Résumé des questions économiques et sociales: semaine n° 82 du 10 aout 2022. ( sitecommunistes.org – 10/08/22 )

N° 781-10/08/2022 Chômage : Sous les chiffres, une violente réalité pour les privés d’emploi !

Pôle Emploi et la DARES viennent de publier les chiffres des travailleurs privés d’emploi inscrits à Pôle emploi au deuxième trimestre 2022. Le gouvernement a beau s’auto-congratuler de la baisse du nombre de privés d’emploi, elle n’est que de – 0,8% sur le trimestre pour les demandeurs en catégorie A (hors Mayotte). Elle est en revanche de -15,6% sur l’année, alors que la Dares observe une baisse de 16,3% des privés d’emploi indemnisés. C’est bien la preuve que le durcissement des règles pour ouvrir des droits aura conduit les privés d’emploi, soit à se tourner vers des contrats précaires : + 1,2% sur un an des demandeurs d’emploi en catégorie B et C (activité réduite), soit à ne plus être indemnisés.
Quel habile tour de passe-passe : au lieu de venir à bout du chômage, le gouvernement vient à bout des chômeurs en les écartant de l’indemnisation !
Si l’on s’intéresse d’ailleurs au détail de ces chiffres, force est de constater que le nombre de jeunes en catégorie A, lui, stagne à 0% sur le trimestre. Et, à l’aune de la nouvelle réforme des retraites, dont nous savons qu’elle ferait grossir les rangs des seniors au chômage, le chiffre des plus de 50 ans en contrat précaire (catégories B et C) augmente lui de 6,3% sur un an !
Mieux encore, au quatrième semestre 2021, seul 47,3 % des personnes inscrites à Pôle emploi sont indemnisées ! Les radiations administratives ont, elles, augmenté de 41% sur un an. Pour diminuer le nombre de privés d’emploi, le gouvernement les pousse vers la sortie de Pôle emploi plutôt que vers des emplois pérennes. Nous nous interrogeons d’ailleurs sur les intentions d’Olivier Dussopt après ses déclarations sur la nécessité « d’aller plus loin » concernant la réforme d’assurance chômage. Notamment sur la durée d’indemnisation et son caractère dégressif ; dispositif qui, pourtant, a déjà été jugé inefficace par le passé. Effectivement, les discussions sur le projet de loi pouvoir d’achat démontrent que si la soit-priorité du gouvernement est le plein emploi, il ne s’attarde visiblement pas sur la qualité de celui-ci ni sur le financement de la sécurité sociale. À l’aune donc d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, avec comme perspective d’accentuer la précédente entrée en vigueur à l’automne dernier et combattue par toutes les organisations syndicales, l’exécutif ne cesse de vouloir réaliser des économies sur le dos des privé-es d’emploi mais aussi sur le budget global du système de protection sociale. À l’heure où les entreprises, aidées par l’État, font des sur-profits, le gouvernement d’Élisabeth Borne décide en parallèle de précariser un peu plus les demandeurs d’emploi et de ne surtout pas augmenter les salaires des travailleurs. La CGT sera donc présente, dès la rentrée, pour combattre toutes les réformes de paupérisation des salarié-es, des retraité-es et des privé-es d’emploi.
Rendez-vous est pris le 29 septembre pour une journée de mobilisation et de grèves interprofessionnelles.

SDIS-Gironde : Plus de 25 000 hectares de forêt viennent de partir en fumée en l’espace de quelques jours dans le département de la Gironde.
Mais nos services publics, eux, sont la proie des flammes depuis bien plus longtemps et menacent de n’être très bientôt qu’un tas de cendres. Au cours de la catastrophe, qui vient d’avoir lieu sur notre territoire, heureusement que la mobilisation et la solidarité citoyenne sont venues pallier le manque de moyens donnés aux pompiers et plus largement à l’ensemble des services publics locaux pour accomplir leur mission de protection et de sauvegarde des habitants et de l’environnement. Malgré le désengagement financier de l’état depuis de nombreuses années, les agents du service public ont, une fois de plus, pu démontrer que dans des conditions de travail déplorables, ils sont capables de l’extraordinaire par leur engagement sans faille à servir la population. L’inaction climatique politique nous amène aujourd’hui dans une situation où les incendies et les catastrophes naturelles seront de plus en plus fréquents. Combien en faudra-t-il pour que le gouvernement prenne conscience de l’absolu nécessité de fournir aux services publics les moyens pour faire face aux défis de demain ?
Nous nous souvenons tous, en 2019, des personnels du SDIS qui descendaient dans la rue pour demander plus de moyens. La réponse du gouvernement fut brutale. Pourtant les chiffres ne mentent pas. Depuis 2005, les moyens matériels alloués aux pompiers ont diminué de 25%.
Les conditions climatiques propices aux catastrophes, la fermeture des urgences hospitalières et les carences de la médecine de ville, multiplient les tâches qui sont maintenant affectées aux pompiers. La CGT n’a de cesse d’alerter les pouvoirs publics sur le manque de moyens chroniques des services publics. Pompiers, hôpitaux, écoles, collectivités locales… l’état se désengage partout, oubliant sans doute que nos services publics sont le premier rempart des citoyens dans la vie quotidienne et surtout en temps de crise, comme nous avons pu le voir lors de la pandémie du Covid. Macron n’a pas hésité à s’engager durant la crise sanitaire en parlant de la nécessité « d’interroger le modèle de développement dans lequel nous sommes engagés ». Il a martelé à de nombreuses reprises que l’état répondrait aux besoins des citoyens « quoi qu’il en coûte ».
Où sont passées ces belles promesses quand on voit la crise profonde où sont plongés tous les agents des services publics. Une crise qui met à mal tous les aspects de la vie des citoyens.
Des services publics à la hauteur des défis qui les attendent aujourd’hui et demain coûtent de l’argent, c’est une évidence. L’état qui a passé commande de 90 véhicules blindés de maintien de l’ordre pour un montant d’environ 60 millions d’euros (600 000€ l’unité) le sait bien et n’a pas lésiné sur ce montant. Le SDIS (camion citerne 200 000€ l’unité), les hôpitaux, les écoles, les collectivités… ont aussi des besoins et ils sont bien plus vitaux. Il serait temps d’y répondre « quoi qu’il en coûte » dans l’intérêt de tous les français.
Allouer des moyens matériels et humains pour le SDIS mais aussi pour la flotte aérienne de la sécurité civile
• Développer une vraie politique en faveur des services d’urgence des hôpitaux afin de recentrer les pompiers sur leurs véritables missions.
• Redonner de l’attractivité à la profession (salaire et conditions de travail décents).
• Recruter des pompiers volontaires.
• Rouvrir les petites casernes qui ont été fermées au nom de la rationalisation.
• Mettre en place une politique publique nationale de protection contre les incendies de forêts.

Mazan (Vaucluse) : Une semaine de grève à l’appel de la CGT sur le site d’Etex-Siniat à Mazanest.
Sur un des sites de production du groupe international et belge Etex, spécialisé dans les matériaux de construction, en particulier la production de plaques de plâtre. Les salariés avec leur syndicat CGT réclame une augmentation minimale et immédiate de 5% à cause de l’inflation.
Un mouvement de grève a débuté le 26 juillet sur ce site de production d’enduits pour les plaques de plâtre. Une production stoppée avec la carrière attenante à l’arrêt. Il y a 27 grévistes (chauffeurs, caristes, conducteurs de ligne…) parmi le personnel qui n’est pas en congés sur les 66 salariés que comprend Etex à Mazan.
La CGT ici majoritaire explique avoir interpellé la direction depuis le mois d’avril pour aller au-delà des 2,7% d’augmentation accordés lors de la négociation annuelle obligatoire.
La direction d’Etex Building Performance a proposé ce lundi au syndicat la reprise du travail immédiate avec la promesse d’ouverture de négociations le 2 septembre. Refus du syndicat qui poursuit le mouvement et maintient sa revendication principale avec “un talon de 100 euros d’augmentation par mois”.
Le groupe Etex France (ex-Lafarge puis Siniat) a rappelons-le, son siège social à Avignon-Agroparc et trois unités de traitement et production dans le Vaucluse avec Mazan, Carpentras et Cavaillon.

