
Débits des rivières en chute libre, réserves d’eau qui s’amoindrissent… La sécheresse continue d’inquiéter les producteurs d’eau potable du pays de Morlaix. On fait le point sur les secteurs les plus fragiles.

1 La côte léonarde sous perfusion
10 000 à 11 000 m3 d’eau par jour. Ce sont les besoins actuels pour 19 communes du Léon, dont celles de la côte, entre Carantec et Plouescat. Le reste de l’année, c’est 4 000 m3. Pour le syndicat mixte de l’Horn, le défi est de taille. Problème : l’eau de l’Horn est interdite, à cause de son taux de nitrate. Il y a bien le Coatoulzac’h, affluent de la Penzé : « Habituellement, son débit est de 600 m3/h. Mais en ce moment, on est à 150 m3/h… », se désole François Moal, président du syndicat. Il reste les captages et la réserve d’eau de l’usine de Plouénan, mais ça ne suffit pas. 5 000 m3/j sont donc fournis par le Syndicat mixte intercommunal de production et de transport d’eau potable de la région de Landivisiau (SMI) et 1 500 m3/j par Morlaix Communauté.

2 Locquirec alimentée par les Côtes-d’Armor
À l’extrémité est du pays de Morlaix, à Locquirec, ce sont 600 m3 d’eau qu’il faut fournir chaque jour. Impossible pour Morlaix Communauté, le Dourduff ne fournissant pas assez d’eau cet été. C’est la voisine, Lannion Trégor Communauté, qui permet d’alimenter quotidiennement l’ensemble de la commune.
Sur le territoire de Morlaix Co, on a un mois et demi d’avance sur la période l’étiage la plus basse.
3 Alerte rouge dans le Trégor
Le point noir pour Morlaix Communauté, c’est le Dourduff. La rivière alimente neuf communes. Mais son débit ne cesse de baisser depuis le début de l’été. Pour preuve : en temps normal, le volume d’eau potable produite est de 3 700 m3/j. La semaine dernière, on n’était qu’à 1 755 m3/j. « Nous avons une dérogation pour pomper sous le débit réservé, celui qui permet la continuité écologique. On a été au 10e, on est au 20e et on n’exclut pas, malgré la pluie, de demander le 30e… », regrette Guy Pennec, élu chargé de l’eau à Morlaix Communauté et président de la Commission locale de l’eau.
Sans le Jarlot, qui soutient le secteur à hauteur de 1 500 m3/j, certaines communes seraient à sec. « Heureusement, il tient encore. Mais pour combien de temps ? Son niveau baisse aussi de semaines en semaines, alerte Guy Pennec. Mi-juin on était à 1 110 m3/h, la semaine dernière le débit n’était plus que de 436 m3/h. » Les communes de Plouigneau, Plougonven et Plourin-lès-Morlaix sont également surveillées de près. « C’est bien simple, on a un mois et demi d’avance sur la période d’étiage la plus basse. »

4 Landivisiau sauvé par le Drennec
Sur le territoire du SMI, c’est-à-dire la région de Landivisiau, les besoins sont de 4 500 m3/j. Chaque jour, 485 m3/h sont prélevés dans l’Elorn et la réserve d’eau du Drennec, au niveau de Locmélar. « Tant que le Drennec tient, ça va. Mais lui aussi baisse et il alimente tout Brest », prévient Jean Jézéquel, le vice-président.
On n’en est pas à distribuer des bouteilles mais ça se dégrade très vite !
5 Des efforts « de tous »
« Actuellement on passe, mais on est plus que limite. On n’en est pas à distribuer des bouteilles, mais ça se dégrade très vite ! », alerte Guy Pennec, qui comme ses collègues, appelle à respecter l’arrêté préfectoral, mais surtout « à l’initiative et la solidarité individuelles et des professionnels. Si les gens ne sont pas raisonnables, on coupera les vannes ! » Les plus gros consommateurs du territoire, tels que le Centre hospitalier des pays de Morlaix, les établissements de santé mais aussi les industriels comme Primel Gastronomie, Took Took, la Sill ou Bretagne Truite vont être sensibilisés.
Auteur : Monique Kéromnès