Réfugiés soudanais. Un tournoi de foot pour se souder et s’ouvrir. ( OF.fr – 21/05/23 )

Début de la rencontre : en blanc, les Soudanais de Cholet, en noir, ceux de Nantes.
Début de la rencontre : en blanc, les Soudanais de Cholet, en noir, ceux de Nantes. | OUEST-FRANCE

À raison de deux matchs par week-end à Nantes, un tournoi de foot réunit, depuis début mai, onze équipes de Soudanais réfugiés de la région. L’intention ultime : se faire connaître des clubs locaux pour des rencontres sportives… et se rencontrer tout court.

Maillot blanc, Cholet. Maillot noir, Nantes. Sur le gazon synthétique du complexe sportif Roger-Picaud à Orvault, dans l’agglo nantaise, le match Nantes-Cholet va démarrer. C’est l’hymne soudanais qui retentit. Les mains sur le cœur, certains hommes chantent. Émotion palpable sous la poitrine à un moment où le Soudan est plus que jamais dans le chaos, avec depuis le 15 avril, près d’un millier de morts et plus d’un million de déplacés et de réfugiés. Les 22 hommes sur le terrain sont tous Soudanais réfugiés en France.

Onze équipes dans un tournoi

Avant d’être aujourd’hui aux quatre coins de la région, beaucoup sont passés par Nantes. Ils s’y retrouvent à l’occasion d’un tournoi qui, sur un mois, à raison de deux matchs par week-end, réunit des équipes de Soudanais de Nantes (quatre, liées aux quartiers), Cholet, Laval, Le Mans, Saint-Nazaire mais aussi de Rennes (deux équipes) et Lorient.

Durant l’hymne du Soudan, le cœur sur la poitrine. Une émotion palpable à un moment où, depuis le 15 avril, les combats au Soudan ont fait près d’un millier de morts et plus d’un million de déplacés et de réfugiés. | OUEST-FRANCE
La répartition des maillots. Ici, les maillots blancs de Cholet. | OUEST-FRANCE

« On se connaît presque tous », raconte Amir Ishag, à l’initiative du tournoi et, sans hasard, numéro 10 sur le terrain. Amir, 28 ans, est arrivé à Nantes il y a 5 ans. Il a connu le terrible campement de tentes du square Daviais, en plein cœur de Nantes. Puis, le gymnase Jeanne-Bernard, immense squat à Saint-Herblain.

Le capitaine de l’équipe de Cholet, Amir le connaît depuis le square Daviais. Le coach, Faisle, aussi. En France, il est devenu le frère qu’Amir n’a plus. Ils ont fait partie des migrants qui se retrouvaient pour jouer au foot au miroir d’eau, en plein centre de Nantes. « Nous n’avions rien à faire. Ça nous réunissait, ça faisait passer le temps et on aime ça le foot. » Aujourd’hui, Amir a un toit, une autorisation de séjour de dix ans, a travaillé notamment chez Envie 44, est en attente de valider son B2 pour retourner à la fac et a monté le Football-club dream [rêve], aux manettes du tournoi.

À la recherche de terrains pour jouer

La plupart des joueurs soudanais ont un toit et bossent aujourd’hui : Moussa est agent de conditionnement, Faisle décarcasse des poulets… Le foot est leur passion-loisir et le tournoi l’occasion de se retrouver. Mais le « rêve » ultime d’Amir est surtout de s’ouvrir aux autres en dehors de leur communauté. Et de le faire par le biais du foot en rencontrant des équipes locales. « Nous voulons prouver aux Français que nous pouvons tout faire, nous faire connaître d’eux et jouer au foot avec eux. Nous, Soudanais, avons une difficulté : la langue. Contrairement aux Tchadiens, nous ne parlons pas français et pas bien anglais. Aucun programme ne nous réunit par le sport », regrette Amir qui a profité du programme Baraka, des binômes interculturels de l’association Pacco et obtenu son Diplôme de compétences en langue (DCL).

Amir Ishag à l’origine du tournoi qui veut faire connaître leur activité et, à l’avenir, créer de nouvelles rencontres sportives avec des clubs locaux. | OUEST-FRANCE

Sans papiers et sans toit naguère, ils sont aujourd’hui sans terrain de foot. Le club d’Amir, affilié à la FFF, attend de se voir associé un terrain pour s’entraîner et jouer. Et si leurs matchs de la semaine dernière étaient sous réserve de disponibilités du gymnase de la Noe-Lambert à Nantes, ce samedi, ils n’avaient pas les clefs du stade d’Orvault. C’est en enjambant un muret que l’on accédait au terrain. « On a eu autorisation mais pas les clefs ! On va où on peut ! »

Avis aux bonnes âmes qui ont des terrains disponibles pour leurs matchs d’ici la finale du 7 juillet. Et aux équipes locales qui voudront les rencontrer.

Contact : secretariat.fcd44@gmail.com ou la page facebook https://m.facebook.com/profile.php?id=100092391018616

Auteur : Véronique ESCOLANO.

Source : Réfugiés soudanais. Un tournoi de foot pour se souder et s’ouvrir (ouest-france.fr)

URL de cet article : Réfugiés soudanais. Un tournoi de foot pour se souder et s’ouvrir. ( OF.fr – 21/05/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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