Sophie, ex-AESH : « Si je pouvais avoir ne serait-ce qu’un Smic, je reviendrais sans hésiter » ( OF.fr – 03/12/22 – 08h43 )

Les conditions de travail des AESH ont poussé Sophie Millet à quitter le métier.
Les conditions de travail des AESH ont poussé Sophie Millet à quitter le métier.

Pendant huit ans, Sophie Millet, 41 ans, a accompagné des élèves en situation de handicap. Un métier qui la passionne toujours, mais qu’elle a quitté à la fin de l’année scolaire 2021-2022, épuisée par les conditions de travail et le manque de reconnaissance.


À l’entendre utiliser le « nous », Sophie Millet, 41 ans, est encore accompagnante des élèves en situation de handicap. Seulement, lorsque la rentrée 2022 approche, elle décide de ne pas renouveler son contrat à durée déterminée (CDD), dans un collège de Brest (Finistère). C’est pourtant le sourire aux yeux qu’elle décrit les huit années passées auprès des enfants.

On est un peu maman, un peu infirmière, un peu psychologue…​, énumère-t-elle. Un accompagnement au fil duquel se tisse un lien : Une élève dyslexique que j’ai accompagnée pendant le collège m’a écrit une lettre, où elle me remerciait. Je la relis quand j’ai des coups de mou​, sourit Sophie Millet. Elle s’est aussi retrouvée dans la position de personne ressource pour d’autres élèves. Certains se sont tournés vers moi pour savoir quoi faire lorsqu’un autre leur a confié quelque chose de lourd, comme de la maltraitance ou du harcèlement…

« Du côté de l’Éducation nationale, on n’espère plus rien »

Des liens qui donnent, selon elle, toute sa saveur au métier d’AESH, malgré les difficultés inhérentes à la mission. On passe d’un cours de cinquième en maths à un contrôle de troisième en français… On aide un élève à formuler sa pensée, puis on écrit celle que son camarade qu’on a laissé réfléchir juste avant nous dicte…

Et, en filigrane, la satisfaction de se savoir utile : « Les enfants qu’on accompagne, ou leur famille, nous montrent de la reconnaissance et nous permettent de tenir. ​Du côté de l’Éducation nationale, par contre, on n’espère plus rien. »

Malgré une expérience de cinq ans, dont deux en contrat aidé, j’ai dû suivre une formation lorsque j’ai eu mon CDD. C’était comme si je n’avais aucune expérience​.

« Ça reste mon combat »

Amère, elle décrit les galères du temps partiel, et de ce qu’elle vit comme un manque de considération. Pourtant, j’avais de la chance : l’établissement où je travaillais était à l’écoute. Mais on ne vit pas avec 800 € par mois… ​Pour poursuivre avec sa vocation et toucher un Smic​, elle prend un second métier d’auxiliaire de vie en 2020. Mais j’étais épuisée, mon corps me lâchait.

Alors que l’impression de mal faire son travail grandit, la décision d’arrêter s’impose à elle. Sachant qu’elle allait quitter le métier, elle participe tout de même à toutes les grèves, et donc à perdre une journée de salaire sur un salaire de misère​, et autant que possible à manifester. Aujourd’hui encore, je le ferai. Ça reste mon combat : si je pouvais avoir ne serait-ce qu’un Smic, je reviendrais sans hésiter.

Auteur : Morgane DÉVÉRIN.

Source : Sophie, ex-AESH : « Si je pouvais avoir ne serait-ce qu’un Smic, je reviendrais sans hésiter » (ouest-france.fr)

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