Retraites : la « démocratie sociale » ? Vraiment ? (io.fr-6/07/25)

Le président du Medef, Patrick Martin, en mars 2025 (photo AFP)

Que se cache-t-il derrière la proposition de « nouvelle gouvernance » des retraites mise en avant lors du conclave ? Réponse dans le programme du Medef lui-même.

Par Nicole BERNARD.

François Bayrou a insisté, dans les « objectifs d’intérêt général » définis par le conclave, sur la modification de la « gouvernance » des retraites. Il y aurait un consensus sur les bienfaits d’une « gestion par les partenaires sociaux ». En réalité, le plus farouche partisan de cette « démocratie sociale », c’est le Medef. Et ce n’est pas d’aujourd’hui.

En novembre 2001, le Medef publie un document intitulé « Pour une nouvelle architecture de la Sécurité sociale ». Dans ce texte programmatique, le Medef établit que chaque branche de la Sécurité sociale est indépendante.Il n’y aurait plus de Sécurité sociale au sens de l’article 1 de l’ordonnance de 1945 qui dit : « Il est institué UNE organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. ».

À la place, il y a plusieurs organisations : la santé, « avec des éléments de concurrence » ; les prestations familiales gérées par l’État ; les retraites gérées par les « partenaires sociaux » dans le but de : – « Rétablir l’équilibre financier » ; – « mettre en place des systèmes de retraite par capitalisation » ; – « ajuster les paramètres de liquidation en fonction de l’espérance de vie » ; – « maintenir à leur niveau actuel les taux de cotisation » ; – « aller vers un seul régime par points placé sous la responsabilité des partenaires sociaux ».

L’« innovation » de la gestion par les « partenaires sociaux » n’est donc rien d’autre que le programme du Medef de 2001.

Rien d’autre que le programme du Medef

Un simple exemple permet de comprendre l’arnaque : en début d’année, la censure du gouvernement Barnier a emporté, avec le gouvernement censuré, son projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui limitait la revalorisation des pensions à 0,8 %. Elles ont été augmentées, conformément aux droits Sécurité sociale (article L161-25) de 2,2 % correspondant à l’inflation.

Et les pensions Agirc-Arrco (retraites complémentaires) gérées par les partenaires sociaux ?

Elles ont été augmentées de 1,6 % au 1er novembre 2024, soit moins que l’inflation. Pourquoi ? Parce que les « partenaires sociaux » sont « responsables » ! Cela s’appelle le « coefficient de soutenabilité ». Avec ce coefficient de soutenabilité, les retraites complémentaires se font remarquer par le fait que la valeur du point à l’achat augmente très régulièrement1 tandis que la valeur du point retraite diminue !

Serait-ce cela qui suscite l’enthousiasme du Medef ?

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/07/05/retraites-la-democratie-sociale-vraiment/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/retraites-la-democratie-sociale-vraiment-io-fr-6-07-25/

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