Violence, drogue, surpopulation… Les surveillants de la maison d’arrêt de Brest à bout de souffle (OF.fr-11/04/24)

Face notamment à un nombre de détenus jamais atteint à la maison d’arrêt de Brest, les suveillants pénitentiaires sont à bout de souffle..
Face notamment à un nombre de détenus jamais atteint à la maison d’arrêt de Brest, les suveillants pénitentiaires sont à bout de souffle.. | OUEST-FRANCE ARCHIVE

Les surveillants de la maison d’arrêt de Brest (Finistère), sont épuisés. Entre la population carcérale qui s’approche dangereusement des 500 détenus, le trafic de drogue et la violence, ils racontent leur quotidien.

Par Chloé CROCHU.

« Honnêtement ce qui nous fait tenir c’est l’esprit d’équipe », confie un surveillant pénitentiaire de l’Hermitage, la maison d’arrêt de Brest (Finistère). Depuis quelques mois, l’Hermitage fait face à un nombre de détenus jamais atteint. « On compte 485 détenus pour 254 places, soit un taux d’occupation de 198 %. Nous avons donc 89 matelas au sol », reprend Nicolas Parra, surveillant et adjoint régional FO justice. Les agents pénitentiaires sont épuisés.

Une violence croissante

Alors que leur mission est de garder, garantir la sécurité et permettre la réinsertion, ils ne font « que de la garde », déplore Jean-Yves, surveillant gradé. Chaque jour, ils font face à la violence des prisonniers et ils l’assurent, c’est de pire en pire. « On a malheureusement l’habitude des insultes. Désormais, ils prennent l’habitude de coller leur tête à la nôtre. Ils veulent nous intimider, avoue l’un des surveillants. Avant on rédigeait un rapport pour chaque violence constatée, aujourd’hui on a laissé tomber. »

Troubles psychiatriques

Parmi les 485 détenus à « garder », un certain nombre d’entre eux souffre de troubles psychiatriques. « Ils accaparent notre attention. » Pourtant, les gardiens ont une soixantaine de détenus sous leur responsabilité. « Ils n’osent plus venir nous voir. Nous passons donc à côté de ceux qui auraient besoin de changer de cellule. » Lorsque ces surveillants ont commencé le métier, il y a vingt ans, ils avaient 40 détenus sous leur responsabilité.

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Des savonnettes avec le logo des dealers

En plus de surveiller les détenus, ils doivent également garder un œil sur le trafic de stupéfiants qui enfle entre les murs. « Plus il y a de détenus, plus il y a de clients potentiels, et ça, les dealers l’ont très vite compris. » La drogue se revendrait trois fois plus cher qu’à l’extérieur. « C’est un vrai fléau. Certains n’ont jamais rien consommé et ils ressortent accro », déplore l’un des surveillants.

Chaque semaine, les agents récupéreraient « entre deux et trois kilos de stupéfiants. Certaines savonnettes portent même le logo de certains dealers. Le trafic est aussi bien organisé qu’à l’extérieur. » La drogue est projetée aux dessus des murs de la prison, et ce en continu. Il y a quelques mois, un couteau avait même été retrouvé. « Cela fait des années que nous réclamons l’installation d’un filet pour limiter ces projections », déplore le représentant syndical.

Un centre pénitentiaire en Finistère ?

Face à ces conditions de travail qui se dégradent, au climat anxiogène qui se met en place et à la population carcérale qui ne cesse d’augmenter, les surveillants avancent une solution : la création d’un centre pénitentiaire. Ce centre peut regrouper une maison d’arrêt, un centre de détention et/ou une maison centrale. Une maison d’arrêt accueille les personnes en détention provisoire ou les peines inférieures à deux ans. Les centres de détention regroupent les détenus prêts à se réinsérer. Les maisons centrales abritent les longues peines. « En Finistère, il n’y en a aucune. Tout arrive à Brest. Si un centre pénitentiaire voyait le jour, cela permettrait de désengorger l’Hermitage », avance Nicolas Parra.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/violence-drogue-surpopulation-les-surveillants-de-la-maison-darret-de-brest-a-bout-de-souffle-3dd237ea-f740-11ee-b61a-805a85d39d9d

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