Jamais Brest n’avait connu pareille union : le 11 janvier 2015, 65 000 personnes se réunissaient en hommage aux victimes des attentats commis notamment à Charlie Hebdo.
Par Patrice Le NEN.
« Ils ont essayé de nous enterrer. Ils ne savaient pas que nous étions des graines ». Ce proverbe issu de militants mexicains au XIXe siècle pourrait illustrer la réaction nationale qui a fait suite à l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Un soutien illustré par trois mots érigés en slogan contre l’obscurantisme : « Je suis Charlie ». C’était il y a dix ans. Les frères Chérif et Saïd Kouachi assassinaient douze personnes à Paris, dont huit membres de la rédaction du journal satirique, déjà menacé après avoir publié des caricatures du prophète Mahomet.
À Brest comme partout en France, quatre jours après ce drame au retentissement mondial, un appel est lancé à se rassembler pour des « marches républicaines ». La foule sera au rendez-vous : 65 000 personnes au bas mot se réunissent, de la place de la Liberté jusqu’au bas de la rue de Siam. Du jamais-vu, même aux grandes heures de Mai-68 ou des manifestations du mouvement « Brest debout », au mitan des années 90 : plusieurs rassemblements pour dénoncer un plan de licenciement à l’arsenal avaient alors réuni 10 000, 15 000 et jusqu’à 25 000 personnes dans les rues brestoises.
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Ce 11 janvier 2015, dans les frimas d’un début d’année que nul n’imaginait aussi sordide, le drame du Bataclan onze mois plus tard est pour l’heure inimaginable, la minute de silence est respectée comme rarement. Dans l’assourdissant silence, d’aucuns mesurent la force résiliente d’un peuple uni dans une même tristesse. Toutes générations, toutes origines, toutes croyances sont ensemble dans un respect qui se mesure à l’aune de l’événement. Des pancartes « Je suis Charlie » en lettres blanches sur fond noir se lèvent, d’autres brandissent un crayon, symbole de cette liberté d’expression attaquée, terrorisée.
La mosquée fleurie
Pied de nez aux terroristes, certains déposeront ce jour-là des fleurs devant la mosquée brestoise, située alors rue Victor-Pengam.
Plus de 3 600 jours ont passé depuis l’indicible. Charlie Hebdo, lui, poursuit son travail satirique, que son humour acerbe plaise ou non. C’est aussi pour ça que quatre millions de personnes, dont 400 000 en Bretagne, avaient communié : pour la liberté de se moquer, pour la laïcité, pour la liberté. C’était il y a une décennie, c’était hier.
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