Alors qu’un rassemblement était programmé à 18 h, devant la sous-préfecture de Lorient (Morbihan), ce jeudi 16 mars 2023, une manifestation spontanée a été improvisée dans le centre-ville. L’annonce du recours au 49.3 a fait grimper la température, dans les rangs des militants, qui restent déterminés à stopper la réforme des retraites.
Près de 1 500 personnes ont répondu à l’appel de l’intersyndicale. Rassemblée sur la place Glotin, la foule s’est rapidement transformée en cortège. « On lance une manifestation sauvage », a lancé, à l’issue de sa prise de parole, Rémi Hamon, secrétaire de l’union locale de la CGT, confirmant que rien n’avait été préalablement déclaré en préfecture. Une première depuis le début du mouvement.
« Quand on fait des pique-niques saucisses, on ne dérange pas grand monde finalement »
« C’est terrible de devoir en arriver là, mais c’est quand on se durcit qu’on commence à se faire entendre, déroulait un jeune syndiqué CGT. Quand on est gentil à faire des pique-niques saucisses, on ne dérange pas grand monde finalement. »
Les militants ont eu à cœur de montrer leur détermination, quitte à se jouer de la réglementation. Feux de palettes ou à quelques poubelles, barrières renversées, le ton est clairement monté d’un cran, à Lorient, ce jeudi.
Étoffé à vue d’œil, le cortège a, sans surprise, rapidement gagné la rue Paul-Bert, dans le centre-ville, qui abrite, au 27, la permanence de la députée Renaissance Lysiane Métayer, pour un baroud d’honneur.
Ici, les cornes de brume des deux scaphandriers de Naval Group, Sébastien, 35 ans, et son collègue « Mimoune », 42 ans, ont résonné de plus belle. « La pénibilité de notre métier est quasi impossible à obtenir. Il faut 60 plongées de plus de 12 m de profondeur par an pendant 25 ans pour gagner deux années. Le député Jean-Michel Jacques était venu nous rencontrer : j’aimerais le voir à 64 ans, porter 50 kg de matos. »
Mépris, condescendance : les élus de la majorité présidentielle sont plus que jamais en ligne de mire. « Le 49.3 donne tout le pouvoir à l’exécutif, c’est lui qui fait les lois », dénonçait Georges, un retraité de 76 ans.
« Le 49.3, c’est le fait du prince. On peut toutefois se réjouir d’avoir contraint le gouvernement à se démasquer », tonnait, quant à lui, le secrétaire CGT Rémi Hamon.
Des blocages dans les ports ce vendredi
Arrivé place Aristide-Briand, le cortège s’est ensuite engagé boulevard du Faouedic, où des barrières sont actuellement installées en raison de travaux de voirie, que des manifestants ont renversées. Avant de regagner la sous-préfecture : là-bas, entre 200 et 300 personnes ont investi le pavé, parfois dansé et souvent chanté, jusqu’à 21 h. Puis ont laissé place aux pompiers, présents encore sur place à 21 h 30, pour éteindre le feu. Au total, à 22h 15, ils étaient intervenus près d’une dizaine de fois, sur les points de rassemblement du mouvement.
Ce vendredi 17 mars 2023, les syndicats devraient à nouveau mener, dès tôt dans la matinée, des actions de blocage à hauteur des ports de commerce et de pêche de Lorient. Ils pourraient être rejoints sur site par des jeunes, lycéens et étudiants, bien décidés à faire entendre leur voix.
Pauline DECKER.
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