Talonnage du Breizh Nevez : le capitaine contre-attaque. ( LT.fr – 11/10/2 – 17h25 )

Jean-Paul Hellequin et Bernard le Bihan, de l’association Mor Glaz, entourent l’ancien capitaine du Breizh Nevez, Achille Martin Gousset. L’association défend le capitaine dans cette affaire.
Jean-Paul Hellequin et Bernard le Bihan, de l’association Mor Glaz, entourent l’ancien capitaine du Breizh Nevez, Achille Martin Gousset. L’association défend le capitaine dans cette affaire. (Photo Didier Déniel)

Licencié après le talonnage du Breizh Nevez 1, à Lorient, en 2019, l’ancien capitaine du bateau invoque, à l’origine de l’accident, des avaries révélées par l’Inspection du travail, qui présente ces éléments devant la cour administrative d’appel de Nantes.

Le 19 février 2019, le Breizh Nevez 1, qui assure la rotation entre Groix et Lorient, est en approche de la gare maritime lorientaise. Il est 7 h 20, il fait nuit, et, de surcroît, un épais brouillard s’est établi sur la mer. « Ce n’est pas tout, raconte Achille Martin-Gousset, l’ex-capitaine du roulier à bord duquel avaient pris place 38 passagers. Avec un coefficient de 99, le courant était fort. C’est un de mes matelots qui se trouvait à la barre. À un moment, il m’a dit qu’elle venait de lâcher. » En clair, impossible de garder le cap. Quelques minutes plus tard le bateau de 43 mètres venait s’échouer sur des rochers, en face de la citadelle de Port-Louis. Une voie d’eau s’étant déclarée à bord, les passagers seront évacués par un bateau-bus. Le Breizh Nevez 1, lui, sera remorqué jusqu’au quai.

Le capitaine subira un contrôle alcoolémie qui sera négatif. Et le procureur de la République de Brest classera l’affaire sans suite.

De son côté, le bureau d’enquête sur les événements de mer (BEA mer) mènera ses investigations et pointera, dans un rapport rendu en septembre 2019, de la part du capitaine, qui sera licencié, un « manque d’anticipation » et une « cécité d’inattention ».

« C’est la barre qui était défectueuse »

Ces fautes, ces manquements, un nouveau rapport établi par l’Inspection du travail, remis en mars 2021, ne les retient pas. Mieux, il met complètement hors de cause le capitaine. Par contre, l’Inspection du travail met en lumière cinq avaries de barre ayant touché le Breizh Nevez depuis sa mise en service en avril 2018, soit 11 mois avant l’échouement. Incidents dus à des « dysfonctionnements d’interfaces électroniques appelées convertisseurs 4-20 ma » qui auraient occasionné « des blocages de barre ». En annexe de ce rapport, on découvre un mail émanant du chantier Piriou de Concarneau, constructeur du bateau, adressé à la société Bopp, spécialisée dans les équipements hydrauliques embarqués. Le chantier concarnois demande, le lendemain du talonnage, de changer impérativement les convertisseurs « qui ne supportent pas les vibrations du moteur du bateau ».

L’Inspection du travail s’opposera au licenciement du capitaine. Elle saisira le tribunal administratif de Rennes qui lui donnera raison. La compagnie fera appel. Elle sera suivie par le ministère du Travail, reprenant les conclusions du BEA qui, logiquement, ne doivent pas servir à « établir ou attribuer des fautes à caractère pénal ou encore à évaluer des responsabilités individuelles ou collectives à caractère civil ».

De son côté, l’Inspection du travail mènera ses propres investigations, très fouillées, et, fait extrêmement rare, regrettera que son enquête ayant duré 29 mois, « extrêmement longue et complexe », ait été ralentie par le « climat délétère qui règne au sein de l’armement », mais aussi en raison d’une « collaboration limitée avec le BEAmer ».

« De nouveaux éléments »

Le 21 octobre, la cour administrative d’appel de Nantes examinera la légalité de la procédure de licenciement au regard de ces nouveaux éléments. « Il y a eu plein de manquements dans ce dossier. À mon avis on a voulu me faire porter la responsabilité de cette affaire, pour que les assurances fonctionnent. Aujourd’hui je demande à retrouver mon honneur, conclut Achille Martin Gousset. J’ai été extrêmement blessé par cette affaire. J’ai eu du mal à retrouver du travail. »

L’association Mor Glaz, qui défend le capitaine dans cette affaire, demande, elle, que le tribunal des Affaires maritimes de Brest soit saisi.

Ce mardi, nous avons tenté de contacter les directions des chantiers Piriou et de la Compagnie Océane. Personne n’a répondu à nos sollicitations.

Auteur : Didier Deniel

Source : Talonnage du Breizh Nevez : le capitaine contre-attaque – Bretagne – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *