Un collectif de défense du gallo revendique les vols de panneaux en breton dans plusieurs communes. ( OF.fr – 10/04/23)

Seize panneaux de signalisation en breton ont été déposés devant la mairie de Carhaix, dans le Finistère, dimanche 9 avril 2023.
Seize panneaux de signalisation en breton ont été déposés devant la mairie de Carhaix, dans le Finistère, dimanche 9 avril 2023. | OUEST-FRANCE

Au lendemain de la réapparition de plusieurs panneaux de signalisation en breton devant la mairie de Carhaix (Finistère), une revendication a été envoyée à la presse. Elle provient d’un collectif de défense du gallo, « la Brigade Albert Poulain ».

Leur disparition, début mars, avait fait grand bruit à Vitré (Ille-et-Vilaine), relançant le débat sur la place des deux langues régionales. Les six panneaux Gwitreg (Vitré en breton) ont mystérieusement réapparu dimanche 9 avril 2023 devant la mairie de Carhaix (Finistère). Ils y ont été déposés aux côtés de dix autres panneaux de signalisation bretons, appartenant notamment à Rennes et Vern-sur-Seiche.

Quelques heures plus tard, une revendication a été envoyée à l’hebdomadaire Le Poher, signée par « la Brigade Albert Poulain, collectif de défense du gallo ».

Deux revendications à Christian Troadec

« Rappelons que le gallo est la langue de Haute-Bretagne et est prioritaire à tout affichage bilingue préalable », affirment-ils, précisant que les panneaux déposés « proviennent tous d’affichages bilingues non-conformes de Haute-Bretagne ».

Les « brigadiers » expliquent ensuite attendre « deux impératifs » de la part de Christian Troadec, maire de Carhaix et vice-président à la Région Bretagne en charge des langues de Bretagne et des Bretons du monde. Le premier : « Que les recommandations internationales sur les minorités culturelles deviennent la norme du pouvoir politique breton ». Le second : « Que cesse l’escroquerie de l’office public de la langue bretonne et qu’il se mette en conformité avec la législation française lors de tous ses démarchages auprès des collectivités territoriales. »

« Ils se trompent de combat »

Fulup Jakez, directeur de l’office public de la langue bretonne à Carhaix (Finistère), est perplexe face à cette action militante. « Je ne crois pas que la langue bretonne est une menace pour le gallo, loin de là. S’ils veulent vraiment défendre cette langue, il faut aller vers les associations, et les collectivités pour travailler. Ils se trompent de combat ».

Il continue : « Une étude socio-linguistique de 2018 de la Région Bretagne montre que la population est largement favorable au développement de l’enseignement du breton et de sa présence de la vie publique. Les maires des communes sont libres de l’affichage bilingue. Et ça n’empêche pas l’épanouissement du gallo, rien ne sert d’opposer les deux ».

« Diversité linguistique »

Le maire de Carhaix, Christian Troadec, a lui aussi tenu à réagir. « En Europe, en Italie, en Espagne, par exemple, la signalétique bilingue, voire trilingue majoritairement, existe et ça ne pose pas problème. En tant qu’Européen convaincu, j’ai toujours défendu la diversité linguistique que toutes ces langues puissent s’exercer librement ».

L’élu ajoute qu’il avait plaidé en ce sens à la Région sur le sujet précis de la signalétique en 2022 – « une discussion longue et laborieuse » – pour l’écriture d’une convention « pour le respect de la diversité des langues si la demande sociale existe ».

Une plainte avait été déposée

Est-ce là l’épilogue de cette polémique brûlante ? Lors de leur installation, les panneaux Gwitreg avaient fait grincer des dents à Vitré, territoire où « on parle le gallo depuis le Moyen-Âge », soulignait dans nos colonnes Guillaume Gérard, Vitréen, président de la Granjagoul et membre du collectif Du galo en Bertègn.

Début mars, les six panneaux avaient soudainement disparu, poussant la municipalité à déposer plainte. Et la maire, Isabelle Le Callennec, à faire le rapprochement entre ce vol et le courrier lui ayant été adressé il y a peu, demandant la pose de panneaux en gallo. Un lien qui avait été critiqué par l’opposition au conseil municipal, invoquant la présomption d’innocence, puis par le collectif Du galo en Bertègn, qui « dénonçait fermement le vol des panneaux ».

Le panneau Gwitreg (Vitré en breton), installé à l’entrée de la commune. | DR

Vers une signature de la charte pour le gallo à Vitré

Depuis, une rencontre a eu lieu entre la mairie de Vitré et des responsables de l’Institut du galo afin d’évoquer une future signature de la charte de la langue gallèse, comprenant notamment la pose de panneaux en gallo. « Nous allons la soumettre au conseil municipal. J’avais mis un préalable à la restitution des panneaux. C’est fait. Nous allons donc pouvoir avancer », assure aujourd’hui Isabelle Le Callennec.

Alors que le motif politique du vol est désormais revendiqué, le défenseur du gallo vitréen Guillaume Gérard se désolidarise quant à lui de cette action. « Je ne connais pas ces gens », assure-t-il. Les panneaux seront restitués mardi 11 avril 2023 aux différentes communes.

Auteur : Laura DANIEL et Victoria GEFFARD.

Source : Un collectif de défense du gallo revendique les vols de panneaux en breton dans plusieurs communes (ouest-france.fr)

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