« Je veux informer les marins qu’ils ont été exposés à l’amiante » : l’ex-commissaire en chef alerte (OF.fr-6/01/25)

Michel Diebold, ex-commissaire en chef de la Marine nationale, se bat pour que cette dernière reconnaisse la maladie professionnelle due à l’amiante chez les marins embarqués. | OUEST-FRANCE

À 75 ans, Michel Diebold, commissaire en chef de la Marine nationale à la retraite installé à Plouguin (Finistère), se bat pour faire connaître la gravité de l’exposition à l’amiante sur les navires de la Marine nationale. Il a été opéré d’un cancer du poumon, reconnu imputable au service, par le service des pensions.

Par Aude KERDRAON.

« Tous les marins embarqués sur les navires construits avant 1996 ont respiré des poussières d’amiante », affirme Michel Diebold, commissaire en chef à la retraite de la Marine. Installé à Plouguin (Finistère), il alerte sur « la désinformation voulue par l’État concernant les dangers encourus par les marins, dans le but de minimiser les indemnités qui seraient dues à des dizaines de milliers de victimes ».

Lire aussi : Amiante : l’État devra bien indemniser des militaires de la Marine nationale pour préjudice d’anxiété

Ancien contrôleur de gestion chevronné, il estime avoir mis le doigt sur quelque chose de grave. « En cherchant sur internet, je suis tombé sur l’étude de 2018 (co-présentée par le CHRU de Brest et le HIA Clermont-Tonnerre) L’Amiante dans la Marine nationale : matrice emploi-exposition », ce qui le pousse à écrire, le 4 novembre 2023, au chef d’État-major.

« Je lui demande d’informer tous les marins concernés, qu’ils ont été exposés aux poussières d’amiante et de leur recommander de prendre contact avec leur médecin. Sans réponse, début janvier, j’écris à la Première ministre, copie au Président de la République et au ministre des Armées. »

Alerter pour soigner

Pour le suivi médical post-professionnel, « l’attestation d’exposition est délivrée sur la base d’une fiche d’exposition, lorsque le marin réalise des travaux sur des matériaux amianté, fait savoir l’officier de communication régionale, porte-parole du préfet maritime de l’Atlantique. À défaut d’attestation, chaque marin ou ancien marin, en faisant la demande, peut se voir délivrer une attestation après une enquête administrative. Toute maladie contractée en service est susceptible d’ouvrir droit à pension militaire d’invalidité. »

Comme chacun sait, l’emploi de l’amiante s’est fait massivement dans de nombreux secteurs, dont celui de la construction navale. Ce matériaux a été longtemps considéré comme un isolant efficace et bon marché.

« L’évolution des connaissances scientifiques a conduit à une interdiction de son usage, complète l’officier. Les navires ont tous fait l’objet d’une cartographie par des experts accrédités et indépendants. En cas de doute, des mesures d’empoussièrement peuvent être réalisées dans les locaux concernés et des travaux de désamiantage ordonnés à titre préventif. La Marine tient à jour et archive l’ensemble des dossiers techniques du diagnostic amiante des bâtiments de la flotte, et veille au strict respect des dispositions prévues par le Code de la santé publique. »

« Le parcours du combattant »

Certes, l’utilisation de l’amiante a été interdite en 1996 et la Marine a respecté cette réglementation. « Fin 2002, l’État-major a pris la décision de remettre une attestation d’exposition à l’amiante aux marins, deux mois avant le départ. Mais elle n’a été appliquée que quelques mois. Pour ceux qui sont malades de l’amiante, et ont la “chance” de le savoir, commence le parcours du combattant. Faut savoir que vingt à quarante ans peuvent s’écouler entre la période d’exposition et le déclenchement de la maladie, s’inquiète Michel Diebold. Le médecin doit être informé par son patient pour qu’il puisse prescrire les examens médicaux adaptés des années après l’exposition. »

Or, aujourd’hui, il faut que les marins « apportent la preuve de leur exposition, ce qui est quasi-impossible ! Mais il faut savoir que  le Conseil d’État, dans un arrêt de principe, a reconnu que les marins embarqués sur les navires construits avant 1996 avaient été exposés à l’amiante. Elle dispense d’avoir à prouver son exposition à l’amiante et s’impose aux services de l’État, qui ne l’appliquent que contraints et forcés. »

Sur recours de Michel Diebold, le président de la commission d’accès aux documents administratifs a donné un avis favorable à leur communication. « L’État-major n’a pas donné suite. J’ai donc déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris. »

°°°

Source: https://www.ouest-france.fr/sante/affaires/amiante/je-veux-informer-les-marins-quils-ont-ete-exposes-a-lamiante-lex-commissaire-en-chef-alerte-40438b60-a8d3-11ef-8248-4f6efd927e57

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/je-veux-informer-les-marins-quils-ont-ete-exposes-a-lamiante-lex-commissaire-en-chef-alerte-of-fr-6-01-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *