Surprise ce vendredi 6 janvier, à 3 h 30, au moment de partir en mer. Cinq navires de pêche ont décidé de bloquer la sortie du bassin Bouvet, dans le port de Saint-Malo. Ils souhaitent alerter sur le prix très bas de l’araignée et paralyser le marché.
« Pourquoi sortir en mer si ce n’est plus rentable ? Entre les prix cassés de l’araignée, la hausse du coût du gasoil et l’inflation, la situation n’est plus tenable pour les pêcheurs. » Ce constat de Franck Le Doussal, patron du fileyeur Times Kloé, était partagé par plusieurs pêcheurs du port de Saint-Malo. Alors ce vendredi 6 janvier, ils ont décidé d’une action coup de poing.
À 3 h 30, à l’heure de partir pour la marée, cinq bateaux ont bloqué le pertuis du bassin Bouvet, empêchant de sortir en mer. Tous les autres sont restés à quai. Seuls deux bateaux, qui étaient au mouillage, ont pu aller pêcher. Ce blocage devrait durer, a minima, jusqu’à lundi soir pour paralyser le marché de l’araignée.
« L’araignée au prix du pain »
« Actuellement, on vend l’araignée à peine plus cher qu’une baguette de pain. Pour le mois de décembre, qui est habituellement le meilleur de l’année, nous avons gagné 40 à 50 % de moins que les années précédentes. On ne comprend pas que le cours soit tombé si bas », poursuit Franck Le Doussal. Pour faire réagir, ils veulent opérer un véritable blocus « pour réguler le marché ».
Une réunion s’est tenue ce vendredi matin avec le comité départemental des pêches. « L’objectif du blocage était de forcer tous les pêcheurs malouins à se mettre autour de la table pour discuter. Désormais, un bras de fer est engagé avec les mareyeurs espagnols, qui sont les principaux clients des pêcheurs, pour qu’ils arrêtent de tirer les prix vers le bas comme ils l’ont fait en décembre », précise Philippe Orveillon, le président du comité. Avec la raréfaction du bulot, beaucoup de pêcheurs se sont plutôt orientés vers l’araignée, créant davantage d’offres et faisant jouer la concurrence.
Blocage jusqu’à lundi soir
Habituellement, l’araignée se vend aux alentours de 2 € le kilo. Actuellement, elle est plutôt à 1,60 € le kilo. « Cela peut paraître peu mais rapporté à la tonne, c’est un manque à gagner », poursuit le patron des pêcheurs. Il a été convenu que les bateaux resteraient dans l’écluse jusqu’à lundi soir, le temps que chaque armateur malouin entame des discussions avec ses clients espagnols. « Aucun crabe ne quittera Saint-Malo d’ici mardi, en espérant que le problème sera résolu d’ici là », espère Philippe Orveillon.
Les patrons d’armement, comme Loïc Escoffier dont trois bateaux font partie du blocage sans qu’il ait été informé, espèrent une résolution rapide. « C’est compliqué pour tout le monde en ce moment. Il y a des choses à revoir sur les prix et la concurrence. Mais bloquer l’activité pendant plusieurs jours serait selon moi contre-productif. »
Auteur : Émilie CHASSEVANT.