Clestra (Bas-Rhin) : En redressement judiciaire, les salariés restent sur le qui vive !
À la suite de l’audience du 25 juillet dernier, le tribunal judiciaire de Strasbourg confirme dans son délibéré le placement en redressement judiciaire pour une période de 6 mois à compter du 1er juillet 2022 de la société Clestra qui compte 400 salariés en France dont 300 à Illkirch-Graffenstaden (700 en tout dans le monde). L’entreprise qui a récemment fêté son centenaire est responsable de l’avenir de plusieurs centaines de familles, dont la grande majorité est issue des quartiers populaires de Strasbourg.
La colère gronde et les salariés se sente complètement démunis et seuls. Pour la CGT Métallurgie (syndicat majoritaire), il est inconcevable qu’une entreprise de cette envergure avec un carnet de commande rempli, soit mise en redressement judiciaire/dépôt de bilan à cause d’une cyberattaque aussi grave soit-elle.
Des interrogations subsistent notamment sur la provenance de l’attaque, dans un contexte de guerre en Ukraine, mais aussi de guerre économique !
La question de l’engagement de l’État se pose pour soutenir les entreprises confrontées à des cyberattaques : quelles préventions et quels accompagnements sont possibles afin de préserver l’activité et les emplois ?
Malgré la période des congés, les salariés restent vigilants et mobilisés pour la défense de leur emplois et la pérennité du site. Une prochaine audience est prévu le 12 septembre prochain.

Pontivy (Morbihan) : Alerte sur la fermeture de 20 lits à Kervénoaël.
La pénurie de personnel médical continue de faire des ravages dans les services du CHCB.
Faute de bras, le service de soins de suite et de réadaptation (SSR) gériatrique de Kervénoaël, à Pontivy, a fermé la semaine dernière. La CGT exprime sa « vive inquiétude ».
Rééducation, réadaptation et réinsertion. Ce sont les missions des services de soins de suite et de réadaptation (SSR) des structures médicales qui s’occupent principalement de personnes âgées. Mais, à l’hôpital de Kério du centre hospitalier de Centre-Bretagne, les vingt lits du SSR gériatrique ont dû fermer face à la pénurie de personnel de santé, fin juillet. Il ne reste qu’un établissement de ce type aux alentours, à Loudéac.
Conséquences sur les usagers :
La CGT a exprimé « sa plus vive inquiétude pour les conséquences sur la santé des usagers », d’autant plus que d’autres fermetures pourraient encore avoir lieu. « Une surcharge au niveau du site de Kério est à craindre ainsi que des durées de séjours plus courtes », prévient le syndicat dans un communiqué.
Il alerte également sur les conséquences de la mutualisation des moyens « pour l’unité de soins palliatifs et le service de néphrologie ». Une annonce qui intervient alors que plusieurs Ehpad ont fermé l’année dernière dans la région de Pontivy.

POMMIER (Hautes-Pyrénées) : Les salariés de l’entreprise POMMIER du groupe CAHORS sont en grève illimitée depuis plus de 50 jours, la production est totalement à l’arrêt.
Les salariés réclament l’ouverture d’une négociation salariale, toujours refusée à ce jour par la direction qui méprise les demandes et ose ignorer le Code du travail, ainsi que les élus de l’entreprise, et ignore aussi ses obligations de qualité et de sécurité vis-à-vis des donneurs d’ordres.
A Bagnères-de-Bigorre dans les hautes Pyrénées, 95% des salariés sont en grève dans une lutte solidaire, où les décisions se prennent collectivement. Malgré l’exemplarité de ce conflit, malgré la multiplication des initiatives, malgré une bonne visibilité dans la presse et malgré le soutien de la population et de certains élus locaux, le patron M. Libert ne fait aucune proposition, et laisse pourrir le conflit.
L’inspection du travail a été saisie pour des délits d’entrave et le non-respect du droit de grève. Alors que la santé financière et économique de POMMIER est bonne, et que les perspectives sont au rendez-vous, avec un carnet de commandes rempli, il n’est pas acceptable que de nombreuses familles de salariés travaillant chez POMMIER subissent des fins de mois difficiles.

Millau (Aveyron): Par manque de personnel, la CGT craint une fermeture de l’hôpital
Les représentants du personnel millavois alertent quant à la pharmacie, tenue par une seule personne.
Début juin, panique générale chez les représentants du personnel de l’hôpital de Millau. Comme c’est le cas dans d’autres centres hospitaliers, la main-d’œuvre manque et les urgences menacent de fermer partiellement en été, lorsque l’activité est au plus haut. Au mois de juillet, les choses sont arrangées et les blessés estivaux du Sud-Aveyron seront pris en charge sur les hauteurs de la cité du gant. Néanmoins, les mêmes délégués syndicaux, présents aux différentes commissions de l’hôpital, demeurent inquiets par rapport à la pharmacie. “Actuellement, une seule pharmacienne est présente sur le CH », écrivent les représentants de la CGT dans un communiqué. Elle effectue des journées de travail de 10 h consécutives, du lundi au vendredi inclus plus les astreintes tous les jours de 18 h à 8 h, matin et week-ends. Au mois de juillet, elle a travaillé 28 jours de suite. On recherche une personne depuis le mois d’avril, déclare la directrice. On a reçu deux candidats avec qui l’entretien n’a rien donné, un troisième doit rendre sa réponse à la fin du mois d’août !!!
“Nous ne fermerons pas l’hôpital”
La personne actuellement en poste est aidée par une pharmacienne retraitée. Elle soulage son temps de travail. “Si la pharmacienne vient à attraper le Covid, l’hôpital devra fermer !”, alertent les délégués syndicaux. En effet, si tel est le cas, le CH ne pourrait plus accueillir de patients. Elles sont deux à l’hôpital de Saint-Affrique, une pourrait être réquisitionnée pour suppléer une absence à Millau, rassure la directrice !!! Nous ne relativisons pas le problème, on sait que la situation est compliquée pour la personne en poste. On essaie de mettre en œuvre un maximum de choses pour l’aider. Nous ne fermerons pas affirme t-elle !!!
“Les urgences sont en surchauffe”
Une fois les murs de la pharmacie franchis, c’est à l’accueil des urgences que la CGT se rend. Là où “des patients ont dormi sur des brancards dans des couloirs”, détaillent les représentants du personnel. 12 patients ont notamment été accueillis sur des “lits-porte” (hospitalisation de courte durée) en simultanée alors que les urgences comptent habituellement trois places pour ces prises en charge. “Autour de nous des lits ferment et on a de plus en plus de mal à hospitaliser les patients ». Cela induit que les patients restent plus longtemps dans le service des urgences. L’engorgement des urgences est lié à l’absence de lits en médecine. Si le service millavois est en surchauffe, pour reprendre les termes de la CGT, il n’est pas plus fréquenté que l’an passé. Au 22 juillet, le Smur de Millau comptabilisait 10 patients pris en charge, contre 27 à la fin du mois de juillet 2021. Toujours à la même date de 2022, 1047 patients ont été accueillis aux urgences, contre 1063 l’année précédente.
Après la constatation des dysfonctionnements à la pharmacie et aux urgences, les délégués syndicaux de la CGT ont alerté l’inspection du travail, le procureur de la République et l’Agence régionale de santé, quant à la situation millavoise. “Nous exigeons des mesures », affirme les représentants du personnel.
Nous refusons le tri des patients et exigeons des moyens pour que le système de santé soit en capacité de couvrir les besoins de la population. Si les personnels sont remontés, la situation millavoise n’est pas une exception. “Ça arrive maintenant à Millau mais c’est quelque chose de récurrent dans d’autres établissements, explique la directrice du CH de Millau. C’est une situation qui perdure depuis que l’on ferme des lits.”
Et la CGT de reprendre : “Avec la fermeture de 100 000 lits, nous sommes dans une situation catastrophique.”

Prison d’ Arles :
Blocage de la prison d’Arles le jeudi 4 aout, par la CGT Pénitentiaire et l’Ufap Unsa Justice. Les syndicats s’opposent aux procédures disciplinaires à l’encontre d’un agent suite à la mort d’Yvan Colonna. « Ce surveillant est un bouc émissaire. […] Pour nous, les fautes qui ont été commises viennent de l’administration pénitentiaire dans sa globalité, du ministère de la justice », ont dénoncé les syndicalistes.

PACA : La lutte pour sauver les hôpitaux !
Face à des urgences fermées ou saturées, la coordination régionale CGT Paca s’est mobilisée lundi 1er juillet devant l’hôpital Pasteur à Nice. Le personnel soignant est à bout, le système de santé exsangue.
“L’hôpital est en train de mourir de la maltraitance qu’il subit » diagnostique laconiquement le secrétaire général de l’union locale CGT à Nice. Le responsable syndical était présent ce lundi 1er juillet sur le parvis de l’hôpital Pasteur aux côtés d’une centaine de membres du personnel hospitalier (infirmiers, aides-soignants, employés administratifs etc.) Un rassemblement qui concerne l’ensemble des hôpitaux de la région, tous en proie à un affaiblissement de leur capacité d’accueil et de fonctionnement. La situation des services d’urgence était au cœur des prises de parole.
À Draguignan, « ça fait 40 semaines que les urgences sont fermées la nuit », relate la secrétaire générale CGT de cet hôpital varois. À l’hôpital Pasteur à Nice, « le service d’urgence, pourtant l’un des plus importants du pays, a été saturé durant le mois de juillet ». Un soignant dit « avoir mal au bide de devoir réorienter des patients vers des établissements privés ».
Des fermetures occasionnelles et des seuils de saturation atteints que l’on retrouve dans la plupart des hôpitaux, tous confrontés à une hausse importante de leur fréquentation durant la période estivale, et à un manque criant de personnel et de lits disponibles.
Face à des urgences sous-financées et en incapacité de fonctionner, le ministre de la Santé François Braun a, dans le rapport de sa mission « Flash » publié le 30 juin dernier, enjoint les citoyens à limiter leur déplacement aux urgences. Des solutions alternatives sont à privilégier, comme un appel préalable au 15 ou la consultation de son médecin traitant. Des mesures de limitation d’accès aux soins qui indignent les professionnels du secteur. « Trier les patients, c’est inacceptable » pour un adjoint administratif à l’hôpital de Draguignan. « Avec le rapport Flash et la fermeture des urgences le soir, le gouvernement demande aux malades de ne pas mourir la nuit » précise-t’il. Cette injonction vise à « éduquer les patients à ne plus venir à l’hôpital [et] favorise la privatisation de la santé ». « Sanctuariser la santé publique ». Des urgences qui n’ont plus les moyens de porter secours donc, et une institution hospitalière « gérée comme une usine de boîte de conserve », ironise un militant, pour qui il est essentiel de « sanctuariser la santé publique ». Avec la suppression de plus de 17 000 lits en cinq ans, « des opérations sont déprogrammées et l’offre de consultation s’amoindrit » prévient-il. Le manque de personnel, harassé ou non remplacé, est également au cœur de cette dégradation des soins. Dans son rapport, François Braun préconise la mise en place de structures mobiles d’urgence et de réanimation (Smur) composées uniquement d’infirmiers, faute de médecins disponibles. Une logique de traitement au rabais qui encore une fois pénalise avant tout les usagers. Aide-soignant à Nice, Jean-Laurent a assisté à la fermeture du service gériatrie dans lequel il travaillait. Il a été « redéployé » dans d’autres services pour combler les manques. À Draguignan, « les urgences sont à 7 employés en temps plein alors qu’il en faudrait 22, les gens se barrent, il n’y a plus aucune attractivité », conclut un autre aide-soignant.Pour juguler la casse dont il est victime, l’hôpital exige des moyens à la hauteur de sa mission : soigner. La revalorisation des salaires, l’arrêt des fermetures de lits, « un plan de formation et d’embauche massif, la réintégration du personnel suspendu » ou encore la mobilisation de tous les médecins, sont des mesures revendiquées, et qui continueront à l’être le 22 septembre lors de la journée nationale d’action de la santé.

