Variole du singe : pourquoi des vaccins périmés ont été injectés à Brest ( LT.fr – 9/08/22 – 17h40 )

L’utilisation d’un lot de vaccins Imvanex au-delà de leur date de péremption initiale a été autorisée par l’Agence française du médicament.
L’utilisation d’un lot de vaccins Imvanex au-delà de leur date de péremption initiale a été autorisée par l’Agence française du médicament. (AFP)

Des vaccins Imvanex contre le monkeypox, dont la date de péremption était dépassée de plusieurs années, ont été injectés à Brest. Mais les autorités sanitaires assurent qu’ils étaient encore utilisables.

« Je me suis fait vacciner avec un vaccin périmé ! » La semaine dernière, Jonathan (prénom modifié) a reçu sa première dose de vaccin contre la variole du singe au CHRU de Brest, l’un des trois lieux de vaccination contre le monkeypox dans le Finistère. « Mais l’étiquette collée sur mon carnet de santé indique que le vaccin Imvanex injecté était périmé depuis mars 2017. Un ami, qui s’est fait vacciner un jour avant moi et au même endroit, a lui aussi reçu un vaccin périmé depuis plusieurs années ».

L’étiquette collée sur le carnet de santé indique que le lot P00027 du vaccin Imvanex est périmé depuis mars 2017 à conservation -20° et -50°.
L’étiquette collée sur le carnet de santé indique que le lot P00027 du vaccin Imvanex est périmé depuis mars 2017 à conservation -20° et -50°. (DR)

Que s’est-il passé ? Contactées, les autorités sanitaires assurent que tout cela est normal et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter : l’utilisation de ce lot de vaccins Imvanex au-delà de sa date de péremption initiale a même été expressément autorisée par le ministère de la Santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Un lot dans les stocks de longue date

En France, deux vaccins antivarioliques, Imvanex et Jynneos, du laboratoire Bavarian Nordic, sont utilisés contre le monkeypox. Or, « Santé publique France (SPF) détient depuis plusieurs années un lot d’Imvanex fabriqué en mars 2015 », indique un document transmis par SPF aux pharmaciens hospitaliers, que Le Télégramme a pu consulter. Un lot dont la date de validité initiale arrivait à échéance en mars 2017. Son nom : lot P00027.

Comme pour tous les vaccins, le lot a été régulièrement contrôlé par l’ANSM. Qualité, activité, stabilité… Il y a quelques années, un test a démontré que « la conservation d’Imvanex à -50°» permettait de prolonger « de deux à cinq ans » la durée de validité de ces vaccins. La date de péremption du lot P00027 est alors repoussée une première fois à mars 2020.

Une efficacité qui perdure

En 2022, de nouveaux contrôles sont réalisés par l’ANSM. Ils ont lieu une quinzaine de jours avant le premier cas de monkeypox en France et en Europe. « Ils démontrent la stabilité du lot, permettant de l’utiliser jusqu’au 31 mars 2024 à ce stade et dans le contexte de tension d’approvisionnement sur cette spécialité », explique Santé publique France.

« Les contrôles ont permis de vérifier l’absence de dépôt, de bactérie ou de toxine, mais aussi, et surtout, le maintien du nombre de particules virales de leurs pouvoirs infectieux, ceci garantissant que l’activité du vaccin n’a pas varié entre 2018 et 2022 », précise la Direction générale de la Santé (DGS), qui parle d’une « parfaite conservation des doses ».

Voilà pourquoi, des doses de vaccin du lot P00027 ont pu être livrées et injectées à Brest. Est-ce que d’autres lieux de vaccination anti-monkeypox en Bretagne sont concernés ? Ni l’ARS, ni la DGS ne sont en mesure de nous le dire pour le moment.

Anciennes étiquettes sur les flacons

Les autorités indiquent toutefois que toutes les boîtes de vaccin du lot P00027 et concernées par la prolongation de validité « ont été réétiquetées avec la nouvelle date de péremption, le 31 mars 2024 ». Mais il se peut que les 20 flacons contenus dans chaque boîte n’aient pas bénéficié de pareil étiquetage. « Malgré les consignes, il est possible que les anciennes étiquettes aient pu servir de justificatif sur le carnet de santé, induisant une anxiété chez les personnes vaccinées, mais sans conséquence sur leur santé, ni sur la qualité du vaccin », reconnaît la DGS. C’est ce qu’il s’est passé à Brest.

En France, un deuxième lot, le FDP00007, qui devait être initialement périmé en septembre 2022, a lui aussi été prorogé par l’ANSM début mai.

Ce n’est en tout cas pas la première fois que la campagne de vaccination anti-monkeypox fait parler d’elle : elle reste émaillée de difficultés pour obtenir un rendez-vous et de doses disponibles qui semblent insuffisantes. Au nom du secret-défense, le ministère de la Santé refuse toujours d’indiquer l’état de ses stocks de vaccins. Plus récemment, 450 Parisiens ont appris qu’ils allaient devoir refaire leur première injection de vaccin anti-monkeypox après une rupture de la chaîne du froid dans le grand centre de vaccination parisien Edison.

Source : Variole du singe : pourquoi des vaccins périmés ont été injectés à Brest – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Nicolas Arzur

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