Avec un dentiste en vacances et sans solution de secours, Anne Lamaille évoque ses difficultés à faire soigner sa rage de dents. Malvoyante et aidante, elle est bloquée chez elle et démunie.
Avec une rage de dents qui dure depuis près d’une semaine, sans qu’aucune solution de prise en charge ne soit semble-t-il possible au niveau local, c’est en désespoir de cause qu’Anne Lamaille, de Ploudalmézeau, s’est résolue à témoigner. « Mon dentiste est en vacances et aucun autre ne veut me prendre en charge car ils ne prennent plus de nouveaux patients », se désole la résidente de Ploudalmézeau.
40 minutes d’attente sur la ligne des urgences
Alors qu’elle cherche à se faire soigner depuis son retour de vacances, le 9 août, la seule solution qui lui a été proposée était de se rendre aux urgences hospitalières à Brest. Or, techniquement cela lui est doublement impossible. D’une part parce qu’il y a huit ans, son mari a été victime d’un AVC qui l’a laissé lourdement handicapé, d’autre part, car des problèmes de vue lui interdisent de prendre le volant.
« Je me serais bien rendue à Brest en car, mais entre le trajet et le temps d’attente aux urgences, cela m’obligerait à laisser Roberto seul trop longtemps, explique-t-elle. Pour raccourcir ces délais, elle a bien essayé de contacter l’hôpital. Mais après 40 minutes d’attente sans que personne ne prenne mon appel, j’ai raccroché. ».
Les cabinets saturés
« Mais en étant aidante et malvoyante, c’est vraiment la double peine. J’ai fini par faire une croix sur mes propres problèmes de santé », souffle Anne Lamaille. Avec cette rage de dents qui n’a fait qu’empirer, elle ne mangeait plus, dormait mal et sentait la fatigue qui s’accumulait.
Heureusement, le cabinet dentaire Marcaud, à Ploudalmézeau, a fini par lui trouver un créneau, le 12 août. Il était temps, les spécialistes lui ont diagnostiqué une sévère infection et prescrit des antibiotiques, en attendant le retour de son dentiste pour procéder à une dévitalisation.
Pénurie de spécialistes
Contacté, ce cabinet dentaire qui « croule sous les appels » dit faire de son mieux en cette période de congés : « Malheureusement, nous ne pouvons accepter de nouveaux patients. Nous avons déjà du mal à gérer les nôtres et à pouvoir assurer les urgences en ce qui les concerne », déplore une assistante dentaire. Il ne reste de fait que trois cabinets dentaires pour prendre en charge les habitants de Ploudalmézeau et des communes environnantes.
Avec plus de 50 % de dentistes qui ont aujourd’hui plus de 50 ans, et la difficulté à trouver des remplaçants en zone rurale, cette pénurie de praticiens est un problème généralisable à bien d’autres communes en France.