Sa facture d’électricité flambe, une boulangerie du Relecq-Kerhuon va fermer(LT.fr-22/12/22)

Le Relecquois Christophe Launay et son fils, apprenti, Yannick, fabriqueront les dernières baguettes du Fournil de Fred le 31 décembre. Sonné par une facture d’électricité passant de 1 500 à 7 000 €, il placera sa boulangerie en liquidation.
Dans l’incapacité de régler une facture d’électricité qui a plus que quadruplé, Christophe Launay fermera définitivement sa boulangerie du Relecq-Kerhuon, le soir du 31 décembre.

En signant un nouveau contrat avec EDF, en septembre 2022, précisant le passage d’un tarif de 17 à 51 centimes d’euro le kw-heure, Christophe Launay se doutait bien qu’il allait casquer. Mais pas de recevoir un tel coup de massue en découvrant la facture du mois d’octobre. « On me réclamait 9 373 € ! Sur la base d’une estimation de consommation de 18 302 kW-heure alors que je n’ai jamais dépassé les 7 000 », jure le patron boulanger du Fournil de Fred, au Relecq-Kerhuon.

À la demande de son client, EDF a d’ailleurs effectué un relevé de consommation réelle qui a abaissé la note. Mais même réduite à 6 994 € (soit 14 000 kW-heure et donc deux mois de consommation), elle reste trop salée, comparée aux 1 500-1 600 € mensuels dont il s’acquittait avant la révision de son contrat.

« On ne pourra pas payer »

« On ne pourra pas payer 7 000 € », prévient sa compagne, Sabrina Le Landais. « Le fournisseur ne nous accorde même pas un échéancier de remboursement. Il ne veut pas, non plus, défalquer de la note d’octobre les 2 316 € qu’il nous doit à la clôture du précédent contrat. On doit d’abord payer, ensuite il nous remboursera », se désole Christophe Launay. Bien sûr, on peut lui objecter qu’il n’a qu’à payer pour percevoir un dû qui amortira la douloureuse. Le problème ne serait que retardé. Il devra régler les échéances suivantes. Peut-être pas aussi fortes mais encore au-dessus de ses moyens.

Aucune marge de compensation

« Je ne vois pas comment réduire notre consommation. On a déjà pris des mesures, comme d’arrêter de cuire à 10-11 h pour pouvoir couper le four. Ce n’est pas suffisant. Il faudrait que nous bénéficiions d’un bouclier tarifaire. Je ne rentre pas dans le cadre du tarif bleu (le plus économique), accordé à ceux dont la somme des appareils électriques ne dépasse pas 36 kW. Mon four fait cette puissance à lui seul ».

« Je ne vais quand même pas vendre la baguette à 5 € et le gâteau à 15 € ! »

Cette flambée tombe d’autant plus mal alors que l’augmentation tout aussi affolante de la matière première grignote les marges. « Je ne vais quand même pas vendre la baguette à 5 € et le gâteau à 15 € ! »

« Tous les boulangers vont être démontés »

Arès avoir fait plusieurs fois le tour du problème, Christophe Launay a pris une décision. Radicale. « Je demanderai le placement de la boulangerie en liquidation judiciaire. Elle fermera le 31 décembre ». Déçu pour sa clientèle, le Relecquois tient aussi à la rassurer sur son propre avenir. Le boulot n’effraie pas celui qui enquille les journées de 14-15 h dans sa boulangerie. Il pense rebondir rapidement dans un boulot de salarié. Pas forcément dans le métier.

Il ne se fait pas trop de soucis, non plus, pour l’avenir de ses deux apprentis, dont son fils Yannick, en les imaginant trouver rapidement un autre employeur. Quoi que la liste des repreneurs potentiels risque de se réduire. « Tous les boulangers vont être démontés par ces tarifs d’électricité. Ce sera pire pour ceux qui tournent au gaz ».

Yann LE GALL

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/sa-facture-d-electricite-flambe-une-boulangerie-du-relecq-kerhuon-va-fermer-22-12-2022-13247377.php

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