La sécheresse actuelle engendre de fortes tensions sur les ressources mobilisées pour l’eau potable dans le département. Eau du Morbihan craint même une rupture au robinet dans certains secteurs.
La sécheresse actuelle engendre de fortes tensions sur les ressources mobilisées pour l’eau potable dans le département. Eau du Morbihan craint même une rupture au robinet dans certains secteurs.
Quelle est la situation en eau potable en Morbihan ?
Eau du Morbihan assure la production d’eau potable et le transport d’eau potable/sécurisation dans 195 communes au 1er janvier 2022 et, à cette même date, également la distribution d’eau potable dans 107 communes. Chaque année, le syndicat se charge du remplissage hivernal des stocks et retenues qu’il gère, afin de disposer de volumes optimisés en début d’été. Cette gestion préventive anticipe ainsi les fortes consommations estivales et la faiblesse des débits d’étiage en arrière-saison. Mais si les stocks ont bien été reconstitués avant cette saison estivale 2022, la faiblesse des débits des cours d’eau et les fortes chaleurs marquant une augmentation des consommations, engendrent un déstockage prématuré des retenues.
Le réseau d’interconnexions ne suffira pas
Eau du Morbihan s’appuie sur un réseau d’interconnexions modifiable en fonction de l’évolution de la situation (mobilisation adaptée des unités de production, échanges d’eau avec les collectivités voisines…), afin d’assurer la continuité du service sans nuire aux ressources et aux milieux aquatiques. Les ressources souterraines sont également préservées en privilégiant les eaux superficielles, anticipant ainsi l’arrière-saison. Des échanges réguliers ont également lieu avec certains industriels pour déterminer leurs besoins, et les informer des contraintes du service, pour coordonner les actions. Malgré cela, cette sécheresse marquée et généralisée à l’échelle du département pourrait contrarier la disponibilité et la répartition de la ressource pour satisfaire les besoins.
« Une situation inédite »
Des risques de rupture dès septembre
À ce jour, la situation est préoccupante sur l’ensemble du périmètre d’Eau du Morbihan. Néanmoins, deux territoires sont particulièrement sensibles. Le nord-ouest du département, et notamment le secteur alimenté par les unités de production de Toultreinc à Gourin et de Barrégant au Faouët, sur le territoire de Roi Morvan Communauté. Ces unités produisent habituellement de l’eau potable à partir de la rivière Ellé. En cas de débit trop faible, de l’eau stockée dans d’anciennes carrières à Gourin est utilisée. Les projections laissent craindre un déstockage prématuré et massif de ces carrières, ne permettant plus d’assurer la production et donc l’alimentation courant octobre. Le secteur d’Aqta (Auray Quiberon terre atlantique) est aussi concerné : le déstockage prématuré de la retenue de Tréauray à Pluneret nécessite de brider la production de l’unité d’Ar C’Hastell à Sainte-Anne-d’Auray et de poursuivre la mobilisation des imports à partir de la Vilaine et du Blavet. En cas de stock trop faible à Tréauray, des difficultés d’approvisionnement et des risques de ruptures pourraient apparaître courant septembre.
Mobilisation générale face à une situation inédite
« Si aujourd’hui deux territoires sont particulièrement concernés, le risque de pénurie pourrait s’étendre à d’autres », note Dominique Riguidel. Chacun – particulier, communes, agriculteurs, entreprises… – a donc un rôle à jouer pour réduire sa consommation. Ainsi, au-delà des interdictions dans le cadre du placement en crise sécheresse du Morbihan, de bons gestes pour économiser la ressource sont recensés sur le site #laissepascouler. « Il faut une mobilisation collective pour faire face à cette situation inédite. »
Patrick CROGUENNEC