Un syndicat de cardiologues alerte sur « l’inquiétante raréfaction de l’offre » en Bretagne (OF.fr-28/11/23)

Président du syndicat des cardiologues de l’Ouest, le docteur Luc Verlingue est l’un des trois cardiologues installés à Quimper (Finistère). Faute de place, il doit refuser des patients.

Alors que les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité en France, le syndicat des cardiologues de l’Ouest a alerté, le 7 novembre 2023, sur la pénurie de cardiologues qui touche la Bretagne. Dans les secteurs les plus concernés, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous atteignent six à douze mois.

Par Alexis KOPP.

« Mes patients me répètent sans cesse “qu’est-ce qu’on va faire quand vous ne serez plus là ?” » À 65 ans, le cardiologue Luc Verlingue envisage de prendre sa retraite d’ici « un an ou un an et demi ». Malgré ses recherches, il n’a toujours pas trouvé de successeur pour reprendre son cabinet ouvert à Quimper (Finistère) depuis 1991. « Certains patients ont des problèmes qui demandent un suivi, c’est un crève-cœur de les laisser sans solution », déplore le président du syndicat des cardiologues de l’Ouest.

Une répartition inégale

L’organisation regroupant 80 professionnels a alerté, le 7 novembre 2023, sur « l’inquiétante raréfaction de l’offre cardiologique en Bretagne ». Selon un communiqué publié par le syndicat, la région compte « 1 cardiologue pour 24 878 habitants, ce qui est largement en dessous de la moyenne nationale, qui est de 1 cardiologue pour 19 723 habitants ».

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Si le nombre de cardiologues libéraux installés en Bretagne a augmenté en dix ans, passant de 101 en 2012 à 134 actuellement, leur répartition est inégale. Rennes (Ille-et-Vilaine), Brest (Finistère), Lorient (Morbihan), Vannes (Morbihan) et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) concentrent la majorité de l’offre.

« La répartition se fait en faveur des métropoles et des villes de CHU, comme Rennes ou Brest, explique Luc Verlingue. Les jeunes y font leurs études et préfèrent rester plutôt que d’ouvrir un cabinet ailleurs. Les CHU et les cliniques sont des milieux d’excellence et sécurisant pour eux, car ils sont habitués à travailler en équipe. »

Le docteur Luc Verlingue, installé à Quimper (Finistère), il doit refuser des patients, faute de place.

Moins attractifs, le Finistère Sud, le Centre Bretagne, les Côtes-d’Armor et le sud de l’Ille-et-Vilaine sont, à l’inverse, « sous-dotés » en cardiologie. Le département des Côtes-d’Armor, particulièrement touché par ce déséquilibre, compte seulement 14 cardiologues libéraux, contre 47 pour l’Ille-et-Vilaine.

« La pénurie va encore s’accroître »

Les délais de prise en charge s’allongent et atteignent six à douze mois dans certains secteurs. Et la situation pourrait encore s’aggraver, d’après Luc Verlingue : « Dans les années qui viennent, beaucoup de nos collègues vont partir à la retraite sans être forcément remplacés, ce qui va encore accroître la pénurie. » Or, « des délais d’attente trop longs peuvent provoquer une aggravation des pathologies et une augmentation du risque d’infarctus, ce n’est pas anodin ! »

Les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de décès en France et affectent particulièrement les personnes âgées de 60 ans ou plus, ce qui correspond à 30 % de la population bretonne.

En plus de la vingtaine de consultations quotidiennes, le cardiologue interprète les résultats d’examens pour livrer un diagnostic.

Des stages obligatoires en zones sous-dotées

Afin de répondre à une demande en hausse et de mieux répartir l’offre, « dix créations de poste de plus par an en Bretagne seraient souhaitables », affirme le syndicat des cardiologues de l’Ouest. L’organisation propose plusieurs solutions : augmenter le nombre d’étudiants formés à la cardiologie, fournir local et matériel aux jeunes souhaitant ouvrir un cabinet ou encore rendre obligatoire un stage d’au moins six mois chez un cardiologue libéral dans les zones sous-dotées.

« On ne montre pas assez aux étudiants ce qu’est la cardiologie libérale, estime Luc Verlingue. Il faut soigner les gens là où ils sont : certains renonceront à consulter si on est absent des territoires. »

Source; https://www.ouest-france.fr/bretagne/un-syndicat-de-cardiologues-alerte-sur-linquietante-rarefaction-de-loffre-en-bretagne-4b3dc8a2-8ab4-11ee-b1b4-68cd37014792

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/un-syndicat-de-cardiologues-alerte-sur-linquietante-rarefaction-de-loffre-en-bretagne-of-fr-28-11-23/

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