
S’il n’accueille plus de vols commerciaux depuis quelques mois, l’aéroport de Quimper, à Pluguffan (29), s’est trouvé de nouveaux voyageurs. Dans la nuit de vendredi à samedi, plus de 8 000 personnes ont posé leurs bagages sur la piste principale dans le cadre d’une rave party qui pourrait durer jusqu’à lundi soir.
Par Benjamin PONTIS.
« Ohlalala, ça fait au moins six mois que je suis au courant », raconte un festivalier qui, pour des raisons que l’on peut aisément comprendre, souhaite conserver l’anonymat.
« Je ne t’en dirai pas plus. Mais, ouais, c’est vachement bien organisé. Regarde, fais coucou », complète-t-il, pointant du doigt un drone dans le ciel appartenant aux organisateurs de la rave party en cours sur les pistes de l’aéroport de Quimper-Bretagne, à Pluguffan.
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« On avait eu vent du fait qu’un rassemblement de ce type devait avoir lieu mais on ne savait pas où et quand », confie Alain Espinasse, le préfet du Finistère, rappelant qu’il avait ainsi pris, dès le 27 mars, un arrêté préfectoral d’interdiction de ce type de manifestations. Un arrêté qui n’a manifestement pas été respecté. Dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 mars, un flot inhabituel de véhicules a débarqué dans le secteur.
Plus de 2 000 voitures
« Hier soir, on a contrôlé plusieurs véhicules qui convergeaient dans le secteur », confirme le préfet. Des contrôles qui avaient notamment permis la saisie de « 65 m³ de matériel type sound system » ainsi qu’un groupe électrogène de grande capacité. Mais cela n’a bien entendu pas empêcher le rassemblement de se tenir. Et, aux alentours de 4 h, il était trop tard. « Je tiens à préciser qu’ils sont entrés par effraction sur une propriété privée », souligne le préfet du Finistère, évoquant des barrières cassées et de vives tensions avec des effectifs de la gendarmerie à l’entrée du site.
Selon la préfecture du Finistère, samedi, il y avait plus de 2 000 véhicules, 8 000 teufeurs et entre dix et douze murs de son sur la piste principale de l’aéroport.
Jusqu’à lundi soir ?
« Et ça continue d’arriver », rapporte un gendarme mobilisé sur zone. Des festivaliers de tous âges venant d’un peu partout. « Il y a des gens de Bordeaux, des Alpes-Maritimes et même de Suisse et de Belgique », note un autre militaire. Selon certaines sources au sein de la rave party, il pourrait même y avoir jusqu’à 10 000 festivaliers attendus tout au long de ce week-end prolongé. Oui, la rave party sur l’aéroport de Quimper pourrait bien s’éterniser jusqu’à lundi soir. Selon les autorités, aucune opération d’évacuation de la zone n’est prévue pour des raisons de sécurité.
« Si ce n’est qu’un week-end, ça va encore », sourit une femme habitant un lotissement situé à proximité. Comme elle, ils sont nombreux à être venus contempler cette drôle de scène sur l’aéroport où camions, tentes et festivaliers ont soudainement fleuri sur le tarmac. « C’est impressionnant », ajoute-t-elle. « On entend boum boum à la maison. Au départ, ce matin, ça m’a énervé. Mais bon, faut bien que jeunesse se passe. Ils ne font de mal à personne. Mais il ne faudrait pas que ce soit comme ça tous les week-ends », ajoute une autre riveraine.
Des contrôles en hausse et des renforts
Non loin de là, un homme n’arrive pas à cacher son agacement, faisant les cent pas devant les grilles de l’aéroport. « Je ne peux pas entrer. On m’interdit l’accès mais on laisse des milliers de jeunes boire et fumer sur la piste », déplore-t-il. S’il n’y a plus de vols commerciaux et que l’aéroport n’accueille plus de passagers depuis novembre 2023, ce propriétaire d’un ULM, installé dans un hangar, est très inquiet de cette situation. « Là, ils sont en plein milieu. Mais dès qu’il va pleuvoir et quand ils seront bien attaqués, ils vont vouloir débarquer dans les hangars et dans le hall », déplore-t-il.
Mais les forces de l’ordre se veulent rassurantes, soulignant que les zones à risque, notamment au niveau du réservoir de kérosène, sont sous haute surveillance. Des renforts mobiles étaient également attendus en soirée. « On va monter en puissance sur toute la durée de l’évènement », promet Alain Espinasse, soulignant que des opérations de police et de gendarmerie allaient être menées et accentuées tout le long du week-end à l’échelle régionale afin d’éviter l’arrivée de nouveaux festivaliers sur zone. Samedi soir, aucun incident majeur n’était déplorer par les autorités, si ce n’est six personnes évacuées pour raisons de santé et deux consommateurs de stupéfiants interpellés.
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