Ce samedi 17 décembre 2022, près de 80 personnes ont manifesté en musique devant la préfecture du Morbihan, à Vannes, en soutien aux raveurs italiens qui risquent désormais de lourdes sanctions.
Enceintes poussées à fond. Il y a comme un air de free party sur la place du général de Gaulle à Vannes, ce samedi après-midi. On a rarement vu ça, un 17 décembre, devant la préfecture du Morbihan. Les amateurs de rave party ont décidé de faire entendre leur voix à coups de décibels. Ils manifestent dans toute la France pour défendre le mouvement techno, mais également soutenir leurs homologues italiens. Dans le collimateur de l’extrême droite, leurs organisateurs encourent désormais jusqu’à six ans de prison et 10 000 € d’amende.
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Les amendes pleuvent
De quoi refroidir les plus motivés. Ce sont des « lois clairement orientées dans le but de faire disparaître les free parties et plus largement d’éradiquer toute expérience d’auto-organisation et de socialisation […] Ces lois portent directement atteinte à une culture et une jeunesse encore une fois privée de sa liberté », a déclaré Florian Jouannic, l’un des organisateurs de cette manifestation.
Dans son discours, il n’a pas non plus épargné les autorités françaises. Contraventions en tous genres pour nuisances sonores, stationnement gênant ou encore mise en danger de la vie d’autrui… Il assure que les amendes pleuvent à chaque rave party. « On ne compte plus les saisies de matériel, les organisateurs inculpés et les associations surveillées et de plus en plus contrôlées. Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est pouvoir continuer à exister […] On veut danser pour protester. On veut montrer que les teufeurs ne sont pas simplement là pour troubler l’ordre public, mais qu’ils représentent l’espoir d’un peuple qui refuse de se soumettre. »
La pression des amendes
Julia, Isa et Anis sont venus de Lorient pour soutenir le mouvement techno. « On a toujours été la cible d’attaques. La pression des amendes à la sortie a empiré depuis quelques années. Même quand il y a eu une autorisation, on vient nous sanctionner. » Le trio, habitué depuis des années aux free parties, évoque aussi de nombreux a priori sur ce mouvement. « Dès qu’on parle de nous, c’est pour faire des bilans négatifs dans la presse sur le nombre de personnes droguées et alcoolisées. Les gens ont une mauvaise image des free parties », expliquent-elles.
En moins d’une heure, trois murs de son ont été montés par les organisateurs sur le petit parking. Les manifestants vont de l’un à l’autre. C’est le cas d’Emma. Cette Vannetaise est là « pour soutenir les free parties en Italie, mais aussi pour les copains » qui sont aux manettes de l’événement. Ça fait sept ans qu’elle participe à des rave parties. « J’aime l’ambiance, la musique. On n’y va pas en se disant chouette, c’est interdit. On aime ça car c’est en extérieur et on rencontre plein de gens. »
Elle aussi a souvent dû sortir le chéquier après la fête. Bien souvent pour nuisance sonore. « 135 € pour ça. On en a marre. On ne fait rien de mal. C’est juste de la musique. Aujourd’hui, ça se passe en Italie, mais pourquoi pas en France demain ? On est là pour montrer qu’on n’est pas dangereux. »
Mélanie BÉCOGNÉE