« Super-profits : alors, on taxe ? » : quand BFMTV et le chef économiste de la BCE mettent la pression à Macron(LI.fr-27/09/22)

La proposition de taxer les super-profits divisait déjà le gouvernement Macron. Bruno Lemaire est absolument contre, plusieurs députés macronistes sont pour, Elisabeth Borne l’envisage. C’est maintenant au niveau européen que se fissure le camp d’habitude si unie des partisans de l’ultralibéralisme qui déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à une limite à l’enrichissement d’une caste de privilégiés. Le chef économiste de la BCE suggère de taxer les riches et les super-profits. Et même BFMTV y va de son bandeau : « Super-profits : alors, on taxe ? », victoire en soi dans la bataille culturelle. Notre article sur ce revirement soudain.

Que se passe-t-il chez les grands garants de la stabilité économique européenne ? On sent le vent tourner ? On a peur d’un soulèvement populaire après vingt années à mépriser toute expression démocratique qui contredirait vos sacro-saintes loi de l’économie ?

C’est ce que laisse penser cette nouvelle défection dans le camp d’habitude si unie des dirigeants de la zone euro.

Le chef économiste de la BCE suggère de taxer les riches et les superprofitshttps://t.co/BmCXF7T1Sh pic.twitter.com/jXdxnLzeFp— BFMTV (@BFMTV) September 27, 2022

Philip Lane n’est rien de moins que le chef économiste de la BCE, organe central si il en est de la doctrine néolibérale qui écrase les peuples européens depuis le traité de Maastricht et ses critères de convergences fabriqués de toute pièce, sans aucune efficacité démontrée.
Le dogme néolibéral a empêché depuis 20 ans toute harmonisation sociale car elle remettrait en cause la concurrence libre et non faussée, cette liberté du renard dans le poulailler érigée au rang de valeur presque aussi suprême que la propriété privée dans le Panthéon de la Commission Européenne et Banque Centrale Européenne. Cette même idéologie a empêché tout investissement massif dans la bifurcation écologique, seul espoir de laisser une planète vivable aux générations futures.

Mais alors comment expliquer que cette taxe sur les super-profits parvienne à créer des divisions dans le camp libéral que rien n’avait fragilisé jusqu’alors, ni les référendums sur la Constitution perdus en 2005, ni l’élection d’un parti de gauche radicale anti-austérité en Grèce en 2015, ni, depuis lors, et face à l’impossibilité de proposer une alternative progressiste à ce capitalisme déchainée, la montée des partis d’extrême-droite dont l’Union Européenne nous promettait qu’elle serait l’infranchissable obstacle à leur retour au pouvoir ?

Ce sont des mots que l’on aurait jamais cru entendre sur BFM TV. Le bandeau est déjà une victoire dans la bataille culturelle : « Super-profits : alors, on taxe ? »

La suite est un nouveau coup dur contre Emmanuel Macron qui refuse pour le moment toute taxe sur les super-profits. : « Pour des raisons à la fois macroéconomiques et d’équité alors que le choc énergétique affecte les populations via une inflation record, « les gouvernements devraient soutenir les revenus et la consommation des ménages et des entreprises qui souffrent le plus », a déclaré Philip Lane dans une interview au quotidien autrichien « der Standard » publiée mardi.

Comment expliquer une telle trahison d’une idéologie rabattue depuis presque 40 ans ?

D’abord, 59% des Français se déclarent favorable à une taxe sur les super-profits.

Ensuite, l’inflation dévore le salaire des travailleurs et des travailleuses à un rythme inédit depuis longtemps. Cette inflation renforce un sentiment d’injustice vis-à-vis des profiteurs de crise. Ce sentiment d’injustice est facteur de trouble sociaux, voir de révolte ou même de révolution.

Enfin, la crise économique menace. C’est ce qu’il faut comprendre des raisons macroéconomiques. Une crise causée par l’inflation conduirait à une baisse de la consommation populaire. Cela menace directement les intérêts des grandes fortunes capitalistes qui se délectent du libre marché sans aucune limite, la folie que constitue l’Union Européenne. Si les peuples n’ont plus les moyens de consommer, c’est tout le circuit-économique mondial qui s’écroule.

Car non, on ne fait pas tourner une économie avec des sacs Vuitton et des pots de caviar.

source: https://linsoumission.fr/2022/09/27/super-profits-bce-favorable/

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