La maison d’arrêt de Brest abritait ce vendredi 408 hommes pour 212 places théoriques. Une surpopulation chronique qu’a constatée de visu le député Pierre-Yves Cadalen, dans un établissement où le trafic inquiète.
Par Pierre CHAPIN.
Le matelas est redressé au pied des deux lits suspendus, dans cette cellule du quartier des hommes, à la maison d’arrêt de Brest. « La nuit, on le met là, par terre, contre le mur », montre l’un des trois détenus qui cohabitent ici, illustrant par le geste l’exiguïté et l’absence d’intimité qu’impose sa détention. Car ce vendredi 20 septembre 2024, et en attendant les jugements de l’audience correctionnelle du jour, le taux d’occupation du quartier des hommes de la Maison d’arrêt de Brest dépasse les 190 %.
Cette surpopulation carcérale impacte le quotidien des personnels et des détenus, comme l’a constaté ce vendredi le député brestois Pierre-Yves Cadalen. L’élu du Nouveau Front populaire exerçait son droit de visite des établissements pénitentiaires, afin de « veiller à la protection des droits humains qui doit aussi s’exercer ici. Et voir concrètement quel type d’investissements il sera utile de faire remonter au ministre de la Justice quand il sera nommé ».
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« Beaucoup relèvent de la santé mentale »
« On a toujours un train de retard face à la surpopulation. Il faudrait moins de détenus, plus de surveillants et de logements », résume le docteur Élisabeth Gravrand, coordinatrice médicale de l’unité sanitaire. Elle pointe une population désormais plus âgée et aux pathologies parfois lourdes. « On découvre des maladies cardiaques ou pulmonaires qu’on ne voyait pas avant. J’ai un patient détenu qu’on a dû envoyer plus de 20 fois à l’hôpital ».
La santé mentale des détenus préoccupe : « Certains, on les porte à bout de bras ici. Et quand ils sortent, ils n’ont pas de logement, il y a un vrai risque de rupture de leur prise en charge, car l’hôpital de Bohars n’a pas la capacité de les accueillir », pointe un psychologue de l’unité. « Beaucoup de cas relèvent de la santé mentale, pas de la prison ».
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« Des livraisons par drone tous les jours »
Un autre phénomène inquiète : celui des projections de stupéfiants à l’aide de drones. « Ça a commencé au printemps. Désormais, c’est tous les jours. Ce matin, la police a réussi à interpeller le télépilote qui était dans la zone commerciale », confirme Stéphanie Bilger, la directrice de la maison d’arrêt.
« La prison est devenue un vrai enjeu pour le trafic de stupéfiants. Ici, le gramme de cannabis vaut quatre fois le prix à l’extérieur », pointe un surveillant. « Ça crée des tensions, et on n’a pas les moyens de lutter ». Ici, un agent surveille en moyenne une soixantaine de détenus par quartier de vie.
« Il faut un vrai tournant dans la politique pénitentiaire, qui bénéficiera aux détenus, aux personnels et à la population, puisqu’il permettra de diminuer la récidive », conclut Pierre-Yves Cadalen au terme de quatre heures de visite. Un entretien avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) devrait prochainement permettre d’affiner son diagnostic.
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