La présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale a affirmé que le décès de Dorian Damelincourt, lors d’une intervention lundi 3 juillet, était lié «aux émeutes» et à leurs «conséquences». Les pompiers de Paris ont pourtant indiqué ne faire à ce stade «aucun lien» entre ce décès et les violences urbaines.
«Dimanche soir, un homme de 24 ans est mort. Mort en service pour nous protéger des émeutes et de [leurs] conséquences. Il s’appelait Dorian Damelincourt.» Ce mardi 4 juillet, lors des questions au gouvernement, la députée Aurore Bergé a pris la parole pour évoquer ce sapeur-pompier de 24 ans, décédé alors qu’il luttait contre un feu qui s’était déclaré sur plusieurs véhicules dans un parking souterrain à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Et en établissant donc un lien direct entre sa mort et «les émeutes» consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier le 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Face aux protestations sur les bancs de l’Assemblée, la présidente du groupe des députés Renaissance lance ensuite : «C’est tout sauf hors sujet», estimant que les forces de l’ordre «méritent notre soutien pour leur action».
Problème : comme CheckNews l’expliquait dès lundi en fin de matinée, rien ne permet de relier, à ce stade, la mort de Dorian Damelincourt aux violences urbaines. Joints par CheckNews ce mardi, les pompiers de Paris confirment à nouveau : «Nous n’établissons aucun lien entre cet incendie dans ce parking souterrain, comme nous en traitons des dizaines par an, et les événements de ces derniers jours. Il ne faut pas confondre concomitance et causalité.» Et d’ajouter que les propos d’Aurore Bergé «n’engagent qu’elle».
La veille, les pompiers de Paris nous avaient déjà expliqué que la scène s’était «passée dans un quartier calme, rue du Landy, où il n’y avait pas de problème de violences au moment où nous sommes intervenus.» Contacté, le cabinet de Gérald Darmanin indiquait également, lundi, qu’il fallait «être très prudent» sur la corrélation potentielle entre cet événement et les violences de ces derniers jours, car «l’enquête est en cours».
Le lien avait initialement été établi dans une alerte, publiée par l’AFP, lundi matin : «Emeutes : un pompier de 24 ans décédé à Saint-Denis en luttant contre des incendies de véhicules (Darmanin).» L’agence a depuis publié plusieurs correctifs pour préciser qu’aucun lien formel n’était établi à ce stade. Contactée par CheckNews, la journaliste qui avait rédigé les dépêches pour l’AFP avait reconnu s’être trompée dans ses premières formulations : «J’ai fait une erreur. Parce qu’on baigne dans les violences depuis près d’une semaine. Je suis juste humaine et faillible.»
Contactée par CheckNews, l’équipe d’Aurore Bergé indique que le souhait de la députée était uniquement de «rendre hommage à tous les pompiers de France» et précise ne pas disposer d’informations selon lesquelles le décès de Dorian Damelincourt serait lié aux violences urbaines.
URL de cet article : Violences urbaines : quand Aurore Bergé instrumentalise la mort d’un sapeur-pompier de 24 ans. (Libération – 04/07/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)