Saint-Malo. La profession de pêcheur ne fait plus rêver les jeunes. (OF.fr – 06/08/23)

Jean-Yves Bourcier, William Chevalier et Pierrick Lemoine sont tous les trois d’anciens pêcheurs à la retraite. | OUEST-FRANCE

Ce samedi 5 août 2023, à Dinard, c’était la Fête de la pêche. L’occasion de faire le point sur la profession.


Jean-Yves Bourcier, pêcheur à la retraite, animait la 18e édition de la Fête de la pêche au profit des orphelins des marins péris en mer, ce samedi 5 août 2023. En plus de montrer les produits locaux, il souhaitait aussi mettre la lumière sur sa profession. «  J’ai pêché l’araignée de mer quasiment toute ma vie. Il faut savoir que Saint-Malo est le principal port français de pêche à l’araignée. On va être à près de 3 500 tonnes cette année. C’est un bon chiffre qui est sans arrêt en augmentation. »

L’ancien pêcheur a vendu son bateau il y a quelques années. « J’ai cédé mon affaire à celui qui me servait de second, avoue-t-il. Il a gardé l’équipage. Je tenais absolument à ce que le bateau reste à Dinard. » Si la pêche côtière se porte plutôt bien, il reconnaît aussi que ce n’est pas un métier facile. « Il faut se lever tôt et par tous les temps ! Ça n’attire plus vraiment les jeunes. »

Un métier difficile

« Pêcheur, c’est un beau métier, ça c’est sûr. Mais nous avons du mal à trouver des jeunes pour prendre la relève. » William Chevalier est un ancien patron de pêche à Saint-Malo. Il a pris sa retraite en mars 2023. Un mois après, il faisait détruire son bateau. « Ça me fait mal au cœur, mais personne ne me l’aurait racheté. C’est un bateau qui avait plus de 35 ans. Par rapport aux bateaux qui sortent maintenant nous n’étions plus à l’heure. »

Depuis le Brexit, le pêcheur avait des nouvelles contraintes. Il a donc choisi de bénéficier du plan d’accompagnement individuel. Celui qui n’a toujours pratiqué que la pêche au large reconnaît qu’aujourd’hui les conditions sont difficiles. « Si on veut se lancer, ça coûte très cher. Je pense qu’il y a une réticence à ce niveau-là car il faut pouvoir rentabiliser le bateau  », se désole-t-il. Pour lui, l’aspect financier n’est pas le seul frein : « Partir en mer deux semaines, il n’y a plus beaucoup de gens qui veulent faire ça. » Il a commencé à 16 ans. « Chez moi, personne n’est marin. J’habitais aux Bas-Sablons, à Saint-Malo, et un voisin qui naviguait m’a emmené en mer un jour. Depuis, j’ai pris ma vocation. »

Une vocation

La vocation, c’est aussi ce qui animait Pierrick Lemoine, à la retraite depuis sept ans. « C’est un métier spécial que j’ai choisi et qui m’a toujours plu. Je l’ai dans la peau, sourit-il. Des beaux souvenirs, j’en ai beaucoup : des couchers de soleil en mer, des coups de chaluts avec des tonnes et des tonnes de poissons, des grosses tempêtes avec 100 nœuds de vent et 12 m de creux. J’ai eu la chance de ne jamais avoir eu d’accident. »

Lui aussi a démarré sa carrière à 16 ans. Il a ensuite pratiqué la pêche au large pendant quarante ans. « J’ai embarqué en 1974 sur mon premier bateau. À l’époque, on ne partait qu’une semaine. Ensuite je suis parti sur des bateaux plus gros, des 24 m, on partait entre 10 ou 15 jours. » Il rappelle aussi fièrement avoir travaillé pendant deux ans sur la Grande Hermine, pour la pêche à la morue. Et que ce métier n’est pas sans risque : « I l arrive des drames. Quand le bateau de la Grande Hermine est sorti de chantier, on a fait des essais au large de la côte anglaise. Pendant une manœuvre, on a perdu le chef ramendeur. Il est tombé à l’eau et on ne l’a jamais retrouvé. »

Organisée depuis près de vingt ans, la fête de la pêche est aussi l’occasion de mettre en avant la profession. | OUEST-FRANCE

Auteur : Sophie BACONIN.

Source : Saint-Malo. La profession de pêcheur ne fait plus rêver les jeunes (ouest-france.fr)

URL de cet article : Saint-Malo. La profession de pêcheur ne fait plus rêver les jeunes. (OF.fr – 06/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *