Une expédition militaro-policière de l’Etat colonial à Mayotte (IO.fr-27/04/23)

A Mayotte, 10 000 personnes sont menacées d’expulsion. Le ministre Darmanin cherche à durcir le Code de la nationalité pour les habitants de l’île. Nous publions le communiqué du journal Travayé é péyizan de Guadeloupe.

Par Travayé é péyizan

Cela fait des mois que le ministre Darmanin veut modifier le Code de la nationalité à Mayotte, en durcissant les conditions d’acquisition de celle-ci pour les enfants nés à Mayotte. Et en conséquence faciliter leur expulsion. L’objectif est clair : chasser pas moins de 10 000 personnes de Mayotte et raser leurs habitations… les bidonvilles.

Pour mener à bien cette opération baptisée Wuambushu (« reprise » en mahorais), plusieurs centaines de policiers et gendarmes sont déjà mobilisés sur le terrain et les opérations ont commencé.

Le porte-parole du gouvernement Comorien, Houmed Msaidie, a déclaré ce vendredi 21 avril à l’AFP que « les Comores n’entendent pas accueillir des expulsés ».

D’ailleurs, Les Comores ne disposent pas de centre d’accueil pouvant prendre en charge toutes ces personnes. « Nous n’avons pas les moyens d’absorber cette violence fabriquée de Mayotte par l’Etat français »,  avait déclaré le gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsidine.

C’est donc une chasse aux Comoriens qui est lancée par l’Etat français, sous couvert de lutte contre la délinquance et « les bandes violentes ».

Pour bien comprendre cette situation, un retour historique s’impose. Mayotte est-elle française ?

C’est par un coup d’Etat perpétré au moment de l’accession à l’indépendance des Comores en 1975 que la France s’empare de Mayotte. Voici quelques extraits de la Contribution du Front démocratique des Comores dans un dossier sur « La réalité coloniale dans les départements et territoires “français” d’Outre-Mer »  paru en novembre 1987 dans un supplément de Tribune libre des Caraïbes no 16 : « Les Comores ont toujours été considérées dans l’Histoire comme formant un seul pays composé de quatre îles : La Grande Comore, Anjouan, Mayotte et Mohéli. Le 22 décembre 1974, les Comoriens ont été consultés par voie de référendum, pour savoir s’ils voulaient ou non obtenir leur indépendance. Ils ont répondu par le oui : plus de 95% des suffrages exprimés. Mais le gouvernement français de l’époque a pris prétexte du fait que dans une des îles (Mayotte), le non l’avait emporté, pour remettre en cause la volonté clairement exprimée par l’immense majorité de la population comorienne. En effet les gouvernements français et comorien avaient convenu par un accord signé en juin 1973 que dans le cadre du référendum d’autodétermination, on tiendrait compte du résultat global et non pas des résultats île par île… De nombreux Etats du monde et de nombreuses organisations internationales ont reconnu l’Etat comorien composé des quatre îles. Mais le gouvernement français fait la sourde oreille. »

Depuis ce coup d’Etat, la France est régulièrement condamnée par l’Onu à restituer Mayotte aux Comores.

C’est le sens de ses méfaits en Guadeloupe depuis 1635 marqué par les viols, les massacres, les pillages, l’esclavage, etc.

C’est le sens du braquage exercé contre la jeune République haïtienne en 1825, pour la dépouiller de plus de 100 millions de francs (22 milliards d’euros).

C’est le sens de l’envoi des troupes du GIGN et du Raid en Guadeloupe et Martinique pour casser les revendications des travailleurs et de ces peuples.

C’est le sens des décisions criminelles relatives au chlordécone ou aux essais nucléaires.

C’est le sens de ses manœuvres en Kanaky pour rendre les kanaks minoritaires sur leurs territoires.

La France est un Etat voyou, menteur, criminel, qui ne connaît que la brutalité. Comment peut-il en être autrement aujourd’hui à Mayotte ?

La justice fait suspendre l’opération « Wuambushu » Alors que le tribunal judiciaire a suspendu, le 24 avril,  l’évacuation du bidonville dans le cadre de l’opération « Wuambushu », le préfet de Mayotte a annoncé qu’il ferait appel de cette suspension. D’autre part, le gouvernement comorien a refusé de recevoir un quelconque navire qui transporterait des personnes expulsées.

Travayé é péyizan

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/04/27/une-expedition-militaro-policiere-de-letat-colonial-a-mayotte/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/une-expedition-militaro-policiere-de-letat-colonial-a-mayotte-io-fr-27-04-23/

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