Par Hugo COËFF.
Dans le quartier du Blosne, à Rennes (Ille-et-Vilaine), une retraitée de 92 ans vit, depuis 50 ans, dans un appartement au 17e étage d’un immeuble. Mais depuis près de deux ans, les deux ascenseurs de l’immeuble sont très régulièrement en panne. Fin juin 2023, l’ascenseur principal a été condamné. Le second ne fonctionne que par intermittence. Une situation invivable pour cette nonagénaire.
Depuis plus de deux ans, les habitants d’un immeuble, situé dans le quartier du Blosne, à Rennes (Ille-et-Vilaine), sont victimes de pannes d’ascenseurs à répétition. « Je suis arrivée il y a 52 ans dans l’immeuble, au 17e étage. Quand je me suis installée en 1971, les 17 étages [soit 272 marches jusqu’au 17e, N.D.L.R] me paraissaient moins insurmontables à monter que maintenant, ironise cette retraitée de 92 ans, qui souhaite rester anonyme. Depuis deux ans, les pannes se répètent. Cela peut arriver plusieurs fois par semaines. »
Le seul en état de marche tombe régulièrement en panne
Depuis la fin du mois de juin 2023, l’ascenseur principal de l’immeuble, qui ne s’arrête qu’aux étages impairs et au 16e (exception), est condamné pour dysfonctionnement. « Celui-ci est à l’arrêt jusqu’au 30 septembre 2023 », annonce le bailleur social, Espacil habitat, sur une feuille scotchée sur les ascenseurs.
Si un service de portage a été mis en place depuis le 10 juillet, la situation reste insoutenable pour ces habitants. « Depuis cette date, nous ne fonctionnons qu’avec un ascenseur pair [qui ne monte que jusqu’au 14e, N.D.L.R] pour quatre appartements par palier, sur 17 étages. Imaginez le nombre de personnes qui emprunte l’ascenseur tous les jours, qui, en plus, tombe très régulièrement en panne. Ce n’est pas vivable. »
Avec son amie de 73 ans, habitante du 7e étage, elles ne comptent plus le nombre de fois où elles sont restées bloquées dans cet ascenseur. « Il y a deux semaines, nous sommes restés quatre jours sans qu’aucun ascenseur ne marche. Et début août, je suis resté dix jours sans sortir de chez moi, parce qu’à mon âge, il n’est plus possible de monter tous ces étages », explique la nonagénaire, qui doit encore monter trois étages à pied, quand l’ascenseur pair daigne fonctionner. Une épreuve pour elle.
« Jamais changés, juste rafistolés »
« Le seul en marche ne fonctionne que par intermittence. Le mercredi 23 août dernier, j’ai été bloquée dans l’ascenseur pendant 35 minutes. Heureusement, j’avais du réseau mobile pour appeler les secours, parce que la sonnette d’alarme de l’ascenseur ne marchait pas non plus. C’est très long et angoissant », renchérit son amie, qui est souvent sujette à des malaises vagaux. Depuis, elles prennent leur téléphone à chaque fois qu’elles sortent.
D’après elles, plusieurs techniciens d’Otis, venus réparer les ascenseurs, leur ont affirmé qu’ils étaient trop vieux et qu’il fallait les changer. « Depuis mon arrivée en 1971, ils n’ont jamais été changés, juste rafistolés. » Prévenu plusieurs fois par les habitants de la vétusté des ascenseurs et de leurs nombreux dysfonctionnements, Espacil habitat n’aurait pas donné suite à ces réclamations (1).
Pour autant, aucune des deux ne souhaite partir, par peur d’être déracinée. « Mais j’irais où ? Dans un autre immeuble, où je ne connaîtrais personne. Je ne me plairais pas non plus en campagne. Je me plais bien dans mon appartement, assure la nonagénaire. Mes enfants ont grandi dans cet appartement. C’est une bonne partie de ma vie. Je finirais certainement mes jours ici. »
*Après plusieurs années à être témoin de la situation « insoutenable » de sa grand-mère, c’est sa petite-fille qui a décidé de prendre contact avec la rédaction.
(1) Contacté, il y a plusieurs jours, le bailleur social Espacil habitat n’avait toujours pas répondu à notre sollicitation.
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