Par Nicolas DAHERON (Presse Océan)
Un collectif emmené par l’AEDZRP demande la « suspension administrative » de l’usine d’engrais implantée sur le port à Montoir, régulièrement pointée du doigt pour non-respect des normes environnementales. Une manifestation est organisée le samedi 14 octobre 2023 à Saint-Nazaire.
C’était le 14 octobre 2022. Ce jour-là, près de 200 personnes sont rassemblées devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire pour dénoncer l’attitude du géant norvégien Yara et son usine d’engrais de Montoir-de-Bretagne. Dans l’assemblée, des élus locaux sont présents, des parlementaires aussi. Tous parlent d’une même voix, pointant des manquements à la sécurité du site industriel classé Seveso. Un an plus tard, rien n’a avancé
, se désole Marie-Aline Le Clerc, présidente de l’AEDZRP (Association environnementale dongeoise des zones à risques et du PPRT), l’une des 18 associations qui s’engagent pour « demander la suspension administrative » (*)
. L’usine Yara est depuis plusieurs années dans le collimateur des services de l’État pour le non-respect des normes environnementales : rejets dans les eaux pluviales et industrielles, émissions atmosphériques de la tour prilling, pollution des eaux souterraine. Sans oublier le risque d’accident qui peut potentiellement entraîner de gros dégâts
, note Christian Quélard pour l’association Vivre à Méan-Penhoët (Vamp) avec un effet domino puisque Yara est proche de la raffinerie de Donges, du terminal méthanier
. Il rappelle le précédent AZF à Toulouse (2001) ou, plus proche géographiquement, celui du nuage toxique à Nantes après l’incendie d’un dépôt d’engrais en 1987.
« On veut aller vers les gens, expliquer, informer »
L’État prononce régulièrement des mises en demeure, inflige des sanctions financières dont la dernière date de juin 2023 pour des refus de mise en conformité des installations. Pour Philippe Dubacq, de Vamp, ces sommes sont dérisoires au regard du coût des travaux de remise aux normes
. On a l’impression que l’État donne du temps à l’entreprise
, abonde Marie-Aline Le Clerc.
Alors les associations veulent passer à la vitesse supérieure en demandant cette suspension administrative. C’est aussi la solution pour protéger les salariés
. Le collectif entend impliquer la population, avec une pétition portée collectivement sur les différentes communes
et une manifestation devant la maire de Saint-Nazaire le samedi 14 octobre 2023 (à 11 h). Pas une pétition en ligne, mais sur le terrain : On veut aller vers les gens, expliquer, informer
, précise Marie-Aline Le Clerc.
« Les pressions des élus, ça ne suffit pas »
L’association rappelle que le sujet va bien au-delà des riverains de la zone industrielle : Le périmètre du plan d’intervention couvre 16 communes
, souligne Michel Le Clerc, membre de l’AEDZRP. Y compris sur la rive sud de l’estuaire. Le collectif veut actionner tous les leviers. Les pressions des élus, ça ne suffit pas
, reprend Marie-Aline Le Clerc.
Et ce, malgré des prises de position fortes de plusieurs maires. Malgré une procédure judiciaire en cours. On veut aussi développer une culture de la prévention des risques
, ajoute Anne-Cécile Anthony pour Europe-Ecologie Les Verts. Ce sera le sujet d’un autre temps fort, avec une réunion publique à Agora le mardi 26 septembre 2023, une semaine avant la projection suivie d’un débat du film Les Algues Vertes au cinéma Tati, le vendredi 6 octobre 2023 à 20 h.
(*) AEDZRP, Association des habitants de Gron, Attac, Bretagne Vivante, Hord’la’Loire, LDH, Natur-Action, Soulèvements de la Terre, Stopbure en Retz, Terre et mer pour l’avenir du vivant, Vamp. Avec le soutien d’EELV, Ensemble Solidaire et écologistes (Carene), FSU, LFI, GAB-44, NPA, Union syndicale solidaire.
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