À Montpellier, les « RER métropolitains » sur de bons rails (H.fr-27/05/24)

L’aire urbaine montpelliéraine gagne 11 000 habitants chaque année, de quoi prévoir une hausse de 20 % du trafic routier, en l’absence de solution alternative. © Daniel MIELNICZEK/REA

De la route au rail, la métropole héraultaise met un coup d’accélérateur au développement des alternatives à la voiture, en faveur notamment des zones rurales et périurbaines. Un projet d’envergure pour répondre au projet national de services express régionaux métropolitains.

Par Naïm SAKHI.

Montpellier (Hérault), envoyé spécial.

C’était une promesse élyséenne. « Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu’on se dote d’une grande ambition nationale : développer un réseau de RER, un réseau de trains urbains dans dix métropoles ! » clamait Emmanuel Macron le 27 novembre 2022. Un projet de loi plus tard, promulgué fin 2023, le big bang promis par le chef de l’État précise ses contours.

Exit le seul rail, le terme « RER » pouvant induire en erreur. Les treize métropoles retenues d’ici à la fin de l’année 2023 devront bâtir des projets de services express régionaux métropolitains (Serm) alliant différents modes de transport. En Occitanie, la métropole de Montpellier (Hérault) affine les cartes de ses futures lignes, tandis que les autres métropoles candidates devront se faire connaître fin juin.

Expansion démographique de la métropole

L’enjeu est pressant : dynamique, l’aire urbaine montpelliéraine gagne 11 000 habitants chaque année. De quoi prévoir une hausse de 20 % du trafic routier, en l’absence de solution alternative. « À Montpellier, des habitants travaillent au CHU de Nîmes et vont à la feria le week-end », mesure Michaël Delafosse (PS), président de la métropole, à la tête d’un projet regroupant neuf intercommunalités et cinq autorités organisatrices de la mobilité du territoire. Ces acteurs se sont retrouvés jeudi 23 mars à l’occasion des Rencontres de la mobilité.

L’objectif ? Répondre au cahier des charges de la labellisation Serm, qui prévoit une mise en œuvre des projets dans un groupement d’intérêt public. « Nous ne voulons pas renforcer la métropolisation, mais bien desservir l’ensemble des territoires, assure Jean-Luc Gibelin, vice-président PCF aux transports de la région Occitanie. Ce projet est singulier à l’échelle nationale, ce Serm est le seul à rassembler des villes de 50 000, 150 000 ou 500 000 habitants, tout en desservant la ruralité. »

Côté rail, le projet Serm héraultais mise sur la désaturation de l’axe littoral Nîmes-Montpellier-Sète, avec la livraison d’une ligne à grande vitesse entre Montpellier et Béziers à l’horizon 2034. La région d’Occitanie prévoit ainsi une augmentation de 24 % de l’offre de trains du quotidien sur l’axe existant, avec un train toutes les dix minutes en heures de pointe et une amplitude horaire comprise entre 5 heures du matin et 23 heures.

« Dans le nord de l’Hérault, sur les hauts cantons, l’offre de transports alternatifs à l’automobile reste à produire. Il existe une détresse dans ces zones rurales et périurbaines. Le risque de retour des gilets jaunes doit être appréhendé », insiste Michaël Delafosse. Le dossier prévoit ainsi de nouvelles lignes de car et de bus à haut niveau de service dans un rayon de 30 kilomètres autour de la capitale héraultaise.

Cette offre, roulant avec du matériel propre, prévoit une fréquence de 10 à 15 minutes aux heures de pointe, accessible de 6 heures du matin à 22 heures. Avec pour objectif de faciliter la circulation de ces lignes sur les grands axes routiers, et la promesse de temps de parcours réduits.

Vers un titre de transport unique

« Nous assumons ce partage de la voirie. Ceux qui prennent le bus doivent être favorisés par rapport à ceux qui pratiquent l’autosolisme », glisse le président de la métropole. L’enjeu est de taille : selon un sondage Ifop dévoilé pour l’occasion, le temps moyen consacré aux trajets quotidiens est de 49 minutes dans l’Hérault ; 75 % des interrogés déclarent utiliser la voiture individuelle comme principal mode de transport du quotidien à Montpellier et dans ses environs ; 24 % motivent ce choix en raison des temps de trajet, devant le coût (18 %).

Pour Jean-Luc Gibelin, « l’intermodalité sera un axe fort de ce projet ». Le projet de Serm sera connecté aux réseaux urbains existants à Nîmes, Sète, Lunel et Montpellier. Dans cette dernière, avec la mise en place de la gratuité totale des transports pour les habitants fin 2023, la fréquentation des bus et tramways était en hausse de 23,4 % au premier trimestre 2024. L’instauration d’un titre unique de transport sur smartphone est une piste avancée dans le cadre de ce futur Serm.

Au total, près de 30 projets sont sur les rails dans l’Hexagone. L’État devrait mobiliser 800 millions d’euros pour soutenir les projets labellisés. Surtout, les métropoles retenues pourront s’appuyer sur la Société des grands projets (SGP), déjà à l’œuvre sur les chantiers du Grand Paris Express. L’obtention du statut Serm pourra se faire à partir de la fin d’année 2024, par arrêté du ministre des Transports, après une conférence de financement prévue d’ici à la fin de l’été.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/gratuite-des-transports/a-montpellier-les-rer-metropolitains-sur-de-bons-rails

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