Transport aérien européen : Décollage des profits et accroissement de l’exploitation des salarié-es.
Le 16 juillet 2022 se sont réunis, par vidéo conférence, des délégués des travailleurs du transport aérien (Espagne, Italie, France et Portugal) d’organisations syndicales appartenant au réseau syndical international de solidarité et de lutte, pour discuter de la situation explosive qui caractérise le secteur, avec la phase post pandémie, et la fin des restrictions et fermetures.
Partant du fait que nous sommes toujours en pleine pandémie, avec une nouvelle vague d’infections et de décès à travers l’Europe, le secteur aérien a redémarré à grande vitesse dès la levée des restrictions, avec un pourcentage de vols et de passagers transportés qui dépasse les chiffres de l’été 2019, une hausse qui génère un chaos général dans tous les grands aéroports. Ce sont déjà des milliers de vols qui ont été annulés par les grandes compagnies aériennes majeures et low cost.
Et bien d’autres ont été annulés pour les semaines à venir : Lufthansa à elle seule a annulé plus de 5000 vols cet été. Et l’aéroport d’Heathrow s’est fixé une limite maximale de passagers par jour. Dans chaque aéroport il y a des retards, des annulations, de longues files d’attente et des centaines de bagages perdus avec une forte augmentation du prix du billet, également en raison de la crise énergétique.
Tout cela est le résultat de la gestion capitaliste de la crise pandémique dans ce secteur, dans laquelle le seul but était de préserver les profits des grandes multinationales, alors qu’aux travailleurs du secteur ils n’ont réservé que des licenciements, secs ou aidés ou avec chômage partiel, de la précarité et de fortes baisses de salaire, rendant le secteur non préparé à la reprise des vols, avec insuffisance de personnels dans tous les aéroports et entreprises, avec des conditions de travail inacceptables, tant pour ceux qui ont continué à travailler que pour les nouveaux entrants dans ce secteur.
Ces conditions créent une situation explosive avec plusieurs mobilisations dans divers aéroports européens, et également à travers des initiatives spontanées de travailleurs comme cela s’est produit à Amsterdam et Bruxelles. Les grèves de salariés des compagnies aériennes low cost (Ryanair, EasyJet, Volotea, Transavia…) sont également importantes, avec même des journées de grève unitaires (25 juin, 13 juillet) en Italie, France, Portugal et Belgique.
Le transport aérien connaît la même situation en Italie, France, Espagne et Portugal avec un sous-effectif généralisé dans tous les secteurs, des baisses de salaire, une augmentation de la précarité et de la flexibilité qui rend les conditions de travail insoutenables, également en raison de la détérioration des conditions climatiques, générant une dégradation des services rendus aux passagers.
Les compagnies Tap et Alitalia ont connu de graves attaques, aux prises avec des restructurations imposées par l’union Européenne: la Compagnie portugaise a imposé aux travailleurs une baisse de salaire allant jusqu’à 45% pour obtenir un financement de la commission européenne et de l’entreprise Ground Force (entreprise de handling filiale à 49% de Tap) et s’est déclarée en insolvabilité. Alitalia, en revanche, a été totalement effacée de l’histoire et remplacée par la nouvelle nano entreprise Ita Airways qui a licencié 5000 travailleurs, malgré une longue et dure lutte menée par Cub Trasporti et le All Board Committee.
En France, Air France profite des financements publics (7 milliards) et de la hausse des prix des billets.
Il y a eu plusieurs luttes, pourtant séparées entre elles, qui voient à la fois le personnel navigant commercial de Transavia (low cost d’Air France) comme protagoniste que les personnels aéroportuaires. La grève du 1er juillet à l’aéroport de Roissy Cdg a été importante.
En Espagne, une importante mobilisation des pilotes et hôtesses de l’air des compagnies low cost EasyJet et Ryanair est en cours. À la fin de la réunion il a été proposé d’organiser une nouvelle réunion en ligne plus large, et aussi envisager une rencontre physique à programmer dès que possible, dans le but d’élargir le groupe de {discussion et d’intervention dans le secteur aéronautique. À commencer par un soutien inconditionnel de la Fédération Syndicale Mondiale à toutes les luttes qui se déroulent dans les aéroports européens.

