Tribunal de commerce de Nantes. Les défaillances d’entreprises repartent à la hausse (OF.fr-25/07/23)

Les chiffres du tribunal de commerce sont un indicateur parmi d’autres pour déceler les coups de chaud et les coups de mou, de l’économie.

Par Marylise COURAUD.

Les chiffres du tribunal de commerce sont surveillés comme du lait sur le feu. C’est un indicateur parmi d’autres pour déceler les coups de chaud et les coups de mou, de l’économie.

Bulletin de santé établi par Loïc Belleil, président du tribunal de commerce de Nantes, qui couvre aussi le secteur d’Ancenis-Saint-Géréon et Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Poussée des faillites

Pas de tsunami comme les juges du tribunal de commerce le redoutaient après la Covid, mais une progression des faillites des entreprises depuis le début de l’année. « Une progression régulière et constante », souligne Loïc Belleil.

Si l’on observe l’ensemble des procédures qui concernent les boîtes en difficulté, les sauvegardes (petit nombre), les redressements judiciaires et les liquidations quand l’entreprise meurt, leur nombre a progressé de 48 % par rapport au premier semestre 2022. Et si on compare à 2019, avant Covid, la hausse est de 35 %. « Une augmentation qu’il faut pondérer, car l’année 2019 était une année excellente d’un point de vue économique et depuis quatre ans, le volume d’entreprises présentes est aussi plus important. »

Donc pas de panique à bord, d’autant que le tribunal s’attendait à une hausse des dépôts de bilan, car les aides déployées par le gouvernement pendant le Covid ont sans doute maintenu en vie artificiellement des sociétés.

Bâtiment et restauration en première ligne

Les secteurs les plus touchés par les difficultés sont ceux que connaissent habituellement les juges du tribunal, c’est-à-dire la restauration et le bâtiment.

Coût de l’énergie, des matières premières, problème de recrutement… Le bâtiment voit notamment les embûches s’additionner. « Nous observons aussi davantage de défaillances des entreprises du service à la personne. »

Depuis le 1er janvier, 1 200 salariés ont été impactés par ces procédures collectives. « Mais dans leur grande majorité, ces salariés retrouvent du travail rapidement. »

Prévenir plutôt que subir

Ce chiffre redonne le sourire au président. Les patrons semblent plus enclins à frapper à la porte du tribunal quand les ennuis pointent le bout de leur nez. « Cela fait des années, qu’on tente de passer le message. »

Il existe notamment une mesure, la conciliation, susceptible d’éviter les pots cassés et d’amortir les chocs. Elle a été trois fois plus sollicitée. Quand on réunit autour de la table le dirigeant, la banque, le fournisseur, des solutions peuvent être trouvées.

« Dans ce cas, 80 % des entreprises s’en sortent par le haut », assure Loïc Belleil. Alors que les chances de s’en sortir après un redressement judiciaire sont minces. « On rencontre surtout des entreprises qui ont des difficultés à rembourser les prêts garantis par l’État, souscrits pendant le Covid. »

Un président sur le départ

En janvier, il raccrochera les gants. Loïc Belleil, qui a accompli l’essentiel de sa carrière dans la banque, chez CIC où il a été directeur juridique fiscal pour le grand Ouest, avait pris les rênes du tribunal en 2019, une fonction exercée bénévolement comme tous les autres juges. « C’est le poste le plus passionnant que j’ai occupé. Les dirigeants nous confient l’histoire de leur vie aux audiences. Il y a une dimension humaine, économique et politique. »

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/tribunal-de-commerce-de-nantes-les-defaillances-dentreprises-repartent-a-la-hausse-f37d3fee-2a23-11ee-8d14-fb1d614639c2

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