Une grosse porcherie ou plusieurs petites : quel plus grand risque pour la nature ? ( LT.fr – 15/07/22 – 21h22 )

Qu’est-ce qui présente le plus de danger de pollution : une grosse porcherie ou plusieurs plus petites ? « Pas facile de répondre », selon un chercheur, « une grosse structure », selon un défenseur de
Qu’est-ce qui présente le plus de danger de pollution : une grosse porcherie ou plusieurs plus petites ? « Pas facile de répondre », selon un chercheur, « une grosse structure », selon un défenseur de l’environnement. (Le Télégramme/David Cormier)

Une porcherie de 10 000 animaux ou dix porcheries de mille : qu’est-ce qui risque le plus de nuire à l’environnement ? Nous avons interrogé (séparément) un chercheur de l’INRAE et le directeur d’Eau et Rivières de Bretagne. Ils ne sont pas d’accord.

Qu’est-ce qui risque le plus de nuire à l’environnement, à cheptel égal : une grosse porcherie ou plusieurs petites ? Pour Jean-Yves Dourmad, chercheur à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), à Rennes, « il n’y a pas de réponse très nette. Cela dépend surtout des pratiques : la façon dont l’élevage s’insère dans l’exploitation, la valorisation des déjections, leur charge par rapport à la surface d’épandage… Avec des exploitations de petite taille, il y a vingt ou trente ans, la situation était beaucoup moins bonne qu’aujourd’hui mais c’était dû aux pratiques de gestion des effluents de l’époque, pas à leur taille. La situation s’est bien améliorée depuis : les capacités de stockage des effluents, la mise en place des plans d’épandage, l’amélioration de la conception et la gestion des bâtiments, de l’alimentation des animaux moins riche en azotes et en phosphores ». Soit. Mais quand ça fuit, n’est-ce pas pire quand il s’agit d’une exploitation importante ?

L’investissement des grosses porcheries : à double tranchant

« Il y a eu des accidents, dans le Finistère, ces dernières années ! », rétorque Arnaud Clugery, directeur opérationnel de l’association Eau et Rivières de Bretagne. « Ceux constatés sur les grosses porcheries sont alors de dimension industrielle. Ce sont aussi elles qui investissent dans la méthanisation, ce qui ajoute un risque d’accident », dit-il. Une petite exploitation « peut plus facilement valoriser ses effluents à proximité de l’élevage », reprend Jean-Yves Dourmad. Une grosse « peut plus facilement investir dans des technologies comme la méthanisation ou pour mieux gérer les effluents, installer des laveurs d’air pour réduire les émissions d’ammoniac et d’odeur… Mais ensuite, il faut avoir assez de terres pour épandre, sur son exploitation ou celle des voisins. Ou bien exporter plus loin, ce qui implique des traitements spécifiques pour produire des composts ou des engrais organiques ».

« Parfois, les terres d’épandage se trouvent à des dizaines de kilomètres de l’exploitation », note, en effet, Arnaud Clugery. « Cela envoie de grosses machines sur les routes. Car les investissements des grosses structures s’accompagnent aussi du machinisme, avec des tracteurs de plus en plus gros et l’achat de terres à la mesure de l’exploitation. La destruction du bocage se poursuit, les sols se tassent, se dégradent, s’érodent… Et l’élevage crée des besoins en maïs et en céréales pour nourrir les animaux ». Mais là, cela dépend du cheptel total sur un territoire plus que de la taille des exploitations.

Engrais chimiques ou organiques ?

À ce sujet, Jean-Yves Dourmad nuance : « S’il n’y avait pas d’élevage, on ferait plus de céréales pour la consommation humaine, avec des engrais chimiques » plutôt qu’organiques. « Je ne suis pas sûr que ce serait mieux pour l’environnement. Si le lisier est bien géré, il devient une ressource que l’on vend aux céréaliers pour fertiliser les cultures, tandis qu’avant, on le considérait comme un déchet dont il fallait se débarrasser. Sur le plan environnemental, c’est intéressant, par rapport aux engrais chimiques, qui utilisent beaucoup de gaz et d’énergie. Il n’y a pas besoin de CO2 pour le produire, c’est de l’économie circulaire. Le contexte économique est d’ailleurs très favorable à cela, avec la forte hausse du prix de l’ammonitrate ».

Arnaud Clugery souligne que les militants écologistes ne demandent pas la suppression de l’élevage mais le soutien à des pratiques plus vertueuses, dont le laitier herbager. « On veut voir s’installer des paysans, pas des industriels et plus les exploitations seront grandes, plus il sera difficile de les transmettre, ou alors à des fonds de pension, éventuellement étrangers ».

Source : Une grosse porcherie ou plusieurs petites : quel plus grand risque pour la nature ? – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : David Cormier

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