Réforme des retraites. Sur le barrage de la Rance, les grévistes brident la production électrique. ( OF.fr – 23/03/23 )

Les électriciens de l’usine marémotrice de la Rance remettent les groupes de production en route, en journée, mais un cycle de production est sauté.
Les électriciens de l’usine marémotrice de la Rance remettent les groupes de production en route, en journée, mais un cycle de production est sauté. | OUEST-FRANCE

L’usine marémotrice de la Rance, près de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), tourne au ralenti, depuis le début du mois. Les électriciens font le siège de la salle de commande des machines, chaque soir, depuis lundi 20 mars.

Les traits sont tirés, les yeux cernés, la détermination intacte : « Nous, on continuera jusqu’au retrait. » Les électriciens de l’usine marémotrice de la Rance, près de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), sont de tous les cortèges, de toutes les actions intersyndicales malouines, depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. Mais la mise en place de barrages filtrants, sur la départementale qui relie Dinard à Saint-Malo en passant au-dessus de l’usine marémotrice est une arme de protestation – redoutable – dont ils ont jusqu’ici usé avec parcimonie.

Leur vraie force de frappe est ailleurs. « Dès le 6 mars, nous avons arrêté la moitié des groupes de production de l’usine, rappelle un syndicaliste. Et depuis lundi 20 mars au soir, nous prenons la salle des machines, toutes les nuits. » Trois techniciens, au moins, y veillent jusqu’au matin : en cette période de grandes marées où les turbines pourraient tourner à plein régime et l’estuaire être surrempli deux fois par jour pour optimiser la hauteur de chute à marée basse, « c’est l’encéphalogramme plat. Quand on remet les machines en route, la hauteur de chute est plus faible que ce qu’elle aurait dû être et la production bien inférieure ». D’autant qu’un cycle de production entier est sauté, pendant la nuit.

Les électriciens ne manquent aucun cortège malouin, depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. | DR

Des pertes secrètes mais colossales

En résumé, l’usine, qui fournit habituellement l’équivalent de la consommation en électricité quotidienne de la ville de Rennes, produit moitié moins qu’en temps normal. Ni EDF ni les syndicats ne communiquent sur les pertes financières liées au fonctionnement à mi-temps des 24 groupes de production de 10 mégawatts chacun. Mais mis en regard du marché Spot des prix de l’électricité, cette chute de la production laisse entrevoir un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d’euros, au bas mot, depuis le début du mois de mars. Et ce n’est pas fini : «  Nous reprendrons la salle des machines, ce soir… »

Pourtant, ce technicien l’admet, la durée du mouvement n’est pas sans incidence pour les salariés vent debout contre ce qu’ils considèrent comme l’ultime coup de canif à un statut « déjà bien raboté. Et contrairement à ce qu’on entend beaucoup, nos heures de grève ne nous sont pas payées, proteste-t-il. Là, moi j’en suis à quarante-deux heures de grève, ce mois-ci… Ce qui est bien, c’est qu’on a des discours de Macron à 13 h, pour nous remotiver… »

Les électriciens ont d’ailleurs expédié un colis, au président de la République, après le rejet des motions de censure, à l’Assemblée. Leurs casques, sans lesquels ils ne peuvent prendre leur poste. « Non, nous n’avons pas eu de retour de l’Élysée. Mais on a reçu de nouveaux casques ce matin… Livrés en taxi ! »

Auteur : Marie LENGLET.

Source : Réforme des retraites. Sur le barrage de la Rance, les grévistes brident la production électrique (ouest-france.fr)

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