Bien sûr, il y a déjà eu plus, beaucoup plus de monde dans la rue, pour manifester contre la réforme des retraites. Mais cette 14e journée a encore mobilisé, sous le soleil.
« Je les ai toutes faites ! » s’amuse Marie, 67 ans, alors que le cortège a déjà plus d’une heure de manifestation dans les jambes. Et ça fait ? « Quatorze ! » poursuit la retraitée, mobilisée ce mardi contre « un ensemble de tout… »
S’il fallait résumer sa grogne à elle, ce serait plutôt « le pouvoir d’achat, un souci. » Surtout quand « on a travaillé toute sa vie, élevé trois filles et qu’on finit avec 1 100 € de retraite et un loyer de 400 €. On fait quoi, après ? » Marie, elle, allonge chaque jour la liste de ses petits plaisirs perdus, « le gel douche, un thé en terrasse. »
Alors, comme les centaines de manifestants qui se sont une nouvelle fois mobilisés contre la réforme des retraites – 680 selon la police, « un millier », côté syndicats – elle a avalé les quelques kilomètres d’un parcours parti de la médiathèque jusqu’à l’hôpital, Saint-Servan, puis retour à la médiathèque deux heures plus tard, par le Naye et le quai du Val. Deux heures de marche revendicative. La banderole intersyndicale est toujours là – Solidaire, CGT, FO, CFDT, FSU, Unsa, CFE-CGC – ouvrant le cortège de tous les ras-le-bol, fatigue, inquiétude, colère parfois.
René, 76 ans, « contre Macron, et le lit qu’il fait au Front national », reste accroché au problème des retraites : « Quand je suis parti, à 60 ans, j’étais arrêté depuis deux ans. Le dos cassé. » Alors de ceux appelés à partir plus tard, « beaucoup ne tiendront pas jusqu’à 64 ans. »
D’ailleurs c’est pour cela qu’Isabelle, retraitée elle aussi, est de toutes les manifs. « Je ne pense pas que cela puisse encore changer quelque chose, pour les retraites. Mais cela dit que de la manière dont ça s’est passé, ce n’est pas digéré et qu’il faut soutenir les futurs retraités. » Si d’autres manifs s’annoncent, « oui, je continuerai ». Et puis, « les prochains, la réforme ils pourront la défaire », espère Laurent.
« Vert Baudet, ça a payé »
C’est cette persistance de la mobilisation, 14 épisodes plus tard, qui a parfois surpris dans les rangs. Dans une ville qui a déjà mobilisé plus de 3 000 manifestants, et jusqu’à 4 000 selon les syndicats, tout au long de ce mouvement contre la réforme des retraites, mais connaît habituellement aussi les manifs à 300, 350 personnes, un petit tour devant la sous-préfecture et bye bye.
« Les gens veulent s’exprimer. Hier, on a été reçus en sous-préfecture. Ce qui s’y est dit, ce sont les salaires qui n’augmentent pas, contrairement à l’inflation. Et que tout ce qui se passe, partout, ce gouvernement qui emploie les méthodes antidémocratiques que permet la Ve République, c’est insupportable », analyse Jean-Michel Groisier, militant CGT.
Alors, « il ne faut pas baisser les bras. Vert baudet, ça a payé. Il faut se mobiliser. Pour la hausse des salaires, contre les licenciements. Il y a un ras-le-bol général, pas de sous pour les écoles, les hôpitaux, les gens, mais + 40 % pour la loi de programmation militaire, c’est de la destruction », peste le syndicaliste.
On a entendu une tentative de slogan, « la retraite à 60 ans, on s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder » et quand le mégaphone a crié « Tous chez Bourgeaux ! » personne n’a bougé.
Cette manif, c’est « la réponse sociale et écologique à la méthode Macron, je décide, je fais, et rien n’existe autour », dénonce Alexandre. Et puis, prévient ce cégétiste, « si les dés sont jetés pour la retraite, cela peut très bien repartir sur quelque chose d’autre ! »
Auteur : Brigitte SAVERAT-GUILLARD.
Source : Saint-Malo. Encore 700 manifestants, dans le cortège (ouest-france.fr)
URL de cet article : Saint-Malo. Encore 700 manifestants, dans le cortège. ( OF.fr – 06/06/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)