Soutenons les fermes paysannes, quoi qu’il en coûte ! Intervention de Murielle Lepvraud, députée LFI-NUPES des Côtes d’Armor-Rassemblement de la Conf’ et du GAB (13/04/23)

Saint-Brieuc-Intervention le 13 avril 2023 de Murielle Lepvraud, Députée LFI-NUPES, lors du rassemblement de soutien à la bio, organisé par la Confédération paysanne des Côtes d’Armor et le GAB des Côtes d’Armor.

Nous sommes mobilisés aujourd’hui car, je cite l’appel lancé par la Confédération paysanne et le GAB : « le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ne comprend toujours pas la gravité de la situation ». Alors, je le dis et je le répète, les membres du gouvernement comprennent très bien, ils sont très compétents. Ils n’ont aucun problème de compréhension : ils ont tous fait de grandes écoles où on étudie des textes et des graphiques très compliqués. Ils comprennent, mais ils ne veulent pas. Ils ne veulent pas aider la filière bio parce que ce n’est pas le modèle qu’ils préconisent. Une agriculture intensive et technologique qui rapporte à court terme, voilà ce qui est bien pour eux ! Mais dès qu’il s’agit de bifurcation écologique ou d’agriculture paysanne, ils vous répondent : « mais comment vous allez nourrir la planète ? » « Vous voulez affamer la population ! » Et alors quand on parle de baisser la consommation de viande, ce que préconise l’ANSES et l’OMS pour la santé mais aussi le GIEC qui en fait un des leviers pour agir contre le réchauffement climatique, alors là : « vous êtes contre l’élevage ! vous êtes contre les agriculteurs ! » C’est ce que j’ai entendu la semaine dernière lors du passage en hémicycle de la niche d’EELV, que mon groupe naturellement soutenait : il s’agissait de la « proposition de loi visant à mieux manger en soutenant les Français face à l’inflation et en favorisant l’accès à une alimentation saine », sujet d’intérêt général s’il en est ! Parce qu’en France, en 2023, nous en sommes arrivés à avoir besoin de légiférer pour que les Français aient accès à une alimentation décente, pour qu’ils en aient les moyens et pour qu’une une alimentation de qualité puisse exister. Dans le 1er article de cette loi, il était proposé un chèque alimentation de 50 € par personne et par mois réservé à une alimentation saine. Ce chèque, s’il ne résout pas tous les problèmes structurels (nous on préfère les augmentation des salaires), peut tout au moins répondre à l’urgence sociale dans laquelle se trouvent les Français pour accéder à une alimentation de qualité, ou à une alimentation tout court d’ailleurs : rappelons qu’un Français sur 4 ne mange pas à sa faim, selon l’étude des Banques Alimentaires de février dernier. Et c’est nous qui affamons la population ? Dans l’article suivant, il s’agissait de proposer plus de repas végétariens dans les cantines. Et on a beau expliquer que manger moins de viande engendre souvent l’amélioration de la qualité de la viande dans les assiettes, que le passage à une alimentation biologique dans la restauration collective à hauteur de ce que la loi Egalim préconise suffirait par exemple, à sauver la filière porcine biologique. En face c’était : vous êtes contre les agriculteurs ! vous êtes contre l’élevage ! Et ça c’est en boucle, ils ne décochent pas un seul argument. Nous sommes effectivement contre les élevages industriels car nous sommes conscients des ravages environnementaux mais aussi humains qui en découlent : car oui le modèle agro-industriel ne fait pas que des heureux, en témoignent le nombre de suicide chez les agriculteurs et le nombre de dépressions suite à des surendettements ou liquidations. Nous on parle de paysans, eux parlent d’exploitants agricoles, mais malheureusement pour beaucoup, il s’agit d’exploités agricoles : exploités par ce système d’agrobusiness qui ne cesse de faire baisser le nombre de paysans et qui favorise l’augmentation des grosses exploitations et des coopératives cotées en bourses. L’article 3 de cette proposition de loi prévoyait également l’interdiction des viandes contenant des nitrites ou des nitrates ajoutés. Bon là encore, c’est la politique de la touillette et on n’avance pas. Non seulement on n’avance pas mais on régresse : – les néonicotinoïdes : on régresse – le S-métolachlore et la phosphine : régression à venir, le gouvernement veut trouver le moyen de détourner les restrictions de l’ANSES. Vous avez compris, ce gouvernement préfère le profit à la santé, préfère le profit au vivant. A nous de convaincre les indécis sur le bien-fondé d’une agriculture paysanne, créatrice d’emplois et de redynamisation des campagnes. En d’autres termes, à nous de démontrer, peut-être même aux macronistes, que les fermes paysannes sont les start-ups de demain et qu’il faut les aider, quoiqu’il en coûte !

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