Le syndicat a planté ses stands, le 27 mai, quai André-Citroën, à Paris, pour dénoncer le flou persistant autour des conditions de travail des salariés du privé et de certains fonctionnaires pendant les Jeux olympiques. Sa délégation reçue par la direction générale du travail a exigé une égalité de traitement pour tous.
Par Hayet KECHIT.
Banderoles rouges, stands, sono, remise de médailles et fumigènes… Dressé sur le long rectangle de verdure du quai André-Citroën (15e arrondissement de Paris), le « village revendicatif » de la CGT a rompu, lundi 27 mai, le morne silence entourant l’immeuble de la direction générale du travail (DGT).
À 10 h 30, des acclamations accueillent la vingtaine de coureurs qui, par petites foulées, viennent de traverser le pont de Grenelle à proximité, flamme revendicative olympique brandie à bout de bras, pour rejoindre la centaine de manifestants, au son du Chant des partisans, version Zebda.
Une heure avant, lors du rendez-vous à la DGT d’une délégation réunissant la fédération du commerce et des services, ainsi que celle de la fonction publique, le message de la CGT est clair : « Si la flamme des JO brûle le Code du travail, on promet l’incendie social ! »
Douze heures de travail en plus par semaine
Le sort réservé aux agents de sécurité, et aux salariés du commerce, lors de ces jeux Olympiques et Paralympiques cristallise la colère des militants. Plus d’un mois après une manifestation d’ampleur au cœur de Paris, à l’appel de la CGT du commerce et des services, le flou continue de dominer sur les conditions de travail de ces employés appelés à être corvéables à merci, du 26 juillet au 11 août, puis du 28 août au 8 septembre. Sans aucune compensation en vue.
« Pendant le Covid, on était des héros, avec les JO, nous sommes devenus des zéros. »
« En tant qu’agents de sécurité, nous serons en première ligne, exposés notamment aux risques d’attentats. Nous réclamons des primes en contrepartie d’énormes sacrifices », assène Djamel Benotmane, secrétaire général de la CGT des agents de la sécurité. Et le représentant syndical de pointer le passage de la semaine de travail de 48 à 60 heures, ainsi que la réduction, imposée par décret, du temps de répit entre deux vacations, qui passe de onze heures à neuf heures. « Pendant le Covid, on était des héros, avec les JO, nous sommes devenus des zéros », s’indigne le syndicaliste.
Un constat partagé par son collègue, Roland Gauthier, salarié de Securitas. Pour le militant de 62 ans, nulle surprise de voir l’État aux abois pour embaucher de nouvelles recrues, vu les conditions de travail déplorables imposées à des salariés majoritairement payés au Smic, dont la rémunération stagne depuis plusieurs années.
Côté fonction publique, si des compensations ont pu être obtenues en mars dernier, – notamment des primes allant de 500 à 1 500 euros –, le compte n’y est toujours pas selon Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, qui revendique « une égalité de traitement » entre tous les agents du public mais aussi avec les salariés du privé. Elle dénonce par ailleurs l’absence de garanties, sur les compensations financières, les modes de garde pour les enfants, pesant encore sur certains fonctionnaires, notamment ceux des hôpitaux ou du ministère de la Justice.
« On nous a fait comprendre qu’il y aurait une augmentation des besoins d’accueil de mineurs auteurs d’infractions. Nous serons donc aussi concernés par un surcroît de travail sans aucun moyen supplémentaire », souligne ainsi Ali Zinelabidine, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse, qui déplore par ailleurs l’absence de volonté de l’État d’associer les jeunes en difficulté à cet événement : « On a l’impression qu’on invite des gens à une fête mais qu’on n’est pas les bienvenus à table », ironise-t-il.
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