Royaume-Uni : Les salariés de British Télécoms en grève pour la première fois depuis 35 ans
Le dialogue social se tend chez l’opérateur historique britannique. Face à une inflation de plus de 9 %, le syndicat CUW juge insuffisante la hausse de salaire de 1.500 livres proposée par la direction.
Après avoir fait face à une grève du ferroviaire, les Britanniques doivent maintenant composer avec celle des réseaux de télécommunications. Pour la première fois depuis 35 ans, 40.000 employés de l’opérateur historique BT se sont mis en grève vendredi dernier puis à nouveau lundi, à l’appel de leur syndicat, le Communication Workers Union (CWU). Ils réclament de meilleures revalorisations salariales face à une inflation de 9,4 % au Royaume-Uni. Cette grève s’inscrit dans une série de mouvements sociaux qui ont touché les cheminots, les postiers, et pourraient s’étendre aux médecins et aux enseignants.
La direction de BT a proposé une hausse de salaires de 1.500 livres (environ 1.800 euros), représentant une augmentation de 3 % à 8 %, selon le salaire de base. C’est insuffisant, compte tenu de l’inflation, aux yeux du CWU, le syndicat représentant 40.000 des 100.000 salariés de BT, notamment les employés des call centers et les techniciens entretenant le réseau. Son secrétaire général, Dave Ward, estime que ses adhérents doivent être autrement mieux récompensés pour avoir « maintenu le pays connecté durant la pandémie ».
Selon le CWU, le mouvement a été « solide comme un roc » vendredi, avec environ 400 piquets de grève à travers le pays. Pour autant, le PDG a maintenu cette proposition de 1.500 livres. « C’est de l’histoire, c’est fait. Il n’y aura pas de gagnant à cette action », a-t-il déclaré à la veille du mouvement, notant que les gens n’allaient « pas être payés quand ils sont en grève. »
Ce discours est loin d’avoir apaisé le leader syndical qui, sur Sky News vendredi matin, accusait le dirigeant « d’arnaquer ses salariés et ses clients ». La veille, BT avait annoncé une hausse de tarif pour suivre l’inflation. « Ne nous faisons pas d’illusion, nous devons passer à nos clients les hausses de prix auxquelles nous faisons face sur notre base de coûts, comme n’importe quelle entreprise. Les temps sont durs, très durs », a le PDG. Le groupe a annoncé pour le premier trimestre un résultat opérationnel de 1,9 milliard de livres (2,2 milliards d’euros), en ligne avec les prévisions des analystes.
Hausse de rémunération de 32 %.
Plus problématique dans ses relations avec les syndicats, le PDG Philip Jansen a perçu l’an dernier une rémunération en hausse de 32 % à 3,5 millions de livres (4,1 millions d’euros). « Il a eu une hausse de 32 %. Le groupe a reversé 750 millions de livres aux actionnaires. Cela ne peut plus continuer. Les gens ne supportent plus cela », a lâché le responsable syndical à la presse.

Source : Résumé des questions économiques et sociales: semaine n° 82 du 10 aout 2022 (sitecommunistes.org)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *