les méthodes, l’intersyndicale ne donne pas de signes de fractures dans leur lutte contre la réforme des retraites.

Auteur : par Damien Dole

Source : Réforme des retraites et prix de l’énergie : pour lutter contre «un ennemi commun», la CGT Marseille passe des boulangers en tarif réduit – Libération (liberation.fr)

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