Résidus de pesticides dans l’eau du robinet : le seuil de vigilance est relevé, Eau et Rivières s’insurge(LT.fr-12/10/22 -6h)

Ce sont près d’1,5 million de Bretons et de Bretonnes qui ont reçu, temporairement ou plus durablement, une eau non conforme à leur robinet », constate l’association Eau et Rivières de Bretagne.
Dans plusieurs secteurs de Bretagne, l’eau du robinet contient des résidus de pesticides. Dans des proportions qui ont longtemps été supérieures aux normes autorisées… Mais ce taux vient tout juste d’être relevé. Au grand dam d’Eau et Rivières de Bretagne.

Dans la région, les traces d’un pesticide dans l’eau potable inquiètent population et associations environnementales. C’est le cas à Douarnenez (29), Concarneau (29), Pontivy (56), Cléguérec (56), Guémené-sur-Scorff (56), Paule (22), Bon-Repos-sur-Blavet (22)… Le nom de ce pesticide ? Le S-Métolachlore, utilisé comme désherbant dans les champs de maïs. Et dans l’eau des robinets bretons, on en trouve des résidus, ou métabolites.

« Un risque inacceptable pour le consommateur »

Baptisé ESA-Métolachlore, ce métabolite apparaît souvent dans une proportion supérieure au taux autorisé. Fixée en 2007 pour tous les pesticides, la limite était de 0,1 microgramme (µg) par litre d’eau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) considérait alors l’ESA-Métolachlore comme un métabolite pertinent, c’est-à-dire pouvant engendrer « un risque inacceptable pour le consommateur ». « Ce sont près d’1,5 million de Bretons et de Bretonnes qui ont reçu, temporairement ou plus durablement, une eau non conforme à leur robinet », constate l’association Eau et Rivières de Bretagne.

Malgré un dépassement, les producteurs d’eau potable étaient toujours autorisés à approvisionner leur clientèle. Leur eau était considérée comme non conforme, mais toujours potable, car la valeur sanitaire maximale définie par l’Anses s’élève à 510 µg par litre. Et comme ce seuil de 0,1 était souvent franchi, les préfectures ont délivré bon nombre de dérogations.

Le 30 septembre, l’Anses a finalement revu sa copie. Elle considère désormais l’ESA-Métolachlore comme un métabolite non pertinent.

C’est hallucinant de voir un tel revirement de l’Anses et, par ricochet, de l’Agence régionale de santé

Un seuil de vigilance relevé à 0,9 µg par litre d’eau

Cet avis a été rendu à la suite d’une demande de la Direction générale de la santé et à « la lumière de nouvelles données transmises par la société Syngenta (fabricant de semences et de produits phytosanitaires) ». Désormais, « le seuil de vigilance » est fixé à 0,9 µg par litre d’eau. « C’est hallucinant de voir un tel revirement de l’Anses et, par ricochet, de l’Agence régionale de santé, qui a pourtant délivré, il y a quelques mois, de nombreux avis de non-conformité aux producteurs d’eau », s’étonne Hugues Tupin, vice-président chargé de l’eau et de l’assainissement à Douarnenez Communauté.

En cas de dépassement du taux autorisé, quand celui-ci était de 0,1 µg par litre, les producteurs d’eau potable avaient jusqu’à trois ans pour trouver une solution. « Nous avons investi 300 000 € sur la station (de production d’eau potable, NDLR) du Nankou, sans compter les sommes considérables qui seront nécessaires pour renouveler les filtres à charbon actif », commente Hugues Tupin. « Cela concerne l’aspect curatif, mais il y a aussi un volet préventif, pour limiter la présence de ces produits dans les eaux brutes ».

Il aura suffi de relever la limite pour qu’il n’y ait plus le problème

De son côté, Eau et Rivières de Bretagne s’étonne que ce seuil de vigilance soit, à présent, fixé à 0,9 µg par litre d’eau. « La qualité de notre eau ne s’est en rien améliorée, il aura suffi de relever la limite pour qu’il n’y ait plus le problème… Enfin, presque », prévient l’association. « À nouveau, ces classements ne prennent en compte les molécules que les unes à côté des autres, sans éclairer sur les possibles effets cocktails ou synergiques des nombreuses substances auxquelles nous sommes exposés ».

Jacques Chanteau avec Dimitri L’Hours

source: https://www.letelegramme.fr/bretagne/residus-de-pesticides-dans-l-eau-du-robinet-le-seuil-de-vigilance-est-releve-eau-et-rivieres-s-insurge-12-10-2022-13197701.php

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