Trois mois après les émeutes fin juin à Nantes, des jeunes arrêtés, déferrés… et aussitôt libérés (OF.fr-6/10/23)

Par Thibaud GRASLAND.

En comparution immédiate ce vendredi 6 octobre, le parquet a requis l’incarcération de trois hommes âgés de 18 à 24 ans, après les violences urbaines du mois de juin à Nantes. Deux ont été libérés dans l’attente de leur procès. Le troisième, jugé pour le pillage du Centrakor de la Bottière, a été relaxé.

L’un est en deuxième année de CAP cuisine et travaille en alternance dans un restaurant. L’autre enchaîne les missions d’intérim. Ces deux garçons au visage juvénile, âgés de 18 et 20 ans, vivent toujours chez leurs parents. Ce vendredi 6 octobre, ils ont découvert le décorum impressionnant d’une salle d’audience, conduits directement dans le box des comparutions immédiates avec les menottes aux poignets.

Détention provisoire requise

On leur reproche d’avoir activement participé aux émeutes, le 29 juin à Saint-Herblain, qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre. Suspectés d’avoir pillé un magasin, incendié un bus ou encore mis le feu dans une banque, ils ont été cueillis par les policiers mercredi 4 octobre, après trois mois d’enquête.

Inconnus de la justice jusque-là, ils demandent un délai, acquis de droit, pour préparer leur défense. Quand la procureure réclame la détention provisoire dans l’attente du procès, le plus âgé prend sa tête dans ses mains.

La banque incendiée réclame près de 900 000 €

Aurélien Ferrand, avocat d’un des deux prévenus, monte au créneau. Il dénonce « une procédure pour l’exemple » et attaque la façon de faire du parquet : « Nous n’avons reçu le dossier de 400 pages qu’à 11 h 30 ce matin… pour une audience à 14 h. » Si les deux garçons reconnaissent leur implication ce soir-là, il y a débat sur certains faits reprochés, qui méritent d’être étudiés. Le Crédit agricole, partie civile, leur réclame par ailleurs la somme rondelette de 894 000 €.

« La police savait dès le mois d’août que leur ADN avait été retrouvé sur place… mais on attend deux mois pour les arrêter ! Il n’y a donc pas d’urgence s’il doit y avoir une réponse extrêmement ferme. » Un raisonnement que partage visiblement le tribunal, qui a remis en liberté les deux garçons, sans même un contrôle judiciaire, avant le procès qui aura lieu le 7 décembre.

Relaxé après le pillage du Centrakor de la Bottière

Quelques minutes plus tard, c’est un garçon de 24 ans qui entre dans le box. Lui, en revanche, est un habitué du tribunal. Il n’est pas jugé pour l’incendie du magasin Centrakor de la Bottière, qui est parti en fumée le 30 juin, mais pour le pillage juste avant.

Là aussi, c’est le retour des expertises qui justifie le délai avant son arrestation. Son ADN a été retrouvé dans une Renault Mégane, où les policiers ont saisi une partie du butin. « C’est une voiture de location qui tourne, elle se prête un peu partout dans le quartier, se défend le prévenu qui nie avoir participé au vol. Je n’étais pas devant le Centrakor cette nuit-là, mais dans un parc derrière le centre commercial. »

Son avocat, Me Ferrand, pointe les discordances entre la version des policiers et le témoignage d’un riverain, qui décrit deux pilleurs ne ressemblant pas au prévenu. Relaxé au bénéfice du doute, l’homme quitte le palais de justice en sautillant de joie. Une nouvelle déception pour l’accusation, qui avait demandé 18 mois ferme et un mandat de dépôt.

Source: https://www.ouest-france.fr/faits-divers/emeutes-urbaines/trois-mois-apres-les-emeutes-fin-juin-a-nantes-des-jeunes-arretes-deferres-et-aussitot-liberes-752a5042-645b-11ee-b195-35aa97237168

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/trois-mois-apres-les-emeutes-fin-juin-a-nantes-des-jeunes-arretes-deferres-et-aussitot-liberes-of-fr-6-10-23/

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