Royaume-Uni. Liz Truss, une nouvelle Dame de fer (LH.fr-5/09/22)

Liz Truss, la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni.

Portrait-Après sa désignation par les adhérents du Parti conservateur, la ministre de 47 ans va succéder à Boris Johnson à la tête du pays. Elle sera la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May dans l’histoire du Royaume-Uni. La nouvelle locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, face auquel elle se présente en digne représentante de Margaret Thatcher…

C’est la nouvelle Dame de fer britannique. Après une campagne très à droite, Liz Truss a été désignée ce 5 septembre par les 160 000 adhérents pour prendre la tête de Parti conservateur. Ce qui ouvre la voie à sa désignation comme première ministre, après la démission de Boris Johnson, le 7 juillet.

Sur le plan international, une ligne inquiétante

À 47 ans, Elizabeth Truss, née à Oxford, se présente en digne représentante de Margaret Thatcher, qui dirigea le Royaume-Uni entre 1979 et 1990. Un héritage assumé sur le plan de l’ultralibéralisme, puisque la ministre des Affaires étrangères s’affiche en grande partisane du libre-échange et d’une réduction des services publics. Les problèmes économiques viendraient des Britanniques qui ne travailleraient pas assez, a-t-elle déjà déclaré par le passé.

Sur le plan diplomatique, elle défend un ton atlantiste vis-à-vis de la Russie, en menaçant le pays d’appuyer sur le bouton nucléaire, et elle veut inclure la Chine dans la liste des « menaces officielles » pour la sécurité nationale britannique. Une ligne inquiétante qui la pousse à défendre des alliances avec les États-Unis, l’Australie et les membres du Commonwealth (organisation interétatique fondée sur l’ex-Empire britannique) contre l’Union européenne.

Le soutien de l’aile droite des conservateurs

La nouvelle Dame de fer avait déjà envisagé de prendre la tête du parti après la démission de Theresa May, en mai 2019. À la suite de la victoire de Boris Johnson, elle s’était rangée derrière lui. Un soutien qui lui avait valu un portefeuille ministériel. Poste qu’elle a déjà occupé lors des gouvernements conservateurs précédents sous David Cameron et Theresa May.

Sa stratégie est d’avoir le soutien de l’aile droite des conservateurs. Étant donné le contexte social et économique, ce virage à droite assumé donne déjà une réelle idée de l’orientation du futur gouvernement. « Il y a trop de discussions sur le fait qu’il va y avoir une récession. Je ne crois pas que ce soit inévitableNous pouvons libérer des opportunités ici, en Grande-Bretagne », affirme-t-elle dans un entretien accordé au Sun, dimanche.

Un ton optimiste qui inquiète alors que le pays connaît une inflation de plus de 10 %, des factures énergétiques qui ont grimpé de 80 % et une récession imminente. Les médias évoquent « la plus grave crise du niveau de vie depuis une génération ». Une situation économique qui a poussé les syndicats de nombreux secteurs à multiplier les mouvements de grève, historiques, depuis le mois de juillet.

Face à la crise énergétique, son silence inquiète déjà 

Face à la crise énergétique qui s’annonce comme une urgence nationale, la future première ministre est restée silencieuse. La députée de Thetford, dans le comté de Norfolk, au nord-est de Londres, a préféré dénoncer les subventions, car elle était contre l’ « aumône ».

L’augmentation des factures d’énergie expose des millions de ménages britanniques au risque d’une catastrophe hivernale. Selon Ofgem, le régulateur du marché du gaz et de l’électricité au Royaume-Uni, le plafond des prix de l’énergie aura triplé en un an et les factures moyennes augmenteraient de 500 à 700 livres (818 euros) par mois ; 9 millions de personnes pourraient se retrouver en précarité énergétique.

De nombreux députés du Parti conservateur ont alerté l’équipe de campagne de Liz Truss inquiets de son silence alors qu’un grand nombre d’entreprises et des pans entiers du secteur public sont également touchés.

La future première ministre évoque un plan de 50 milliards de réductions d’impôts et prévoit d’augmenter le forage pétrolier en mer du Nord. « Ce n’est pas un plan pour aider les payeurs de factures, mais un cadeau aux géants des combustibles fossiles qui gagnent déjà des milliards grâce à cette crise. Le nouveau pétrole et le gaz pourraient prendre un quart de siècle à être pompés, seront éventuellement vendus aux prix mondiaux et n’auront aucun impact réel sur les factures d’énergie, mais alimentent toujours la crise climatique », analyse le docteur Doug Parr, responsable scientifique chez Greenpeace.

Autre inquiétude : l’Irlande du Nord. Le projet de loi sur le protocole est rejeté par l’ancienne ministre des Affaires étrangères. Son futur gouvernement entend déclencher l’article 16, prévu entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne dans le cadre du Brexit. Il permet à l’une ou l’autre des parties de prendre des mesures unilatérales si le protocole cause « de graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales susceptibles de persister », ou un détournement de trafic. Le Sinn Féin a dénoncé des « menaces imprudentes » et un « mépris total du gouvernement britannique pour les souhaits démocratiques des personnes et des entreprises ici ». Liz Truss fait déjà l’unanimité contre elle.

source: https://www.humanite.fr/monde/royaume-uni/royaume-uni-liz-truss-une-nouvelle-dame-de-fer-762335

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