REPORTAGE. Cette commune du Morbihan a perdu deux de ses trois boulangeries avec la flambée des prix (OF.fr-25/09/23)

Après la fermeture des deux autres commerces de la commune, la boulangerie Ty-Fourn est la dernière du Faouët (Morbihan). À la caisse, un petit mot informe les clients de cette situation particulière.

Par Maxime LAVENANT.

Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et des matières premières, les boulangeries du Morbihan accusent le coup. Comme au Faouët, où deux d’entre elles ont fermé en trois mois.

Tout est allé très vite. Au Faouët (Morbihan), deux boulangeries ont fermé en l’espace de trois mois, plongeant les quelque 3 000 habitants de cette commune centre-bretonne dans la stupeur.  Ça fait beaucoup parler » , confirment Laurence et Virginie, deux commerçantes établies près des halles, sur la place principale.

À un jet de pierre de là, depuis l’hôtel de ville, le maire Christian Faivret ne dit pas autre chose :  C’est un peu gênant pour la population. On me demande si une autre va rouvrir. 

Dans les deux cas, les artisans qui ont mis la clef sous la porte justifient leur décision par la flambée des prix de l’énergie et des matières premières.  C’est depuis octobre 2022 que les affaires ont commencé à mal tourner, indiquait, en juillet dans nos colonnes, Sylvain Ribet, gérant de la boulangerie du Golhen, qui a fermé ses portes. Je vendais la baguette tradition 1,20 €. Il aurait fallu que j’affiche son prix à 1,60 € pour m’en sortir. Il faut rester cohérent avec les clients. »

De 900 € à 7 400 € d’électricité

Recontacté il y a quelques jours, il précise :  C’est la facture d’électricité qui m’a poussé à prendre cette décision. Ça s’est fait progressivement mais elle est quand même passée de 900 € à 7 400 € ! 

En avril, au moment de baisser lui aussi le rideau de fer de son magasin, son confrère Bruno Da Costa confiait à Ouest-France  :  Depuis un bon moment, je travaillais sans me verser de salaire, ou bien des clopinettes… Bientôt, en France, il n’y aura plus de boulangeries. Tout appartiendra à la grande distribution. 

Lire aussi : ENTRETIEN. « Dans l’avenir, les boulangeries de quartier et de campagne auront du mal à survivre »

La boulangerie du Golhen a définitivement fermé ses portes en juillet 2023, au Faouët (Morbihan).

Deux personnes embauchées pour faire face au surcroît d’activité

Au Faouët, il ne reste donc plus qu’une seule boulangerie, tenue par Céline Duneufgermain et son conjoint. Lionel, un riverain qui y a ses habitudes, en mesure les effets :  Il y a plus de monde, donc plus d’attente. Au début, on a vu qu’ils avaient du mal, le pain était de moins bonne qualité. Maintenant, ça va. 

La patronne reconnaît qu’il y a eu un temps d’adaptation. Deux personnes ont dû être embauchées pour faire face à ce surcroît soudain d’activité. À la caisse, un petit mot prévient d’ailleurs les clients de la situation, et leur demande d’anticiper leurs commandes de 48 heures.

« Ça fait un an qu’on ne sait pas où on va »

En temps de crise pour la filière, ce monopole temporaire ne suffit pas à rassurer Céline Duneufgermain.  Ça fait un an qu’on ne sait pas où on va. C’est la période la plus difficile pour le moral que nous connaissons depuis que nous avons démarré, il y a dix ans.  Contrairement à d’autres, sa boulangerie a d’abord échappé à la hausse des prix de l’électricité, avec un contrat bloqué jusqu’à la semaine dernière.

Pour son renouvellement, le couple d’artisans a, pour la première fois, fait appel à un courtier, sur le conseil de leur fédération nationale. Malgré cela,  la facture va quand même être multipliée par 1,7. Sur l’année, c’est plus de 10 000 €.  Après avoir réussi à maintenir ses tarifs, notamment en supprimant les emballages,  cette fois, je crois qu’on n’aura pas le choix, on va devoir augmenter ».

« Une mauvaise passe »

Ce climat lourd n’empêche pas le maire de rester optimiste.  Il y a de la place pour plusieurs boulangeries  , assure Christian Faivret, qui évoque une  mauvaise passe .

Selon ses informations, plusieurs artisans se sont déjà rapprochés de la Chambre des métiers pour des projets d’installation. En attendant, un autre couple de boulangers, Gwendal et Anna Weber, qui sillonne les marchés depuis vingt ans avec ses pains à l’ancienne, vient d’ouvrir un dépôt de pain-salon de thé. Sa patronne sourit :  Ça prend doucement, comme le levain ! 

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/reportage-au-faouet-deux-boulangeries-ont-ferme-en-trois-mois-du-fait-de-laugmentation-des-couts-44cbf632-594b-11ee-9ab3-e77646d4570d

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/reportage-cette-commune-du-morbihan-a-perdu-deux-de-ses-trois-boulangeries-avec-la-flambee-des-prix-of-fr-25-09-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *