Sébastien Menesplier : « La FNME-CGT doit prendre un virage » dans ses modes d’action, après un recul dans l’énergie (H.fr-16/11/23)

Pour Sébastien Menesplier, “la CGT a du mal à valoriser ses luttes”.

Première organisation chez les électriciens et gaziers, mais seconde à EDF et GRTgaz, la FNME-CGT est en recul, après les élections professionnelles. Pour Sébastien Menesplier, les cégétistes doivent réinvestir les lieux de travail au quotidien pour mieux valoriser leurs actions syndicales.

Par Naïm SAKHI

Après les élections professionnelles, la fédération mines-énergie (FNME-CGT) n’est plus la principale organisation à EDF. Un recul lourd de sens dans l’entreprise fondée par Marcel Paul, mais qui confirme la mutation sociologique de cette dernière, après son éclatement avec la libéralisation. Dans la branche des industries électriques et gazières (IEG), selon les décomptes de la fédération, la CGT (36,01 %) est en tête, malgré un recul de 3,67 points. La CFE-CGC la suit, avec 31,23 % (+ 4,49).

Devant vos syndicats, vous avez déclaré que les résultats des élections pour la FNME-CGT étaient « catastrophiques ». À l’issue du conseil général de ce matin, comment votre fédération les explique-t-elle ?

Nous avons perdu les élections dans la branche IEG. De fait, la déception est là car les victoires syndicales obtenues n’ont pas conduit à un vote CGT. Je pense aux 200 euros d’augmentation des salaires arrachés au niveau de la branche et des entreprises, fin 2022 ; au retrait du projet Hercule (démantèlement d’EDF – NDLR), en 2021, mais aussi à la sauvegarde du statut des IEG. La mobilisation initiée par la CGT a permis aux agents actuels de conserver le régime spécial de retraites et, pour les nouveaux arrivants, de bénéficier des conquis du statut et des droits de branche.

La CGT a du mal à valoriser ses luttes. Nos avancées dans les instances représentatives (CSE) sont souvent perçues comme une victoire de l’instance elle-même et non de l’action CGT. A contrario, là où la CGT progresse dans de nombreux établissements, c’est bien qu’un travail important par les militants a été réalisé.

La bataille des retraites a-t-elle pris le pas sur le syndicalisme de proximité ?

Nos militants ont été exemplaires dans la lutte contre la réforme des retraites. Seule la FNME a pris ses responsabilités en appelant à la reconduction de la grève. Cette stratégie avait été décidée collectivement, avec nos syndicats. Les autres organisations ont déployé leurs forces dans d’autres combats. Cela leur a sans doute été bénéfique pour ce scrutin. Les résultats hétérogènes au sein des entreprises méritent une étude fine et poussée de nos syndicats.

“La reconquête du terrain et la syndicalisation sont indispensables.”

Le travail de terrain a-t-il toujours été au rendez-vous ? Oui et non, mais clairement pas assez, au vu des résultats. Le « syndicalisme du carreau cassé » est notre essence, mais nous ne l’avons pas suffisamment développé. Nos militants vont reprendre ce combat : nous ne voulons pas laisser le syndicalisme de terrain aux autres.

La CGT est-elle en difficulté auprès des cadres et agents de maîtrise ?

L’évolution sociologique dans nos entreprises est incontestable. La CGT doit s’organiser auprès des ingénieurs cadres, techniciens et agents de maîtrise. Nous savons que nos formes de lutte interrogent des salariés qui ont des réticences à se mettre en grève, ou qui ne se retrouvent pas dans nos modes d’action.

Sans renier ses valeurs, la FNME doit prendre un virage. Cela passe par de la formation, de l’activité syndicale spécifique, mais aussi par proposer des formes d’action qui conviennent au plus grand nombre. La CGT ne sera jamais un syndicalisme catégoriel. Notre union fédérale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ufict) doit être une aide pour tous nos syndicats. La reconquête du terrain et la syndicalisation sont indispensables. Ce taux reste faible, malgré les 3 000 adhésions en 2023 après la mobilisation sur les retraites.

Quelles seront les priorités pour rebondir ?

Les syndicats vont se réunir en assemblée générale pour tirer le bilan de ces élections au périmètre des établissements et avancer sur les enjeux de leur structuration, de leur organisation et des besoins en formation. La bataille des salaires va se poursuivre.

La CGT a obtenu l’équivalent de 3 % de hausse dans les négociations de branche, ainsi que des avancées sur des augmentations de primes et de rebroussements de frais de déplacement professionnel. Ce n’est pas suffisant face au coût de la vie et à la forte inflation. Nous irons chercher les hausses de salaires dans les entreprises.

Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/cgt/sebastien-menesplier-la-fnme-cgt-doit-prendre-un-virage-dans-ses-modes-daction-apres-un-recul-dans-lenergie

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/sebastien-menesplier-la-fnme-cgt-doit-prendre-un-virage-dans-ses-modes-daction-apres-un-recul-dans-lenergie-h-fr-16-11-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *