Plus de 600 manifestants ont défilé dans les rues de Saint-Brieuc ce jeudi 29 septembre, à l’appel des syndicats CGT, FSU et l’union syndicale Solidaires. Dans leur ligne de mire : les salaires et la réforme des retraites.
C’est la première mobilisation de l’automne, et à Saint-Brieuc, elle a réuni plus de 600 personnes. Ce jeudi 29 septembre, dès 9 h 30, une centaine d’agents de Saint-Brieuc Armor Agglo (SBAA), des services des eaux, de collecte, de ressources humaines… s’est rassemblée devant les locaux de l’intercommunalité.
Cela afin de demander une augmentation des salaires mais aussi que la prime annuelle soit versée à l’ensemble des agents et non seulement à ceux titularisés avant 2017, comme c’est le cas aujourd’hui. Employé au service de collecte des déchets depuis 21 ans, Jean (*) témoigne d’une dégradation des conditions de travail : « C’est de plus en plus pénible. Avant, on ramassait les ordures ménagères toutes les semaines, désormais, c’est tous les quinze jours. Donc la charge de travail par collecte augmente ».
Pas de collecte des déchets lundi ?
À 10 h 30, une délégation a été reçue notamment par Vincent Alleno, maire de Plaintel et vice-président aux finances à Saint-Brieuc Armor Agglomération (SBAA). Au terme de cette rencontre, les manifestants ont obtenu que la prime de fin d’année soit versée à la centaine d’agents en catégorie C d’ici le 31 décembre (600 € par semestre). Des négociations salariales seront également ouvertes le jeudi 6 octobre. Mais les autres points de tensions sont restés lettre morte. « Nos revendications ont été entendues, mais pas écoutées, soulignent le secrétaire général CGT de l’agglo de Saint-Brieuc, Jean-Stéphane Lefèvre et le secrétaire adjoint Mathias Mauduit. Le syndicat envisage donc de bloquer la collecte des déchets à partir de lundi.
« Aujourd’hui, je compte mes dépenses »
Parallèlement, à l’appel des syndicats CGT, FSU et Solidaires, plus de 600 manifestants ont défilé ce jeudi, depuis le parc des Promenades jusqu’aux Champs, pour réclamer une hausse de salaires et montrer leur opposition à la réforme des retraites. Dans le cortège notamment, de nombreux enseignants du premier et du second degré, des fonctionnaires, des salariés du médico-social, et une poignée d’employés du secteur privé.
Dans la foule, des parapluies floqués Afpa, décorés de visages fâchés et tristes, se distinguent. Les quatre salariées de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes abritées dessous expliquent subir un « déclassement », entre l’inflation galopante et leurs salaires qui stagnent. Celui de Perrine, formatrice, environne les 2 000 € net par mois depuis 2018. Avec son loyer, un enfant à charge, des frais de transports et la hausse des prix… Elle peine désormais à boucler ses fins de mois et finit régulièrement à découvert. « Je pensais faire partie de la classe moyenne, renchérit sa collègue Catherine, et je réalise qu’aujourd’hui, je compte toutes mes dépenses ».
« C’est mission impossible d’enseigner jusqu’à 65 ans »
Salarié de l’entreprise de transports Géodis, Jérôme aussi, a dû renoncer aux extras. Mais ce qui le dérange le plus, c’est « le mépris des classes dirigeantes ». « Quand Macron dit que pour 80 % des Français, la réforme des retraites, c’est du Javanais… Il y a un manque de respect et de considération ! » Car pour certains, comme Philippe, cette réforme, c’est du concret. À 58 ans, cet instituteur et directeur d’une école à Trélivan près de Dinan l’affirme : « Pour moi, c’est mission impossible d’aller jusqu’à 65 ans dans les conditions actuelles. Les enfants, c’est exténuant, et il faut leur donner une énergie que j’ai de moins en moins ».
En voulant modifier l’âge de départ à la retraite, le gouvernement jette « de l’huile sur le feu », estime Serge, représentant de l’union syndicale Sud Solidaires, qui conclut : « On a l’impression qu’il n’a pas retenu la leçon des gilets jaunes ».
* Les prénoms ont été modifiés, par souci d’anonymat.