Pour nourrir ses bovins, John Reynolds, agriculteur à Sizun (Finistère), pratique le pâturage dynamique tournant. Une méthode économique, mais avant tout bénéfique pour la qualité des sols et de l’eau restituée à l’Elorn, qui longe son exploitation.
La ferme biologique de John Reynolds est nichée au cœur des monts d’Arrée, encore marqués par les violents incendies de l’été 2022. Le samedi 25 février 2023, l’exploitation de 17 hectares, domiciliée à Sizun (Finistère), ouvrait ses portes au public dans le cadre de la troisième édition du Salon à la ferme, organisée par la Confédération paysanne.
Depuis 2015, l’agriculteur britannique et sa femme produisent ici de la viande bovine, brassent leur propre bière et développent depuis l’année dernière une activité de maraîchage. Une exploitation à taille humaine reconnue pour sa gestion des prairies naturelles, qui représentent plus d’un tiers de sa surface (six hectares).
« Recréer les conditions de vie des herbivores »
Les prairies naturelles ou permanentes définissent des terres herbeuses préservées de l’activité agricole (labour, pesticides…). Pour entretenir ces parcelles, qui constituent de précieux réservoirs de biodiversité, John Reynolds recourt à la technique du pâturage dynamique tournant (PTD).
Chaque jour, ses vaches migrent vers une nouvelle zone de pâturage. L’hiver, lorsque la pousse d’herbe est ralentie, leur régime est complété par du foin, issu de l’excédent récolté en périodes estivales. « C’est une méthode simple et pas si révolutionnaire, explique John Reynolds. C’est l’animal qui fait tout : il suffit de trois fils pour éviter qu’il ne broute l’herbe qui repousse, là où il est passé précédemment. On recrée simplement les conditions de vie des herbivores : en troupeaux et en mouvement permanent. »
Un « sol vivant » pour filtrer l’eau
Ce déplacement constant des bovins prévient le surpâturage, qui « conduit à la désertification des sols ». Les espaces retrouvent une grande variété floristique et faunistique. Un « sol vivant », capable de filtrer correctement l’eau, alors même que la ferme de John Reynolds se situe à quelques centaines de mètres des sources de l’Elorn : « C’est important pour l’équilibre du milieu, rappelle Bastien Moysan, de la Confédération paysanne. Cette eau, c’est notre eau potable. » Celle qui alimente le lac de Drennec, une source d’approvisionnement essentielle dans le Finistère.
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Le pâturage dynamique tournant est bien connu des pays semi-arides, comme l’Australie, mais reste rare en France. La politique de remembrement agricole des années 1960 et 1970 n’a pas aidé. Pour Julien Tallec, membre de la Confédération paysanne et exploitant à Brennilis, « il faudrait adapter le nombre d’animaux à ce que la terre peut leur donner ».